Quel était le principal objectif du Pavillon des Comores dans cette participation?
Elle s’inscrivait dans une démarche de rayonnement international, de diplomatie économique et de partage de savoirs. Notre principal objectif était de faire découvrir les Comores au monde, de révéler ses potentialités économiques, touristiques, culturelles et humaines, et d’inscrire notre pays dans la dynamique mondiale du développement durable et de l’innovation.Notre pavillon a été conçu comme une vitrine stratégique du Plan Comores Emergent (PCE), qui repose sur la transformation structurelle de l’économie nationale, la montée en compétence du capital humain et la diversification des filières productives.
Nous avons voulu montrer que les Comores aspiraient à occuper leur place dans le concert des Nations par la vision, la discipline et l’intelligence de leur développement.
Quel premier bilan en tirez-vous?
Le bilan est éminemment positif et porteur d’avenir. Le Pavillon des Comores a accueilli plus de 1,350.000 million de visiteurs, un record pour notre pays. Ce chiffre, supérieur à celui de la population nationale, traduit le grand intérêt du public japonais et international pour notre archipel.
Sur le plan institutionnel, notre participation a permis de renforcer le dialogue économique et technique avec des partenaires stratégiques tels que la Jetro, la Japan International Cooperation Agency (Jica) et plusieurs chambres de commerce régionales japonaises. Ces échanges ouvrent la voie à une coopération durable dans les domaines de l’investissement, de la formation et du transfert de technologies.
Quelles ont été les plus grandes réussites?
Les réussites se mesurent à plusieurs niveaux. Sur le plan diplomatique, nous avons consolidé la crédibilité des Comores auprès des autorités japonaises et des organismes internationaux. Sur le plan économique, les discussions entamées avec la Jetro, la Jica, ainsi qu’avec les Chambres de commerce de Kansai et de Kobé, ouvrent des perspectives concrètes de coopération avec l’Uccia-Comores et d’appui au secteur privé comorien. Sur le plan social et éducatif, des universités japonaises ont exprimé leur volonté d’établir des partenariats avec l’Université des Comores pour favoriser le partage des compétences, la recherche appliquée et les échanges académiques. Enfin, sur le plan culturel, la découverte du jeu traditionnel Mraha a marqué les esprits au Japon, au point qu’une association japonaise du Mraha a été fondée pour promouvoir ce jeu comme symbole d’amitié entre nos deux peuples.
Les Comores ont-elles bénéficié de partenariats, d’investissements ou de nouvelles opportunités économiques?
Absolument. L’Expo Osaka 2025 a généré un réseau d’opportunités économiques inédites pour les Comores. Des investisseurs japonais ont manifesté un intérêt réel dans la valorisation de la vanille comorienne, reconnue pour sa qualité naturelle et son arôme authentique. Le secteur cosmétique et aromatique, autour de l’ylang-ylang, du jasmin et d’autres essences tropicales. Et la pêche et les produits halieutiques, où les Comores disposent d’un potentiel maritime considérable.
En tant que Directeur général adjoint de l’Anpi-Comores, j’ai tenu à encourager ces investisseurs à développer des projets de transformation locale pour créer de la valeur ajoutée, des emplois durables, et mis un accent particulier pour un transfert de savoir-faire. Notre ambition est claire : passer d’une économie d’exportation brute à une économie de production et d’innovation.
Quelles retombées concrètes peut-on déjà observer?
Elles sont multiples. Une visibilité internationale accrue, positionnant les Comores comme un partenaire crédible dans la région Océan indien. Un essor diplomatique culturel, symbolisé par le succès du jeu Mraha et par le projet de jumelage entre la ville de Komoro City et une ville comorienne, une montée en intérêt touristique et académique, avec de nombreux Japonais désireux de découvrir nos îles et d’y développer des projets éducatifs et environnementaux.
Par ailleurs, dans le cadre de la Semaine des Objectifs de Développement Durable (Odd) organisée à Osaka, les Comores ont exprimé leur volonté de présenter le volcan Karthala comme candidat au réseau mondial des Géoparcs de l’Unesco. Ce projet, mené en collaboration avec les départements concernés aux Comores, illustre notre engagement pour la préservation de l’environnement et la promotion d’un tourisme scientifique et durable.
A l’inverse, quels défis ou limites avez-vous rencontré?
Les principaux défis ont concerné la logistique, la coordination interinstitutionnelle et le financement. Cependant, ces obstacles ont été surmontés grâce à la rigueur, la solidarité et la vision partagée de l’équipe comorienne. Nous avons également appris qu’une participation internationale nécessitait une préparation stratégique, une communication cohérente et une mobilisation nationale car il s’agit, avant tout, de l’image du pays. Cette expérience nous rappelle que notre taille géographique n’est pas une limite et qu’elle peut être un levier de créativité et de résilience.
Pensez-vous que le pavillon a réussi à améliorer l’image et la visibilité des Comores à l’international?
Indéniablement. Il a permis de changer le regard international sur notre pays, en projetant une image de stabilité, d’ouverture et d’ambition maîtrisée. Nous avons montré que les Comores peuvent être un acteur stratégique de l’économie bleue et verte, un pays de paix et d’opportunités, capable de conjuguer culture, environnement et développement économique.
Quelles sont les prochaines étapes après Osaka 2025?
L’après-Expo constitue une phase d’exploitation stratégique des acquis.Nous allons consolider les relations institutionnelles entre l’Anpi-Comores et la Jetro, renforcer la coopération technique avec la JICA, notamment dans la formation professionnelle, l’agriculture durable et la gouvernance économique, encourager les partenariats entre les universités japonaises et l’Université des Comores, et soutenir la montée en compétence du secteur privé comorien, afin que nos produits répondent aux normes internationales de qualité et de traçabilité.C’est une étape cruciale pour accroître la compétitivité des entreprises comoriennes et stimuler les exportations vers les marchés les plus exigeants.
Quelles leçons tirez-vous pour les futures sorties internationales des Comores?
L’expérience d’Osaka nous enseigne que le développement est une discipline collective, fondée sur la préparation, la cohérence et la vision. Nous devons tirer parti de chaque exposition internationale pour renforcer nos compétences, structurer notre secteur privé et perfectionner nos standards de production.
Les Comores ont beaucoup à apprendre du modèle japonais particulièrement au niveau de la rigueur nécessaire, la planification, la discipline sociale et la valorisation du capital humain. Chaque défi rencontré doit nourrir notre intelligence stratégique nationale. Car l’avenir de notre pays dépend de notre capacité à apprendre, à nous adapter et à construire un développement inclusif et durable, à la hauteur de la vision portée par le Plan Comores Emergent.