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Musique. «Kalam Na Ngono» Quand Sax murmure l’amour avec grâce

Musique. «Kalam Na Ngono» Quand Sax murmure l’amour avec grâce

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Plus qu’une simple collection de sentiments, l’artiste propose un voyage intérieur, une introspection portée par la sincérité

 

Après s’être fait remarquer avec Weu, un EP lumineux et intimiste, Sax revient avec Kalam Na Ngono, un nouvel opus de huit titres où le sentimental se décline sous toutes ses formes, de la passion au manque, au désir, à la douceur, aux blessures, à l’espoir. Dans la continuité de l’esthétique musicale, ce nouvel EP explore les vibrations du cœur avec une sincérité rare et un groove maîtrisé dans la délicatesse, sans compter une ouverture douce et sensuelle. Dès les premières notes, en effet, l’auditeur est plongé dans une atmosphère feutrée.

Allo! Allo!, djusa etelefoni / Allo! tsilembeleya

Le premier titre, Allo!, ouvre la voie à un univers tendre où la voix de Sax épouse des sonorités soul mêlées à des touches afro-acoustiques. Il y chante le manque de l’être aimé avec pudeur, dans un langage simple, mais, cependant, empreinte d’une grande poésie. «Tsi suraya no tsi dzina / eshanidjipvia nawe izo twabia / Kutsi wa matratra namihima / Yapvo nge nibulie yeroho nike hudjima. Tsi suraya no tsi dzina, eshani djipvia nawe izo twabia / Kutsi wa matratra namihima, Yapvo nge nibulie yeroho Nike hudjima / Allo! Allo!, djusa etelefoni / Allo! tsilembeleya we ngodjuwo tsifu tsende pia hawe», y laisse entendre Sax.

L’amour comme force et vulnérabilité

Sur Kalam na gono – le morceau-titre – Sax célèbre l’acte d’aimer à travers les mots : ceux qu’on dit, ceux qu’on tait, ceux qui guérissent ou qui blessent. La chanson pose le ton. Il ne s’agit pas de séduire à tout prix, mais d’exprimer avec justesse ce que l’on ressent. «Tsidjohandza nidjuwe esababu yahe zetabu zinu / Tsidjo handza nidjuwe hadisi yahe lepica linu / Tsidjuwa huka rifanya zindji zatsu lazimu / Ngamhutadjio urentsi yezililo / Ritsiodjihadaye ngowono heli emayingu yalo madu / Yezihuhozao tsindizo sha nde hamu / Zedja ndziro tsini hadi, heza djimbo / yeka zihushia ngamdjo hazima ekalamu ne ngono / Ekalamu ne ngono, ekalamu ne ngono», décline l’auteur dans ce titre qui entremêle des sonorités douces et un peu d’amapiano.


Dans Marahaba, il y a un peu de l’artiste de twarabu, Ardy, connu pour ses lyrics d’amour réputés envoutants. Est-ce un manque d’inspiration pour Sax ou un hommage à ce grand chanteur de Mistudje dans le Hambuu. Dans Sumu, l’artiste propose un mélange d’amour propre à la mélancolie où l’on se perd parfois, la magie de la poésie, peut-être… «Karadhi wewuka sumu wuniuwe, uke sindzanu unirunge, wuke fundi unifunde / Tsidjo handza uke nyoshi uniume, uke zamzamu nihunwe / Uke ntsindzi uni siuse / Yapvo nambie huka ngonandzo / Yapvo nambie huka ngonandzo», propose-t-il. 


Wakati (le temps), probablement l’un des titres les plus forts de l’Ep, aborde la complexité des sentiments. Sax y chante la fragilité d’un amour menacé par l’orgueil et les non-dits. La mélodie, sobre et lancinante, accompagne un texte poignant qui évoque la douleur de ne pas savoir si l’on est encore aimé ou pas. Toutefois, il ne faudrait pas croire que l’opus verse uniquement dans la mélancolie comme le titre Maruru. Sur Ndawe ou Mahaba, par exemple, Sax retrouve des rythmes plus chauds, plus enjoués.
Les percussions et des sons de guitares dansantes s’invitent, et l’amour devient ici source de joie, de fête, d’abandon au bonheur simple d’être avec l’autre.

Une identité affirmée

L’ensemble de l’EP est porté par une production sobre mais élégante. Les instrumentations acoustiques côtoient des éléments électroniques bien dévoilés, au service de la voix de Sax, toujours juste, toujours expressive. L’artiste reste ancré dans une esthétique afro-soul et comorienne contemporaine, sans, donc, jamais renier ses racines.
Avec Kalam na ngono, Sax signe un EP qui semble abouti, personnel, et résolument tourné vers l’émotion.

Plus qu’une simple collection de chansons d’amour, il propose un voyage intérieur, une introspection portée par la musique. L’amour n’est pas ici idéalisé, il est vécu, senti, parfois douloureux, mais toujours vibrant. «Avec Kalam na ngono, j’avais besoin de me livrer sans filtre. C’est moi dans toute ma complexité. J’ai voulu écrire sans calcul, poser des mots là où ça brûle, où ça doute, où ça aime fort. C’est un Ep qui parle vrai, qui ose, qui cherche l’équilibre entre ce qu’on ressent et ce qu’on tait», décrit l’artiste.

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