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Littérature-Musique. Vient de paraitre I «TSIONO ZINDJI» de Salim Ali Amir

Littérature-Musique. Vient de paraitre I «TSIONO ZINDJI» de Salim Ali Amir

Culture | -   Hassane Moindjié

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Avec ses cent dix chansons autour d’une dizaine de thèmes très divers, on peut, assurément, rétorquer à l’artiste à texte : «kudjatrangaza ncashi!»

 

L’auteur-compositeur et interprète engagé, Salim Ali Amir, a dirigé, le soir du lundi 15 juillet, Place Badjanani à Moroni, la cérémonie de sortie d’un recueil d’une bonne majorité de ses œuvres intitulé Tsiono zindji.A cette occasion et en présence d’une importante assistance, dont ses quatre préfaciers, il a présenté l’ouvrage en s’étalant, sur, entre autres choses, les raisons qui l’ont conduit à réaliser ce projet. Il s’agit, notamment, de soutenir, à sa manière, cet autre projet de l’introduction de l’enseignement du Shikomori dans le système éducatif – qui, malheureusement, est enfoui depuis des lustres dans les terroirs du ministère de l’Education nationale.
Cette cérémonie s’est achevée par une séance de dédicase du livre dont la soixantaine d’exemplaires proposée lors de cette cérémonie a été littéralement prise d’assaut par le public composé de fans du chanteur, d’amoureux et de passionnés de Culture.

Découvrir et redécouvrir

Au total, cent dix morceaux couvrant pas moins de six grands thèmes divers sur la société comorienne – les comportements humains, les combats politiques, l’éducation et la protection de l’enfant, la santé, les sentiments, ainsi que divers combats pour les libertés et la justice menés à travers le monde – composent cet ouvrage, unique dans sa conception et dans son but, dans le monde des arts et de la Culture aux Comores.Sur cent soixante-dix pages, Tsiono zindji («J’ai vu beaucoup de choses dans la vie»), publié aux éditions Kalamu des îles, nous offre l’opportunité de découvrir cet artiste à texte par excellence, ou, pour beaucoup d’entre nous, de redécouvrir la qualité et la profondeur de l’œuvre de celui dont nous n’aurons aucun mal à considérer comme étant un des plus grands artistes comoriens de tous les temps, le plus généreux dans ses créations, le plus constant dans le souci de voir son art servir ses compatriotes dans leur quotidien, son pays dans sa recherche de paix et le monde dans sa quête de justice, d’équité et d’harmonie entre les peuples; mais aussi le plus divers dans les thèmes qu’il aborde.

«Tsi mhezadji, mbandzi!»

Mais peut-être surtout de le découvrir sur toutes ses facettes, comme jamais auparavant, par l’entremise de la plume d’un historien, celle d’un enseignant, d’un homme de médias ou, parfois, d’amis proches et parfois «historiques» pour avoir été du même monde de la Culture et dans les combats pour l’émancipation de toutes et tous, de celle des arts et de la Culture ou, tout simplement, pour l’éclosion des idées. Cet historien, cet homme de médias et ces amis «historiques» qui ont voulu, bien volontiers, préfacer, chacun de son point de vue, ce recueil d’un genre particulier.

 


L’historien Moussa Saïd Ahmed soutient, notamment, que la poésie de Salim Ali Amir «n’est pas dogmatique» : «Salim innove constamment en s’ouvrant aux autres mélodies africaines bantoues, aux musiques sud-américaines et antillaises. En écoutant ses chansons, on revit, entre autres, les anciennes routes de la soie, des épices tout en suivant avec anxiété celles des exilés de la liberté de la fin du dix-neuvième siècle». Moussa Saïd qui a tenu à préciser, cependant, que l’étude l’œuvre de Salim Ali Amir «reste à faire» les éléments contenus dans cette préface «ne constituant qu’une esquisse».
Par la plume de l’enseignant, S.M. Abdérémane Wadjihi, on rappelle que «oupezo n’ouwezo wa Salim Ali Amir ngauoneso ukaya ye mbandzi. Na ndapvo, harumwa djangwa la hidza, yauniha mwendje ha hwandza rione. Mfano mwengoni mw’emifano yah’emadjimbo-nyipvandzi yahahe ndalinu lambwao Wapambe. Djimbo ikao, hama nd’eulo ikozani, ngushemezizo entsi yihafadhwi owana. Kadjaria hwamba uka owana wapvehwao hari mwa emidji mihuu wasome, nusu ngwarendwao mfano mwa warumwa».


Pour sa part, l’ami et ancien «camarade de lutte» de la vaillante époque du «Msomo wa nyumeni» et de la «lutte anti-impérialiste», Abdérémane Chanfi, lance à propos du recueil qu’il qualifie d’«immense archive» : «We nde shiyo!»* avant de poursuivre : «ça a fait bien rire longtemps, ça ne nous rajeunit pas, peu importe. Lorsqu’on se réunissait chez toi, c’était toi le benjamin sur une douzaine de jeunes, dans la clandestinité, rien que pour pondre une chanson patriotique dans le cadre de la «lutte anti-impérialiste». C’était l’apprentissage, le partage, la formation, la découverte de capacités cachées en chacun de nous».

Enième engagement patriotique

Dans la préface «2», le journaliste à la retraite et ancien chroniqueur culturel au journal Al-watwan, Madjuwani hasani, s’est laissé convaincre que «rien dans ce qui fonde la société et l’homme comoriens, sa dignité, et qui l’incite à s’améliorer, n’aura échappé à la plume de celui (Salim Ali Amir), dont la longueur de la carrière n’aura jamais eu raison de la détermination à défendre ce qu’il croit devoir défendre».C’est ainsi que dans cet ouvrage, l’auteur-compositeur et interprète militant, égal à lui-même en «Monsieur de tous les combats» au service de sa société, associé au linguiste comorien, Mohamed Ahmed Chamanga, s’engage, résolument, dans cet autre combat – malheureusement très loin d’être gagné** – de l’introduction de l’enseignement de la langue comorienne, le shikomori, dans le système éducatif national.
En effet, en faisant transcrire les cent-dix morceaux qui composent l’ouvrage en shikomori, sous la supervision éclairée de ce passionné de la langue comorienne, qu’on nprésente plus, il immortalise cet autre engagement patriotique qui est le sien.

 

Notes

* «Tu constitues toi-même, le Livre»
**Aujourd’hui encore, malgré le tapage fait autour de cette question, seule l’école française Henri Matisse de Moroni, enseigne le shikomori

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