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Musique. Portrait Dj Quiick, une autre manière de faire

Musique. Portrait Dj Quiick, une autre manière de faire

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Il s’impose comme un des meilleurs dans son art grâce, notamment, à des concepts qui l’ont rendu très particulier

 

Influencé par le Comorien Dj Scoto et inspiré du centre-africain Boddhi Satva, Dj Quick défie aujourd’hui les lois des platines et propose des concepts qui le distinguent bien des autres Dj de la place. C’est tout en enfant, à 12 ans que le natif de Male ya Mdjini a mixé devant un public pour la première fois à la salle d’Al Camar à Moroni. Avant cela, il animait déjà à Radio Scoto : «C’est en 2001 que j’ai joué pour la première devant un public. Je crois que j’avais déjà le rythme dans le sang. Le public ayant été plutôt réceptif, cela m’a encouragé à suivre cette voie». Cela n’était facile de confier toutes ces machines à un enfant de 12 ans, mais heureusement Dj Scoto avait une confiance absolue en moi vu mon amour pour les platines. Merci pour cette confiance. C’est grâce à lui que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui», se rappelle Dj Quiick, Loutfi Youssouf Moussa de son vrai nom.


Assuré des premières parties d’artistes internationaux en concert aux Comores, ça lui connait. Au tout début des années 2000, il avait animé la première partie de Dj Jacob au stade de Moroni avant de récidiver avec le Zouk loveur martiniquais, Nichols puis la chanteuse Kaicha. Ce n’est pas tout. Il, ainsi, eu à mixer pour la première partie du concert du chanteur tanzanien Diamond Platnumz puis de la Zanzibarite, Nancy. «Au Maroc où j’ai faits mes études universitaires, j’étais plus boite de nuit qu’animation en concert», aime-t-il à préciser.

Un Salim en Afro?

Aujourd’hui Dj Quiick est connu pour ses innovations et son inspiration. En 2023, il a sorti un Best’of de cinquante minutes sur les sons du rappeur Chucky Mista Res. Un régal si l’on en juge par l’accueil enthousiaste du public. Mais, pour lui, ce ne fut pas une première. Il y a dix ans, il avait rassemblé une pléiade de rappeurs sur un seul mix. Aujourd’hui, Best’of Chucky a passé la barre des mille steams sur la plateforme audiomack avec ses vingt-cinq titres… tonifiés par Dj Quiick. Jamais un Dj comorien n’avait tenté cette expérience qui, peut-être, va influencer les autres et les inciter à innover, histoire de tuer les redondances.


Dj Quiick a appris sur le tas. Il n’y avait pas, en effet, de formation spéciale, il fallait mixer à l’oreille : «J’avais un kiff à regarder opérer Dj Scoto. Je m’en suis inspiré avant d’y apporter des touches propres. C’est là où tout à commencer. Je regardais et appliquais directement. Avec les années grâce à internet et les tutoriels, j’apprends bien des choses. Aujourd’hui, il rêve de mener une collaboration avec Salim Ali Amir qui a bercé tant de jeunes depuis des décennies : «J’essaie d’imaginer un Salim en Afro. Avec notre langue on peut toucher beaucoup de monde dans ce rythme», se projette-il.


Si le public comorien se souvient encore de la prestation du chanteur camerounais Tayc au stade Maluzini en août 2022, il se rappelle forcement de la première partie de Dj Quiick. Ce soir-là également, il a présenté un autre concert qui le distingue des autres Dj de la place avec un mélange d’amapiano accompagné des coups de Djembé du percussionniste professionnel, Tchatcha Man, qu’on ne présente plus en terre musicale comorienne. Les deux complices ont chauffé le stade Maluzini tel une beach party aux plages de Rio.


«Pour moi, ma première partie au concert de Tayc est, jusqu’à là, mon meilleur show. Tchatcha Man et moi avions fait une prestation qui, je pense, restera gravé dans la mémoire des mélomanes. Le public, nombreux, a été réceptif et totalement acquis. C’était un réel plaisir de jouer avec Tchatcha Man. Il a su me suivre avec sa passion de l’afro. On jouait sur de la musique sud-africaine que j’affectionne beaucoup. Je suis un gros chercheur de sonorités. J’ai été généraliste et aujourd’hui, je me suis vraiment spécialisé dans l’afro», a précisé le diplômé en droit des affaires.

Ne pas se laisser prendre dans un moule

A l’occasion du Disa Festival, où il a eu à donner des formations en djing, Dj Quiick avit également montré une autre manière de mixer pendant les Battles de danse. Lors du Battle of The Legends à la place de l’indépendance, il n’a pas été question d’enregistrer les mix pour faire bouger les danseurs mais plutôt de tout faire en même temps qu’eux. Quiick est aujourd’hui l’un des rares, si ce n’est le seul, aux Comores qui ose aller au-delà de ce qui a toujours été proposé.


«Aux Comores le métier de Djing évolue de plus en plus, bien qu’on soit un peu éparpillé. Cela va faire plus de quinze ans qu’on essaie d’arracher le pouvoir aux Dj. C’est le public qui décide alors qu’à la base, c’est le Dj qui mène le mouvement. Le Dj devrait faire découvrir de nouveaux mondes au public ce qui n’est pas le cas. Ce dernier demande juste ce qui est en vogue sur le web. C’est la dictature du public. Ce qui est dommage pour nous qui ne voulons pas nous laisser prendre dans ce moule», regrette Dj Quiick.

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