Entrepreneurs, artistes et artisans se plaignent de n’avoir pas été invités dans la délégation comorienne à cet évènement international et soutiennent que “comme vous, ils ont le droit d’aller représenter le pays avec le financement du contribuable comorien. Qu’en dites-vous?
Une question pertinente. Un groupe Wastapp est ouvert par la présidente de la nouvelle Opaco et dont font partie des artistes. Ils étaient informés et impliqués pour qu’ils puissent participer au Bazar mais je ne sais pas pour quelle raison ils se sont retirés. Ces mêmes artistes nous ont vendu des produits pour l’expo permanente, puisque chaque pays est tenu d’acheter des produits pour le pavillon de six mois. Ils devaient venir pour des activités en atelier, des formulaires ont été distribués, le groupe est encore actif, ces artistes savent qu’ils devront envoyer des produits à Dubaï. C’est donc une polémique qui n’a pas lieu d’être.
On parle, également, de produits qui n’auraient pas respecté les normes et qui auraient été interdits d’entrer à Dubaï…
… Je ne sais si je dois répondre car en le faisant je risque de me mettre au même pied d’égalité que la personne qui a écrit cela. Je n’entre pas dans des polémiques.
Il y’a des conditions exigées par le pays hôte, il ne s’agit pas de Sitti Djaouharia ou Rahamatou Goulam. Il y’a des conditions à respecter surtout pour ce qui est des produits cosmétiques. Vous ne pouvez pas envoyer des produits qui ne répondent pas aux garanties phytosanitaires exigées. On a hérité d’une liste où tous les produits ont été marqués bio. Mais le défaut de certification a constitué un frein pour certaines entreprises.
Toutefois, comme le gouvernement tient à ce qu’il y ait un maximum d’opérateurs, la cheffe de projet Mme Yasmina et moi-même, avons eu plusieurs rencontres notamment avec la Fidef pour qu’elle puisse justement appuyer les opérateurs qui n’ont pas pu envoyer leurs produits pour ces raisons. Ils vont être appuyés pour avoir les produits qui répondent aux normes requises. Grâce à l’effort du Commissariat, nous avons réussi à négocier auprés de l’Expo Dubaï pour qu’au moins, les personnes qui souhaiteraient prendre part au Bazar y soient chaque fois que leurs produits seront aux normes.
Qu’avez-vous fait exactement par rapport à ce problème de certification et des produits qui ne seraient pas labélisés?
Vous devez savoir que même si on avait voulu amener tous les produits de bonne qualité, on n’aurait jamais cet espace. C’est pourquoi quatre agences de communication ont tenté de faire en sorte qu’il y ait plus de présentations digitales avec des vidéos qui montrent le savoir-faire artisanal, et culturel. Lorsque j’ai vu que dans le pavillon du Burkina Faso, par exemple, il y’a plus d’écran et de totem, j’ai demandé pourquoi ce n’était pas le cas dans le nôtre alors que nous aussi nous étions assistés. Nous sommes actuellement en train de rectifier le tir à ce propos. De même, nous allons pouvoir appuyer les artisans, les artistes et chefs d’entreprises qui souhaiteraient avoir des étiquettes en anglais. C’est vraiment regrettable d’entendre des personnes dire “ne pas voir Ndzuani ou Mwali” en oubliant que nous parlons des Comores. Effectivement, il y’a des erreurs que nous allons essayer de corriger. Positivons, les Comores vont sortir gagnantes de cette exposition Universelle.
Face à tout cela, pensez-vous pouvoir, malgré tout, réussir ce premier exercice?
Eh oui! (sourire). Je ne vois pas pourquoi une telle question. Après l’interministérielle avec les cinq ministres désignés pour faire partie du cadre national à qui j’ai présenté le rapport des activités à Dubaï, ils ont été totalement satisfaits. Je suis bien convaincue que les Comores vont sortir grandies de l’Expo Dubai 2020.
Certains parlent, également, de manque de transparence. A l’heure actuelle on ne sait pas encore qui va représenter les Comores dans cet évènement…
…c’est là, justement, que vous faites erreur. Certains semblent avoir compris qu’on va payer des artistes, artisans et entreprises pour partir à Dubaï. Il y a des commissions et sous-commissions qui travaillent dessus, des fiches qui circulent et des indications qui ont été envoyées au sein des institutions et du secteur privé et chacun peut s’inscrire, et tous les Comoriens peuvent venir à Dubaï si les moyens sont réunis.
Ce sont les groupes de danseurs, par exemple, qui interviendront lors de la journée nationale qui pourront être pris en charge par l’Expo Dubaï.
L’Etat va prendre en charge les artistes de Ndzuani et de Mwali. Si certains veulent faire partie du Bazar et vendre leur marque, ce sera donc un voyage privé. Quel pays pourrait prendre en charge artistes, artisans et opérateurs économiques durant six mois?
Quelles sont les difficultés majeures que vous avez rencontrées depuis votre prise de fonction?
Notre faiblesse vient du fait que nous avons hérité de ce dossier plutôt tardivement. On a dû beaucoup attendre avant que le président ne signe le decret de prise de fonction. Cependant, je remercie mes collègues qui se sont vraiment engagés pour que cet évènement soit une réussite. Nous faisons également face à des difficultés financières malgré la contribution de l’Etat. J’ai conscience que beaucoup d’acteurs comoriens ont un savoir-faire très riche qui mérite d’être présenté. Si personnellement j’avais les moyens de faire venir un charter, tous les talents comoriens s’envoleraient pour Dubaï.
Mahdawi Ben Ali