« Je voulais absolument proposer quelque chose au public en ce mois de Ramadhwani. L’année dernière nous avions produit, avant et pendant ce mois, deux vidéos que nous n’avons finalement jamais diffusées. L’idée m’est venue alors, cette année, de proposer des vidéos spéciales mois de Ramadhwani », résume le leader de la compagnie Clown bavard, Ben Ali Djamaldine Toybou, pour présenter son projet intitulé “Ntseho” (rires). La première vidéo, “Facebook” a été publiée le samedi 11 mai. A 18 h. L’heure de l’iftar. Les gens peuvent ainsi rompre le jeûne tout en divertissement.
D’autant que, croit-il savoir, du point de vue de la religion, faire quelque chose qui donne le sourire aux gens est un swadaka ».
“Facebook”, un titre assez parlant. La petite scène d’une minute seize secondes laisse voir un homme, à la mosquée en nkadu et kofia, debout visiblement en position de prière. Il est rejoint par un jeune garçon, un monsieur et puis par deux autres jeunes garçons, pour constituer un djama’an (une prière collective). Quelle ne fût la surprise des fidèles de voir l’imam se retourner, téléphone portable en main. L’homme n’était pas, en fait, en train de prier, mais de se connecter sur Facebook. « C’est une réalité. Ce sont des scènes que l’on surprend quotidiennement dans les mosquées. Même au moment des prêches, il arrive de voir des gens plongés dans leurs téléphones ».
La vidéo a été tourné à Bahani, sur une idée originale de Abdourahmane Ali alias Major. « Nous venions de finir le tournage de la première partie de la séquence vidéo “Le pain” et avions pris une pause de prière. C’est juste après que l’idée a émergé. Sur un feeling de Major. Le scénario nous a fait carrément tomber de rire. J’ai demandé à Yannakis [le producteur, Ndlr] d’aller chercher sa caméra ».
La seconde vidéo, “Le pain” justement, est, elle, « plus réfléchie ». Elle a été diffusée le samedi suivant, soit le 18 mai, toujours sur la chaîne Youtube et la page Facebook “Clown bavard”. Quatre minutes vingt-six secondes pour dire l’injustice.
Aux voleurs !
Deux garçons se disputent en chemin une baguette de pain, quand ils sont surpris par un “clown” qui se propose de la leur partager en parts égales. Mais celui-ci prend soin de donner une plus grande part à un des garçons, ce qui n’est évidemment pas pour plaire à l’autre. Le clown reprend les deux morceaux de pain, retranche une partie du plus grand morceau, la fourre dans sa poche et restitue aux garçons… deux autres parts inégales. Nouvelle protestation. La même mise en scène se reproduit jusqu’à ce qu’il ne reste que deux petits bouts de pain. De clownerie en clownerie, le soi-disant justicier prend ses jambes à son cou la totalité de la baguette dans ses poches. « Ce sont des scènes récurrentes de nos jours. Ceux qui sont censés rendre justice, n’agissent que dans leurs propres intérêts. La scène est ouverte, elle peut être associée à multiples situations de la vie courante », explique Djamaldine. Justice, religion, commerce…
Aucun dialogue dans ces vidéos, juste des images. « Nous voulons interagir avec le public, l’amener à adhérer à la scène ». Le samedi 25 mai prochain, aux mêmes endroits, à la même heure, le Clown bavard et ses acolytes partiront à la rencontre des “Voleurs”.
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