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Mahmoud Hamdane tire sa révérence : “Un seigneur comorien de l’oud” s’en est allé

Mahmoud Hamdane tire sa révérence : “Un seigneur comorien de l’oud” s’en est allé

Culture | -   Nassila Ben Ali

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Selon le journaliste Ali Moindjie, ceux qui ont eu le privilège d’écouter le virtuose ont connu l’âme comorienne en fusion. Il était la preuve que non seulement les Comores sont reliées à une longue histoire enfouie en elles mais qu’en plus les Comoriens appartiennent à un grand pays par la culture. “L’oud n’était-il pas joué à Babylone, en Egypte ancienne et en Perse?”.

 

L’artiste multi-instrumentiste, Mahmoud Hamdani, n’est plus depuis le 2 février dernier. Ce père de huit enfants nés de trois femmes différentes qui a longtemps travaillé à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm) notamment au service des prévisions météorologiques est parti dans l’au-delà.

Né en 1947 à Ndruani ya Bambao au centre de Ngazidja, il brillera dans tous les postes de ce service. En 2004, à l’arrivée de l’Agence de la sécurité et de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), Mahmoud Hamdani, a été transféré dans cette nouvelle agence jusqu’en 2008 année où il partira à la retraite. En 2009, il sera rappelé, durant une année, pour former les jeunes recrues dans les prévisions météos.

Cependant, Mahmoud Hamdani est connu, surtout, en tant qu’artiste de talent. Il était, de l’avis général, l’un des artistes qui ont posé le plus leurs empreintes dans la musique comorienne.

De parents originaires de Ndruani et de Moroni, le regretté a su être un enfant des deux localités et a grandi à la capitale où il sera parmi les fondateurs, aux années 1960, de l’association Awuladi’lkomori, une ancienne gloire de la musique comorienne.

Dès les années 1970, l’auteur de Maore karidjara sabili créera, également, l’orchestre musical de Ndruani, Hiyari Nour. Selon le célèbre chanteur Salim Ali Amir, le natif de Ndruani aura, avec Mohamed Hassane, beaucoup marqué la musique comorienne en y apportant ces grands talents notamment en tant que joueur d’Oud (luth arabe). Mahmoud Hamdani est l’un des rares chanteurs comoriens à avoir composé avec cet instrument.

 

Nous avons perdu un grand compositeur. Cette disparition a endeuillé le monde musical comorien et le milieu du twarab en particulier, estime l’auteur compositeur et interprète aux huit albums.

 

Pour tout cela, Salim déplore l’”absence d’hommage suffisant rendu à l’artiste” pour témoigner du talent et de l’apport que ce grand homme a apporté à la musique comorienne.

Salim et Mahmoud Hamdani avaient projeté de sortir un album où ce dernier interpréterait tout son répertoire et de former un groupe restreint de jeunes aux instruments anciens, tels que l’Oud, la mandoline, le violon, l’accordéon, entre autres, dans le but de monter un groupe de twarab traditionnel.


Des projets en tête

Pour sa part, Abadallah Chihabidine, un autre ancien musicien et interprète, tient à exprimer sa “tristesse” avec la disparation de ce “grand homme”. “C’est tout un pan de l’histoire de la musique comorienne qui disparait”, a déclaré celui qui l’a côtoyé et travaillé avec notamment, dans le projet “Moder and tradition from Grande Comores”, du producteur allemand qui travaillait les musiques en Zanzibar, Graebner Werner.

Ce projet a abouti à l’enregistrement de la compilation intitulée “Sambe Comores” qui avait réuni Mahmoud Hamdani et Hiyari Nour, Belle lumière de Mapvinguni, Sambeco de Mitsamihuli, Groupe Tannchik et Zaïnaba alias “La voix d’or”. Dans ce projet, le regretté Hamdani a interprété son œuvre “Rwahamani.”

Pour sa part, l’ami et proche du disparu, Ali Moindjie, n’a pas manqué d’exprimer sa tristesse. Sur son mur Facebook, l’ancien journaliste n’y ait pas allé par le dos de la cuillère : “le dernier seigneur comorien de l’oud, est mort jeudi à Ndruani.


Une prière pour “notre ami”

Ceux qui ont eu le privilège d’écouter le virtuose Mahmoud Hamdani ont connu l’âme comorienne en fusion”, devait-il écrire. “Mahmoud Hamdani était la preuve que non seulement nous sommes reliés à une longue histoire enfouie en nous mais qu’en plus nous appartenons à un grand pays par la culture. Le oud n’était-il pas joué à Babylone, en Egypte ancienne et en Perse?”, poursuit-il.

 

 

Cette disparition n’a pas touché que le monde des artistes, mais aussi tout un village qui continue à pleurer la perte d’une personne “dynamique, d’un père soucieux de l’éducation de ses enfants, d’un frère qui aimait la culture et le sport, mais surtout d’un grand pieux”.

“Tout en se consacrant à la musique, Mahmoud Hamdani fut un grand lecteur du Coran et mettait à profit sa belle voix pour appeler les fidèles à la mosquée notamment à la mosquée de vendredi de Ndruani”, relate un cousin.

Quinze jours avant de tomber malade, Mahmoud Hamdani a joué son dernier twarab à Panda ya Mbadjini. En plus de sa carrière musicale et de prévisionniste météo, il a été de ceux qui, en 1980, ont créé la formation de football du village et qui il a baptisé du nom d’”Arc-en-ciel”.

Pour lui rendre hommage, la localité de Ndruani invite, vendredi, tous les comoriens et amis du regretté à Ndruani à réciter le coran “pour implorer le pardon d’Allah à l’endroit de notre ami”.

Toutes nos condoléances.


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