Vendredi dernier, Chucky Mista Res effectuait son retour dans le rap en publiant son deuxième opus intitulé Mc (Mista Chucky). Le dernier projet du rappeur, Ndopvi eKa tsindam’, en 2018 avait été accueilli par une critique pour le moins flatteuse. Le mc se savait, donc, attendu au tournant par ses fans. Une attente qu’il ne cesse de souligner le long de l’album. «Mafani ngwababuhao (…) Pvanu Chuckeezy nge nda?», assure-t-il dans Hilla, l’intro de l’album.
Dans ce nouvel opus, on ressent l’envie du rappeur de se «challenger» à la nouvelle génération, imprégnée de «drill», cette nouvelle tendance qui fait ravage dans le rap. «Drill mikado fanya, sha ndjahara pvonanikiwa» (= Je ne fais pas de Drill, mais puisqu’on veut que j’en fasse, alors j’en fais)», avoue-t-il, toujours dans l’intro.
Ce renouveau se ressent également dans les thématiques. On y découvre un Chuckeezy qui fait du rap engagé, bien que des velléités de cet ordre-là fussent déjà esquissées sur Ufitina, un morceau de son précédent projet.
Cette fois-ci, deux pistes font clairement office de dénonciation, Hazz et Ndrabo, sur lesquelles Chucky dégoupille punchline sur punchline qui dénoncent le chômage, la corruption, la dégradation de l’université, l’injustice ou encore l’hypocrisie. Les deux morceaux sont d’ailleurs conçus sur la même combinaison : un beat énervé, un tempo élevé, un seul couplet et un refrain trap placé à la fin, comme pour paraitre plus incisif, une parfaite mise en abîmé, tant le fond épouse la forme. Toutefois, une partie de cette innovation se veut plus radieuse, avec des morceaux comme Ndawe et Redjei, en featuring avec Keïla qui, il faut bien le reconnaitre, a sublimé le projet de sa voix suave.
L’ombre au tableau?
Dans l’autre partie de l’album, Chucky chante une ode au hip-hop. Comme à son habitude, il fait étalage de son phrasé si particulier, nonchalant sur le beat, mais, toujours, outrageusement efficace. Comme à ses plus belles heures, le mc fait preuve de punchline facile, aussi drôle que dérisoire, un panorama d’images sur lequel il a bâti sa carrière. Souvent décrié pour le manque de profondeur de sa plume, Chucky s’amuse de ces critiques. «Hari Chucky yehamba mafitsi, sha wandru ngwawandzao», ironise-t-il dans Chukeezy.
S’il est bien un rappeur comorien connu pour son amour pour le rap underground, c’est bien Chucky. Cet excès d’égotrip constitue d’ailleurs le fil rouge de l’album et, peut-on penser, de sa carrière. A plusieurs reprises, Le rappeur martèle qu’il est le «mfaume wahe rap» (= le patron du rapp), une position qu’il a toujours défendue dès ses débuts, tout comme ses influences Us. Dans «Yin de hip-hop», l’auteur de Mi nde kina fait un saut dans les années 1990, sur un beat Old school. Il fait référence à des «monuments» du genre, tels que Mobb Deep et le Wu-tang.Et si cette utilisation de l’égotrip qui revient incessamment et donc «insupportable» était le seul ombre au tableau de l’oeuvre?