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Mwegne M’madi. L’artiste, l’artisan et le fer

Mwegne M’madi. L’artiste, l’artisan et le fer

Culture | -   Elie-Dine Djouma

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Dans son atelier de soudure sis à Moroni Hadudja, l’artiste crée et transforme la matière en s’aidant d’un équipement parfois mis au point par lui-même. A la clé, des créations à couper le souffle. Connu auparavant uniquement pour ses talents de musicien, il mélange, désormais, avec un bonheur assuré la touche de l’artiste à celui de l’artisan.

 

Et si on se «payer», en l’espace de quelques minutes, une ballade dans la peau d’un «artisan d’art»? Mais pas n’importe quelle peau parce qu’il s’agit de celle du musicien de Dzendze, Mwegne M’madi. Celui-là même qui, désormais, manie le fer avec tant d’agilité.


Bienvenu dans cet atelier de Moroni Hadudja où tôles, fers sont travaillés et transformés à coup de marteaux et diverses machines pour des créations à couper le souffle. Ici «rien», comme dirait l’adage, «ne se perd, tout se créer et se transforme».


Contrairement aux habitudes dans le métier, Mwegne M’madi recourt beaucoup, pour se faire, à des machines qu’il a lui-même créées : «Quand je suis bloqué sur une création qui demande une machine que je ne dispose pas, je m’oblige à en créer une. Je n’aime pas dire qu’une telle réalisation ou une telle autre n’est pas possible. Avec moi, tout doit l’être. Aujourd’hui, grâce à des tutos sur Youtube, j’ai appris à créer des machines qui me facilitent le travail. Du coup, ici tout doit être Made in Comores, de la machine à la création», résume le soudeur.


Le métal s’apparente de plus en plus à une matière qui s’offre à la création artistique. Mwegne M’madi et ses nombreux disciples croulent sous les commandes, dans cet atelier où il est formellement déconseillé de reproduire des créations d’autres artisans. Chaque pièce doit être unique. Objets décoratifs, créations architecturales, grilles et autres poubelles, Mwegne M’madi nous fait découvrir d’autres facettes de ce métier d’artisan d’art mêlant à la fois savoir-faire traditionnel et innovation artistique. Si la plupart du temps il façonne le fer, il lui arrive de travailler également sur l’acier, le cuivre ou encore l’inox.


«Il me faut dépasser le statut de l’artisan standard, celui qui se limite à reproduire les mêmes schémas des années durant. J’innove chaque jour. Je mélange mon esprit artistique à mon savoir-faire d’artisan pour des créations singulières», tient-il à renchérir.Actuellement le musicien travaille sur la fabrication de Ndzendze en tôle. Une nouvelle création qui entend offrir d’autres notes et sonorités qui n’existent pas encore dans le Ndzendze ordinaire aux cordes en nylon ou acier.


«La meilleure manière de soutenir l’économie locale serait de privilégier l’artisanat. Aux Comores malheureusement, tout le monde veut travailler derrière un bureau. La fabrication et la consommation locale peuvent contribuer à la promotion d’une économie plus active. Cela favoriserait la création d’emplois, la transmission de savoir-faire la pérennité et l’épanouissement de compétences rares», s’est laissé convaincre Mwegne M’madi, le pionnier.

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