Avant de commencer, pourriez-vous vous présenter ? Et surtout, dites-nous, que signifie le diminutif SLK ?
Salam ! Je m’appelle Soilahoudine Saïd Abdou. Je suis originaire de Ntsorale dans le Mboude et de Hantsindzi dans le Mbwanku. Je suis très fier de mes deux villages, d’ailleurs. Pour être plus précis, SLK vient de «Soilah le King» ou encore «Soildjo le King»—nous avons tous vécu l’époque des «Djo» à la fin des blazes (Djobane djo, etc.). C’était une tendance à l’époque, mais comme je voulais que les gens retiennent vite mon blaze, j’ai pensé qu’un diminutif serait plus efficace que d’écrire une phrase entière, d’où SLK.
Parlez-nous de l’introduction de votre opus. Dès le premier mot, on a l’impression que pour vous, la musique n’est qu’un loisir et non un travail. Cependant, vous mentionnez également qu’elle constitue un moyen d’échapper à la délinquance ou de se débrouiller par soi-même. Comment expliquez-vous ces deux interprétations ?
Ah, l’intro… Mon frère, laissez-moi vous dire que c’est le dernier son que j’ai écrit, et ça ne date même pas de deux mois. La plupart des titres, je les ai écrits quand j’étais au Caire. En réalité, cette chanson est une lettre adressée à mes parents et aux auditeurs de musique comorienne, en particulier à ceux qui disaient «we kulawa madjimbo ya mbidi», tsidja nizi fanye kamili wu pande [tu fais toujours des demies chansons, je suis venu les faire en entier d’un côté].
Dans ce morceau, on perçoit un fort attachement à vos parents, ce qui est admirable. Pensez-vous qu’il soit évident de les mentionner dans vos chansons ? Vous écoutent-ils ?
Bien sûr, j’ai voulu montrer mon respect envers mes parents et ma famille, ce qui est naturel pour moi. Je voulais leur dire que la musique est mon seul moyen d’éviter les plaisirs mondains qui pourraient les inquiéter, comme la délinquance, entre autres. Ce serait malsain de ma part de les ignorer. Kapvatsi mdru yadjo djiviwa ye mwanahahe yake mhezadji [personne ne serait content de voir son enfant devenir chanteur], c’est clair. Mais pour moi, la musique est un exutoire, une façon d’exprimer ce que je vis au quotidien et mon point de vue sur diverses situations. J’aime profondément mes parents, ma sha Allah, et eux me le rendent bien. Que cet amour dure éternellement et soit réciproque pour chacun d’entre nous. Pour moi, il est naturel de les mentionner dans mes chansons. Désolé, mais c’est une devise que je me suis fixée pour que les gens comprennent à quel point je les aime : chers parents, je vous aime du fond du cœur ! (Au cas où vous lisez cet article un jour). Ma mère, oui, elle écoute mes sons et est même fan, je dirais, masha Allah, c’est pourquoi j’essaie d’écrire sans utiliser de mots déplacés pour ne pas les choquer lorsqu’ils écoutent un de mes morceaux. Quant à mon père, ce n’est pas son truc. Il sait que je fais de la musique, mais pas autant que ma mère. Je ne sais pas s’il écoute mes chansons ou non, car il ne m’a jamais fait de remarques à ce sujet.
Parlez-nous du titre «Be Pare». Est-ce basé sur une expérience vécue, celle d’un ami, ou s’agit-il simplement d’une critique envers ce type de fille ?
«Be Pare» est un titre destiné à toute une génération. Je l’ai écrit en m’inspirant d’une fille que fréquentait un de mes frères, mais j’ai aussi voulu montrer un peu ce qui se passe actuellement au bled. Personne n’est ignorant de cela. Désolé si certaines filles se sentent blessées. Je pense que le fait d’être élogieux envers les filles est beaucoup mieux et montre aussi le respect envers les femmes. Le grand mariage ? Je ne sais pas, mais étant un fanatique de la culture comorienne, ça me traverse souvent l’esprit. Anda udjisa bo mze [le grand mariage est beau mon grand], comme vous l’avez entendu dans «Nazi Kombowa».
Le titre «Yoowa» est un magnifique morceau d’amour où l’on sent que vous dévoilez votre sensibilité, comme le montre le clip. D’où vient cette inspiration ?
Yoowa ! Quel son ! L’inspiration m’est venue en écoutant les boras [berceuses] de Zainaba Ahmed, surnommée La Voix d’or. J’aime tellement cette femme, Masha Allah ! C’est carrément ma source d’inspiration. En musique, c’est comme ma maman.
Enfin, vous avez deux titres qui évoquent des blessures, «Zi Nepvé» et «Tso Nepva», où l’on ressent une douleur d’avoir été brisé. Est-ce que SLK est un homme qui a déjà été brisé en amour ?
Permettez-moi de vous dire que ce n’est pas forcément nos expériences personnelles que l’on chante dans nos morceaux. SLK n’est pas un homme brisé, mais plutôt un homme qui voulait vraiment Nena, comme l’indique le titre du projet «Ngam neno». Néanmoins, nous avons tous connu des déceptions dans nos vies, que ce soit en amour ou dans d’autres domaines. Personnellement, jusqu’à présent, je n’ai jamais brisé personne, et je n’ai jamais été brisé. Hawu tsidji eka tsi brisé mdru kadja nambia [ou je ne sais pas si j’ai brisé quelqu’un mais qu’il ne me l’a pas dit].
Quelle est votre impression sur la musique comorienne, en particulier la musique urbaine ?
Concernant la musique urbaine comorienne, je trouve qu’elle prend une ampleur incroyable, c’est fou ! Tous les jours, on découvre de nouvelles pépites, ma sha Allah. J’espère que tout le monde continuera à travailler dur pour atteindre de bons résultats. Força !
Quel conseil donneriez-vous aux artistes émergents ?
Je pense que je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils, je suis un grand amateur du game. Néanmoins, j’aimerais qu’on s’efforce de rester soudés, aussi bien dans les bons moments que dans les moments difficiles. Laissez-moi juste faire un grand Big up à un frérot nommé Reed Blowz et lui dire que sans lui, je n’aurais jamais sorti ce projet. Merci my G ! Merci à toutes les personnes qui me soutiennent toujours ! Mention spéciale à Captain Djez. Le meilleur reste à venir !