La mairie de Mutsamudu a organisé, le mardi 29 décembre, le premier mariage civil de la commune. Ce mariage est contracté entre deux expatriés, Petru Morar, le directeur technique de Moroni Terminal, et Valérie Blachier, la consule de France à Ndzuani. Unis officiellement par le maire, Zarouki Bouchrane, en présence de nombreux invités dont le gouverneur de l’île, Anissi Chamsidine, et des médias, les deux époux ont sur place échangé leurs alliances, et signé les actes administratifs relatifs à leur union.
Cet événement devait revêtir une dimension promotionnelle : les autorités communales de Mutsamudu voudraient en effet inciter les citoyens à formaliser leurs unions au niveau de l’état civil. Ce “mariage à la mairie” fait cependant déjà l’objet d’un débat passionné entre ceux qui doutent de sa conformité aux préceptes de l’islam, et les autres qui le trouvent tout à fait licite. Dans son bref discours ayant précédé la déclaration matrimoniale, le maire a expliqué que le mariage est un acte d’état civil et que lui, en tant qu’édile, est habilité à le célébrer.
Sans nécessairement nourrir la polémique, l’on peut simplement rappeler quelques dispositions du code de la famille comorien, relatives au mariage. Dans son article 16, il est dit que “le mariage est nécessairement musulman. Il ne peut être conclu qu’entre musulmans, les conditions de fond nécessaires à la validité d’un mariage mixte sont déterminées par la présente loi”. Et dans le cas présent, l’on constate que c’est un maire musulman qui officialise l’union de personnes non musulmanes. Ensuite, l’article 33 dispose que “le mariage sera célébré, sous peine de nullité, en présence de deux témoins. Ces témoins doivent avoir la foi musulmane, être du sexe masculin, majeurs, doués de discernement et de bonne notoriété publique”. Or l’un des témoins, Dr Zahara Salim, est une femme, et l’autre, Dr Grillone Saverio, n’est pas de confession musulmane.
En dehors de ces remarques discutables, les municipalités ont bien leur rôle à jouer dans les contrats matrimoniaux selon la loi comorienne, et ce au niveau administratif. Notre code stipule, dans son article 41, que “l’acte de mariage est transcrit gratuitement sur le registre de l’état civil tenu à cet effet au centre de l’état civil du lieu de célébration du mariage dans un délai de quinze jours au plus tard, à la diligence du juge qui a célébré le mariage, sous peine d’une amende de 50.000 à 100.000 francs”.
Et d’insister ensuite que “nul ne peut réclamer le titre d’époux et les effets du mariage s’il ne présente pas un acte de mariage inscrit sur le registre de l’état civil”