Les rappeurs Titi le fourbe et Bil Wiz viennent de sortir sur les plateformes légales, Mwana damu**. Un Extended play (Ep) de huit titres aux textes engagés qui sortent parfois de l’ordinaire. Il faut dire que l’oeuvre n’est pas passée à l’abri des critiques. Sur la toile notamment, certaines de ses positions philosophiques sont traitées de blasphématoire.
Des propos du morceau Bungu, notamment, suscitent une vive colère de beaucoup qui estiment qu’ils attribuent à Dieu, “Le créateur” des aspects humains. Le premier morceau a été rappé sur la musique du générique du célèbre film, Le messager*, sur la vie du prophète de l’islam, Mohamed. “Nous n’avons rien à dire à ceux qui trouvent que le projet est blasphématoire. Nous avons écrit ce que nous pensons. C’est notre point de vue, le public aura le sien. Nous ne sommes pas là pour nous chamailler et, heureusement, peu de gens le trouvent blasphématoire”, se défend Bil Wiz avant de se “réjouir” de l’accueil réservé à leur projet.
“L’Ep a trop de confusions. Il fait peur, il est sombre”, déclare Abdoul-rahff. Face à ce genre de critique, repris en boucle sur les réseaux sociaux, le slameur Antoy Abdou n’est pas “étonné”. Selon lui, “quand un artiste parle de Dieu, c’est souvent sujet à polémique même dans les sociétés les plus ouvertes d’esprit (…). Il estime que depuis le dernier album de Cheikh Mc, Mwana damu est le projet rap “le plus engagé”.
La société a tendance à prendre tout au premier degré. Mais, comme a dit le dramaturge Soeuf Elbabawi dans nos précédents numéros, “on ne crée pas nécessairement pour caresser l’opinion dans le sens du poil. Il faut parfois repousser les limites pour pouvoir suggérer d’autres possibles (…)”.
“Le projet en soit est authentique mais surtout philosophique. Il nous emmène à réfléchir sur la manière dont on conçoit et vit en tant que religieux”, a soutenu, pour sa part, l’enseignant en éducation morale et civique, Youssouf Alihamidi. Produit par le rappeur Don-D, Mwana damu dégage des pensées philosophiques, des figures de rhétorique et une création de nouveau mots pouvant enrichir le Shikomori.
Une audace sans précédent
Rien que dans le premier morceau, un cocktail de musicalité ressurgi avec un mélange de son occidental et oriental. “C’est un projet très réussi, la musique est dans l’air du temps, les textes sont d’une grande profondeur. Aucun rappeur comorien n’a fait preuve, jusqu’ici, d’une telle audace. Les punchlines sont bien agencées. Il est aussi drôle que choquant pour certaines personnes”, soutient le slameur Antoyi Soule.
Mahdawi Ben Ali