Le premier livre sur le débarquement militaire de 2008 est paru. «Mes 4 vérités sur le débarquement à Anjouan en 2008» est un récit personnel de cent huit pages paru aux éditions Cœlacanthe et signé de Makani Saïd Halidi. Le livre – dix-neuf chapitres rédigés pendant une année – est le n°1 de la collection «Témoins» qui «accueille» des témoignages constituant autant de matériaux pour l’histoire et la société comorienne. L’auteur raconte sa propre histoire de l’opération «Démocratie aux Comores» en 2008 soutenue par l’Union africaine.
L’ancien séparatiste y relate les événements qui auraient chamboulé la vie de la population de Ndzuani et la sienne propre alors qu’il était âgé d’une cinquantaine d’années et. La version manuscrite de l’oeuvre existe toujours.Après deux conférences, l’auteur a accepté de nous recevoir à son domicile. Il en est ressorti de nombreuses confidences du genre «J’ai écrit ce livre parce que je veux que les gens sachent comment on aime Ndzuani».
C’est un livre qui «veut faire éclater» la vérité, quatorze ans après, sur le débarquement militaire de 2008 à Ndzuani. «Mes quatre vérités….» est une façon de dire. J’ai choisi ce titre parce que je veux parler de la vérité, de ce qui s’est passé. Il faut que nos frères Comoriens et l’opinion internationale sachent la vérité. «Quatre vérités», c’est une expression, une vérité que je raconte. L’histoire de 2008, ce sont ces quatre vérités, à croire ou à ne pas croire.
Nous avons subi ce débarquement parce qu une erreur a été faite», introduit l’auteur qui explique, notamment, pourquoi dans ce récit «qui relate les faits de mars 2008», il emploie le pronom personnel je» : «Je ne pouvais pas employer un autre prénom même si c’est tout Ndzuani qui a vécu ce débarquement des forces armées nationales tanzaniennes et soudanaises. C’est une réalité que tout le monde a vécu». Selon lui, tout Ndzuani a subi ce débarquement «Nous étions près de mille six cent détenus à Koki*. Je portais le matricule 628 à la Croix-Rouge internationale», précise-t-il.
«Objectif attenit»
Un témoin que l’auteur qualifie de «clé» de cette «Opération démocratie aux Comores», qui n’est autre que l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, Djaanfar Salim Allaoui, était présent aux deux conférences de présentation du livre à Mtsamdu et sur le site de Patsi de l’Université des Comores. Djaanfar Salim Allaoui «n’est pas coauteur du livre. Je ne l’ai même pas consulté. C’est un ami de lutte. A cette époque, nous étions les bêtes noires du régime de l’ancien président insulaire, Mohamed Bacar. Nous avions partagé la même cellule. De tous mes compagnons de cellule, aucun n’a encore lu le livre. Ils seront maintenant peut-être intéressés à lire leur histoire. J’utilise le pronom personnel «je», mais c’est nous. Et quand je dis «nous» c’est tout Ndzuani», insiste-t-il.
Quatorze ans après, Makani présenterait «jusqu’aujourd’hui» de nombreuses «séquelles psychologiques» : «J’ai subi des tortures physiques et morales. Nous avons été battus et humiliés. J’ai été déshabillé devant ma femme et ma belle-mère», se souvient-il.Selon lui, l’objectif poursuivi avec la publication de cet ouvrage est atteint «Je suis content qu’on s’interroge 1quatorze ans après les faits. Avoir parlé dans ce livre me soulage des séquelles psychologiques.
Personne n’a écrit sur le débarquement à Ndzuani avant moi, je l’ai écrit. Ce n’est ni de la fierté, ni de la vantardise. Je suis satisfait d’avoir écrit. Les gens peuvent croire ou ne pas croire. L’armée était fière d’avoir libéré le pays à cause d’un mensonge. Après la lecture du livre, les gens vont comprendre les détails», assure celui qui dit «attendre impatiemment les critiques» sur son livre.
Ahmed Zaïdou (Stagiaire)