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Lecture I Échanges entre auteurs et élèves au New select ou, comment attirer les jeunes vers la littérature comorienne

Lecture I Échanges entre auteurs et élèves au New select ou, comment attirer les jeunes vers la littérature comorienne

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Ils ont eu à découverir le travail de Rahma Aboubacar S. Salim, Anissi Chamsidine, Mab Elhad, Soeuf Elbadawi et Youssouf Moussa

 

Le restaurant Le New Select en partenariat avec l’association Ilasto ont consacré une journée à la promotion de la littérature comorienne, samedi 24 février. Au programme, rencontre entre élèves Moroni et des auteurs, expositions et ateliers pour enfants et étudiants.


Tôt, la matinée, les élèves du collège de Mbuweni et du Gs Avenir ont investi la paillote du New Select pour échanger avec Rahma Aboubacar Saïd Salim, Anissi Chamsidine, Mab Elhad, Soeuf Elbadawi et Youssouf Moussa. Objectif : inciter les élèves à prendre goût à la littérature comorienne, à s’intéresser au shiKomori et à la mémoire des îles.


Le gouverneur de l’île de Ndzuani, Anissi Chamsidine, a parlé de son premier livre Nisis’uali Intsi – ceci n’est pas une réponse». L’auteur pose des questions sur la souveraineté des Comores et incite les élèves à poser encore plus de questions tout en «risquant» de bouts de réponses.

«Nous ne sommes pas encore indépendantes»

Sur la question de l’indépendance des Comores, un collégien de Mbuweni estime que les îles «ne sont pas encore indépendantes» car pour lui, trop de décisions sont prises par d’autres pays et, surtout, la France. Une réponse que partage le gouverneur : «La France est consciente que nous avons un pays riche, c’est la raison pour laquelle elle ne veut pas nous laisser respirer».


Plus loin, Anissi Chamsidine se demande s’il ne serait pas judicieux de changer le nom de ce pays qui renverrait à la mort. «Le nom du pays comme celui de la capitale ont été changés par la France en «mort» en nous traitant de Comme mort et de comme-rien».Les échanges avec l’auteure, Rahma Aboubacar Saïd Salim, ont rejoint ceux d’Anissi Chamsidine sur la question de la souveraineté. Pour elle, il est important que le Comorien soit «indépendant» au niveau de la langue.

C’est, entre autres, ce qui l’aurait poussé à écrire le livre Djimbo Na comptine à l’intention des tout-petits. Dans cette œuvre, des comptines françaises enseignées à la maternelle sont rendues en shikomori. «Mon livre est un début de réponse. Mon projet c’est de donner des outils à la langue comorienne surtout chez les enfants». Selon elle, la littérature comorienne oublie les enfants et c’est pour tenter de corriger le tir qu’elle s’intéresse à la littérature jeunesse : «Il est temps de décoloniser les esprits», préconise-t-elle.

Aspiration à devenir auteure

Apres avoir échangé avec les cinq auteurs, l’élèves en seconde au Gs Avenir, Aicha Ainadiddine, a fait part de son aspiration à devenir écrivaine. «J’ai déjà commencé à m’exécrer dans l’écriture d’un roman. Cet échange avec les auteurs a permis à mon rêve de devenir écrivaine de prendre forme. Aujourd’hui, j’ai compris combien il est capital de se questionner sur le destin du pays, de l’aimer et de valoriser sa Culture et sa langue», s’est-elle projetée.


Alors que de plus en plus d’élèves semblent s’intéresser à la littérature comorienne et affiche un certain enthousiasme à prendre la relève, ils n’ont jamais lu des écrits des Soeuf Elbadawi, Youssouf Moussa, Mab El Had ou encore moins de Rahma Aboubacar. Manifestement, dans ce pays de littérature orale, lire est une gymnastique qu’il faut enseigner.

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