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Les Comores affinent leur horizon patrimonial ou... I ... Comment ouvrir, plus grande encore, la voie vers l’Unesco

Les Comores affinent leur horizon patrimonial ou... I ... Comment ouvrir, plus grande encore, la voie vers l’Unesco

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Une mission cruciale : échanger pour convaincre sur ce qui, dans le pays, mérite de devenir un héritage pour l’humanité

 

Pendant deux jours, du 4 au 5 décembre 2025, au cœur de Moroni, les Comores ont pris le temps de regarder leur mémoire en face. De scruter leurs montagnes, leurs vieilles cités, et de s’interroger de ce qui, dans ces paysages et ces traces du passé, pourrait parler à l’histoire du monde entier. Pour se faire, sous l’impulsion du Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs), a été tenu un atelier national de mise à jour de la liste indicative des biens naturels et culturels des Comores. Cette initiative a réuni experts, techniciens, universitaires et acteurs communautaires pour une mission cruciale : mettre à jour et préparer les biens culturels et naturels de l’archipel en vue de leur inscription sur la liste indicative de l’Unesco.


«C’est une étape souvent invisible mais fondamentale. Avant de rêver d’inscription au Patrimoine mondial, chaque pays doit d’abord bâtir cet inventaire stratégique. Sur cet aspect, cet archipel aux mille histoires à écrire, détient plus d’un élément pouvant faire l’objet d’inscription au patrimoine mondial. Des pentes du Karthala aux forêts brumeuses de Ntringui, des récifs scintillants de Mwali aux médinas façonnées par des siècles de circulation dans l’Océan indien, les Comores possèdent une densité patrimoniale rare», insiste le chef du département du patrimoine au Cndrs, Mohamed Mboreha Selemane.

Entre science, traditions, contexte…

L’atelier a, donc, posé les bases d’un travail rigoureux fait d’inventaires, de cartographie, d’analyses environnementales, d’identification de la Valeur universelle exceptionnelle (Vue) ou encore consultations communautaires. Une méthodologie claire, articulée en modules, pour que chaque site puisse être étudié avec précision et sensibilité. La mise à jour de la liste indicative passe par plusieurs étapes notamment l’étude technique en matière d’inventaires, la cartographie, les diagnostics, l’identification de la Valeur universelle exceptionnelle (Vue), la consultation communautaire ou encore la définition du périmètre et zone tampon.


Vient, ensuite, la soumission du dossier, l’évaluation internationale notamment par l’Icomos, la décision du Comité du patrimoine mondial et enfin la mise en œuvre des recommandations. Au terme de cet atelier, une conviction semble s’être imposée : les Comores possèdent tous les atouts pour devenir une référence régionale en matière de conservation et de valorisation du patrimoine.

«Encore faut-il documenter, protéger, transmettre et, surtout, croire et faire intégrer par les habitants de l’archipel le fait que ces paysages qui leur sont si familiers, portent en eux, une part de l’universel», devait souligner le directeur général du Cndrs. Dr Toiwilou Mze Hamadi a tenu à rappeler que ce rendez-vous n’avait pas, seulement, à réviser une liste indicative : «Il a ouvert le récit d’un pays qui, entre volcans et océan, veut désormais inscrire son nom sur la grande carte du patrimoine mondial».

Communautés locales : être au cœur du processus

Pour convaincre l’Unesco, un site doit parler plus fort que son seul contexte local. Il doit se mesurer au monde. Ainsi, les participants ont comparé les paysages comoriens à d’autres patrimoines déjà inscrits afin d’affiner leurs argumentations, évaluer les lacunes, et démontrer l’originalité comorienne. Les communautés locales, elles aussi, sont au cœur du processus à grand renfort de savoirs traditionnels, de gestion coutumière, d’implication des gestionnaires de sites et associations.

L’Unesco ne reconnaît pas, seulement, les pierres ou les forêts, mais la manière dont les peuples les habitent, les protègent et les racontent. Le deuxième jour de l’atelier a été consacré, notamment, au remplissage des formulaires pour la soumission d’un bien au patrimoine mondial. Un exercice apprécié par les participants.

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