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Music. «Sans papiers» I Un clip sur les aléas de la traversée Ndzuani-Maore

Music. «Sans papiers» I Un clip sur les aléas de la traversée Ndzuani-Maore

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Le nouveau clip de l’artiste Elji sonne comme un ras le bol, un appel à la conscience, un constat alarmant de plus sur la traversée entre les deux îles comoriennes, les brutalités policières qui continuent dans un silence assourdissant malgré les milliers de morts qui font de ce bras de mer un des plus grands cimetières marins au monde.

 

Le nouveau clip, «Sans papiers», de Eldji Edmond alias Elji sorti vendredi 23 décembre dernier, se décline sur un style très engagé. Un chef-d’œuvre aux images touchantes qui redonnent un coup de projecteur sur la traversée Ndzuani-Maore et les brutalités policières dans cette île comorienne, Mayotte, sous occupation française depuis bientôt un demi-siècle et avec l’instauration, en 1995 du «Visa Balladur» qui empêche les Comoriens des trois autres îles de se rendre librement dans cette partie de leur territoire.


Le clip ouvre le rideau sur un homme qui juste après avoir débarqué sur une plage de Maore, est interpellé par la police d’occupation qui lui demande de présenter ses papiers d’identité. Il est contraint d’essayer de fuir, et c’est là que le cauchemar commence avec une longue poursuite suivie d’un contrôle abusif qui finit par des menottes aux poignets du jeune homme. Une routine sur cette partie du territoire comorien, en ville comme dans les périphéries, de jour comme de nuit.


Dans ce morceau enregistré au Hima studio, Elji révèle quelques «causes» de ce problème qui fait de Mayotte un des plus grands cimetières marins au monde.Pour lui, la faute revient au camp français comme à celui des Comores. Il estime que ce déplacement vers Mayotte est dû au chômage et au désespoir dont les autorités régnant sur les autres îles seraient, en partie, responsables.On y voit aussi les récentes images du président français, Emmanuel Macron, qui, le sourire aux lèvres, disait : «le Kwasa kwasa pèche peu. Il amène du Comorien», exactement comme si le Comorien c’était juste un poisson. Comme pour témoigner à quel point la France prenait cette question à la légère à un moment où les cadavres de Comoriens flottent de plus en plus sur les eaux comoriennes.


Avec quelques témoignages tirés de médias, Mayotte la 1ère notamment, qui reviennent sur les nombreux morts par naufrages, laissant entrevoir quelques images de survivants entassés sur des embarquements de la police aux frontières.«Une situation invivable qui continue de faire son chemin dans un silence aux yeux bandés». «Fuir notre gouvernement, dans un voyage risqué et sans retour. La pluie, les vagues, la barque n’arrive pas à tenir la barre. Certains crient en se tenant les mains et prient Dieu de les sauver de ce voyage. Les autres commencent à se jeter en mer comme des simples bidons. Je pars sans dire au revoir à ma famille et à mes amis. J’ai laissé mes enfants, ils m’attendent à la maison et mon retour n’est pas pour aujourd’hui», raconte Elji dans ce clip qui «vise à faire prendre conscience» sur ce drame.

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