En soixante secondes, le rappeur Cheikh a fait encore des siens avec un petit clip plutôt accrocheur qui met l’accent sur les problèmes récurrents d’approvisionnement en eau dans le pays. Comme une trainée de poudre, la vidéo intitulée «Mbamadji Basi» et ses messages poignants a rapidement inondé la toile. Mbamadji Basi (rien qu’un peu d’eau!), c’est ce que demande le patron du label Watwaniya Production, tout comme la majorité des habitants de la capitale comorienne. Ici, avoir un peu d’eau pour se baigner, préparer à manger, faire la lessive ou la vaisselle, relève, encore et toujours, du parcours du combattant.
«Mrenge omwendje, mritrie hidzani,
Mweshinda namhobowe hata legwe,
Mvurize leputu, mritrie izarani
Mweshinda namritsambazize emarengwe
Namrigamatre, mritrie magobani
Mweshinda namritsanganye mrireme ngwe
Mtsirentsi horipuwa sheo, Kotabu
Namzidi leboneyo, Kotabu
Karitsuhandza mabadiliho
Ngarandzo mbamadji bass bass bass
Ngarandzo mbamadji bass bass bass»,
crie «le» Cheikh plongé dans le désarroi, la tristesse, dans une forte colère avant de finir en larmes.
Treize ans après la sortie du morceau Kapvu dans lequel, le Cheikh s’indigne contre les multiples pénuries et privations auxquelles le Comorien est trop souvent confronté, notamment la crise de l’eau, c’est encore le cas en 2023.
La Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) n’arrive toujours pas à approvisionner la capitale du pays et, encore moins, au-delà. Avoir régulièrement le précieux liquide est un luxe auquel les citoyens n’ont pas toujours droit. L’expression, «l’eau est source de vie» ne semble pas avoir de place à la Sonede. Dans cet extrait qui a toutes les chances de devenir son prochain morceau, Cheikh Mc égraine beaucoup de problèmes mais il insiste surtout sur l’approvisionnement en eau car «l’eau, c’est la vie».
Il y a déjà 13 ans
Certains mélomanes ont l’impression que Cheikh Mc se répète, pour les autres c’est juste parce que les problèmes n’ont toujours pas eu de solutions. En 2010 dans son album «Enfant du tiers monde», le rappeur s’était demandé : «Ye pvatsina madji ngamdjoyenshi dje?», Selon toute vraisemblance, la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux, n’a pas encore la solution.Les quartiers nord de Moroni, vraisemblablement plus impactés que le reste de la ville, se voient obligés de recourir aux vendeurs d’eau ambulants. Ces derniers rendent, indéniablement, un service sans lequel Moroni serait invivable avec ces robinets d’où ne coulent jamais rien ou presque. Toutefois, il faut bien se demander à qui profite ce marché très lucratif de vente d’eau par jerricans?Est-ce vraiment si difficile d’approvisionner en eau une petite capitale comme Moroni dans un pays où l’eau abonde naturellement?