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Le premier journal des Comores

Kweli d’Ibaa / Un album contre les maux de la vie

Kweli d’Ibaa / Un album contre les maux de la vie

Culture | -   Dayar Salim Darkaoui

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Jusque là, quelques apparitions dans les fêtes de la musique (dont il est, depuis 2011, l’organisateur) à la plage d’Itsandra, et «deux ou trois concerts» à l’Alliance et c’est à peu près tout. Désormais, le premier album de Ibrahim Ben Ahmed Ali, plus connu sous le nom de Claude, Kweli, est disponible.

«Presque tout le monde dans l’orchestre était de la famille. Du chanteur au claviste, jusqu’au bassiste. J’ai grandi dans un feeling de musique». S’il affirme avoir, dès son plus jeune âge, nagé dans la musique – dans l’ombre de l’orchestre de twarabu Sankule musique Comores (Samuco) d’Itsandra mdjini – Ibrahim Ben Ahmed Ali, plus connu sous le nom de Claude, n’a jamais, eu jusqu’ici, l’opportunité de sortir un projet personnel. Quelques apparitions dans les fêtes de la musique (dont il est, depuis 2011, l’organisateur) à la plage d’Itsandra, et puis «deux ou trois concerts» à l’Alliance… C’est à peu près tout.
Kweli (“Vérité”), son premier album, est désormais disponible, avec le concours du Service de coopération et d’action culturelle (Scac) de l’ambassade de France aux Comores, du Studio Océan de Bandamadji, de l’Alliance française de Moroni, du studio Miou Sonor d’Antananarivo (où a été enregistré l’album), entre autres. «Sans oublier l’apport estimable de Kassim dans la production musicale».
La pochette, aux multiples couleurs, laisse déjà entrevoir l’orientation donnée à cet album censé exprimer «les diverses influences musicales» de l’artiste. Du folk, surtout, avec Bob Dylan et Ben Happer. Du reggae, blues et jazz. De la musique malienne, celle notamment d’Ali Falka Touré. «J’ai réussi à créer, à travers toutes ces influnces, quelque chose qui m’identifie. Il y a toujours un feeling personnel qui fait la différence», indique cet enseignant de Français langue étrangère (Fle) à l’Alliance française de Moroni.

Je ne me considère
pas “engagé”

L’artiste ne cherche pas loin s’agissant des thématiques de ses chansons. Karidji ritsahawo, Ngasi madhwamana ou encore Rinasiha. «Je chante ce que je vis», dit-il dénonçant certaines pratiques de la société comorienne. «D’aucuns me qualifient d’artiste engagé. Mais je ne me considère pas comme tel. Si l’album est ainsi, c’est parce que je ne fais que restituer ce que je vis», laisse-t-il entendre. Kweli se présente comme un puzzle où, assemblés, les morceaux livrent un tableau voulu «véridique» de la société. «Il ne s’agit pas de fiction. Je chante tout haut ce que tout le monde dit tout bas».
Dans Nyimpandoni, Ibaa n’hésite donc pas à s’attaquer à la “politique de la place publique”. «Ankili zahawo ndo nyimpandoni. Wendese yentsi honyimpandoni. Wustaanrabu wahawo ndonyimpandoni. Wendese yentsi ho nyimpandoni», fustige-t-il. Et dans ça va à la comorienne, il ironise sur cette “propension du citoyen comorien à tout accepter” : «Yinu ndeyentsi ko bayishe ngowufo, sava. Yinu ndeyentsi bayishe ngawe hidzani, sava. Yinu ndeyentsi bayishe hudhulumiwa sava». Un temps, la musique s’arrête : «Ndjaparo ziwona». Révolution (le septième morceau) voilà ce qu’il faut. «Tsiyo yihisa yirinanga […]. Namyibuliye yipvire. Ba ngiyona zindji zohamba. Namyibuliye yipvire. Ba ngiyona zindji zorenda».


Seule une chanson sort de cette mêlée où les Comores sont enfermées dans cette «pauvre Afrique» dont l’image, malgré les richesses et les traditions, n’est associée qu’à la guerre, la famine, aux maladies contagieuses, aux génocides, aux coups d’Etats, à la corruption, à l’injustice, aux clandestins et refugiés (morceau Afrika). Cette chanson, c’est Mwezi, «l’histoire d’une mystérieuse femme qui apparait et disparait aussitôt», «l’attachement d’un artiste à la nature» mais, également, «le témoignage que dans la vie tout n’est pas que sombre», explique-t-il.
Comme une lueur d’espoir, dans la noirceur.


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