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La Diva maoraise, Zily I «Zily c’est 100 à l’heure, non-stop!»

La Diva maoraise, Zily I «Zily c’est 100 à l’heure, non-stop!»

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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A Moroni pour deux shows, elle nous a livré, avant-hier à l'hôtel le Retaj , quelques-uns de ses projets et combats tout en rappelant le rôle que peuvent jouer les artistes dans le développement d’un pays. On y découvre une femme à la fois comme tout le monde et particulière. Entretien.

 

Qu’est-ce qui vous a fait basculer de la musique traditionnelle à cette nouvelle Zily qui vogue entre tradition et modernité?

Aujourd’hui, ma musique est faite de différents genres parce que Zily est écouté par des bébés de 2 ans jusqu’aux personnes âgées de 77 ans. Je ne pouvais pas me contenter de musique traditionnelle uniquement même si il est impératif que j’évolue dans la tradition, la culture qui, de toute façon, constitue la base de ma musique.

Je devais m’adresser aussi à ce public jeune qui écoute du Hip-hop, de l’afro beat, de l’amapiano. Il était important de les rappeler à cet univers et de leur dire, tout simplement, que cet amapiano que vous êtes en train d’écouter aujourd’hui vient en fait de sa source qui est le ngoma, la source c’est tout cet art traditionnel que nos aïeux nous ont légué, c’est toute cette richesse. Pourquoi ne pas récupérer tout cet art des ngoma, gabusi de notre région, ce patrimoine que nous devons valoriser. C’est pourquoi de la tradition j’ai touché la modernité car il faut aussi être dans l’air du temps, s’adapter. Zily s’adapte à tout environnement et à toute personne prête à recevoir de la musique.

Vous louez beaucoup la femme au point de la placer au centre du monde notamment avec le morceau Amani…
… Amani c’est une hymne à la femme. J’ai vraiment fait cette chanson avec tout mon cœur et avec amour. Parce que j’estime que les femmes ne sont pas suffisamment mises en confiance. Dans le milieu artistique par exemple, on n’est pas tellement nombreuses. Nous les femmes, sommes des fleurs qui aiment être arrosées, je suis une femme et je sais de quoi je parle. Amani dit à cette femme qu’elle est une fleur, une force, une bénédiction de la planète, c’est elle qui donne la vie. Dieu a choisi que ce soit elle qui donne la vie, alors elle doit être forte. Nous faisons toutes face aux mêmes problèmes : c’est la femme qui est épousée, qui est battue, qui est aimée, qui est, aussi, respectée. Cette chanson a été bien reçue par les femmes car elles se sont retrouvées dans ses paroles.

Avez-vous des projets en cours?

Les projets il y’en a tellement, ce qu’il faut c’est de pouvoir les réaliser (Rire). Toujours est-il que je me bats constamment pour et vite car on n’a pas 20 ans même si ce n’est toujours pas facile. Un album est en cours, des résidences artistiques sont prévues dès novembre, des feats avec des artistes internationaux et de la région. Mais je ne vais pas tout vous dévoiler (Rire). Il y aura des artistes internationaux, de la région et des locaux. Potentiellement, il y aura Cheikh Mc, Goulam et pas mal de feat dans cet album qui, comme vous le savez, sera mon tout premier. Je le voudrais en vinyle et j’espère qu’encore une fois, notre culture soit au centre de cet album et qu’au niveau international les gens soit en kiffe.

Qui est Zily en dehors de la scène?

Zily c’est la meilleure copine, la meilleure sœur. Une femme qui gère une famille, enfants, mamans, grands-parents. Zily gère les problèmes comme tout le monde et essaie de leur trouver des solutions. Zily c’est cent à l’heure, non-stop. (Rire)

Quels sont les artistes comoriens et étrangers avec qui vous aimeriez faire des feats ?

J’aurais aimé en faire avec toutes et tous parce que je pense que la musique est quelque chose qui se partage. Je n’ai vraiment pas de limite. Je peux faire des feats même avec une association de danse folklorique à partir du moment où on est connecté. Tout dépend de la connexion.

Vos style vestimentaire est un élément central dans vos préstations. Comment faites-vous les choix ?
En fait, j’entre dans une boutique et je prends ce qui me plait, qui va à ma morphologie, mon teint. Après effectivement, j’essaie de faire quand même attention car je représente les étoiles qui sont derrière moi et je n’ai pas le droit de les décevoir. Je le fais parce que j’aime bien m’habiller, être coquette. Et puis quand on est une fleur, il faut l’arroser. Ce n’est ni forcé, ni obligé.

Quel constat faites vous du monde artistique dans la région?

Le constat est triste. On n’est pas suffisamment soutenu et pourtant les talents sont là. Je pense que les autorités devraient, au moins, essayer de nous regarder, parce que je pense qu’ils ne le font pas assez. Elles comprendraient alors que la Culture est importante pour un pays. Quand on parle de la France, on pense à Johnny Hallyday, du Canada à Céline Dion, des Usa à Biyoncé. Ce n’est pas rien. Ma conviction, c’est que les artistes ont un rôle important à jouer dans le développement d’un pays et sa visibilité.


Partout dans notre région, il n’y a pas assez de moyens et c’est dommage. On n’a pas de salles de spectacle digne du nom, de suffisamment d’opportunités de formation notamment en ingénieur son, de studio. C’est tout un tas de problèmes qui demandent un accompagnement consistant. Que ce soit moi, Dadiposlim ou Cheikh, nous nous débrouillons et finançons quasiment 90% de notre travail, ce qui n’est pas normal. Aujourd’hui, quand on dit Zily c’est Mayotte et quand on ne met pas suffisamment les moyens, c’est compliqué.

Un dernier mot?
Bisou zangu zanyu! Yeka Baba!

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