Pendant combien de temps encore, le mrenge (ou murenge) résistera dans les quatre coins du pays. Aux Comores, ce patrimoine immatériel, dont la pratique remonte à bien avant la colonisation, a subi des transformations venant, notamment, de La Grande île voisine, Madagascar, où elle est née avant d’atterrir aux îles Comores et à la Réunion.
Pendant longtemps, le mrenge était pratiqué durant le mois de ramadhwani au niveau des quatre îles avant de disparaitre, petit à petit, d’abord à Ngazidja, puis à Mwali et à Ndzuani pour se concentrer à Maore. Sur cette dernière île, cette lutte traditionnelle résiste malgré les restrictions imposées par l’autorité administrative selon laquelle sa pratique durant le mois de ramadhwani conduirait, souvent, à des affrontements entre «bandes» voir même entre quartiers.
Selon le maire de Dzaudzi-Labatoir, sa commune aurait constaté que chaque fois qu’il y a un murenge, il s’en suivait des affrontements entre «bandes». C’est, semble-t-il, pour mettre fin à cette situation, qu’un arrêté interdit le murenge pendant ce mois sacré et ce, jusqu’au 10 juin prochain.
«Nous avons pris cette initiative pour des raisons de sécurité. Nous étions obligés de prendre cette mesure pour éviter des scènes de violence comme celles constatées l’an dernier», a déclaré Mikidache Houmadi sur Mayotte la 1ère. Malgré cela, de nombreuses personnes et des lutteurs continuent de se réunir autour du cercle pour une ambiance des grands jours.
Pour être mené, le murenge à, juste, besoin de combattants, d’un staff pour la sécurité, de deux arbitres, qui sont généralement d’anciens combattants, de musique et un public pour former un cercle autour d’un espace suffisamment éclairé.
A Ngazidja, le mrenge – qui était également appelé nkode zayitsooni – se tenait le vingt-sixième jour du ramadhwani. C’était un combat à mains nues très peu codifié.
Pour tenter de préserver ce patrimoine immatériel, un séminaire a été organisé en février dernier au Centre de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) à Moroni, pour, notamment, codifier ce sport de combat traditionnel avant de pouvoir l’intégrer en milieu scolaire.
Une discipline scolaire?
Selon l’historien, Moussa Saïd, le mrenge était pratiqué dès le 19ème siècle. «Nous allons essayer de le codifier notamment en y extrayant les coups dangereux, afin de l’intégrer comme discipline sportive dans les établissements scolaires, comme c’est déjà le cas dans certaines écoles françaises.
Nous envisageons également d’en faire un métier en offrant des récompenses et des distinctions aux meilleurs combattants à l’issue de compétitions», avait soutenu l’enseignant à l’Université des Comores, lors d’une séance de sensibilisation sur la connaissance, la transmission et la valorisation des arts de combat traditionnels.