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Médina à inscrire au patrimoine mondial (suite) I Mtsamdu ya Ndzuani et Ikoni,des symboles de la période sultanesque

Médina à inscrire au patrimoine mondial (suite) I Mtsamdu ya Ndzuani et Ikoni,des symboles de la période sultanesque

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Nous continuons notre série de présentation des médinas des Sultanats historiques des Comores dans le cadre du projet du dépôt du dossier au patrimoine mondial de le l’Unesco prévu à la fin de ce mois de janvier. Après Domoni ya Ndzuani et Itsandraya, place aux splendeurs des médinas d’Ikoni et de Mtsamdu.

 

La médina de Mtsamdu ya Ndzuani, à l’instar des cinq autres médinas retenues sur la liste des biens à inscrire au patrimoine mondial, propose une potentialité touristique importante. Aujourd’hui, la Citadelle reste le monument le plus visité de cette cité maritime du XIVè siècle. Construite de 1782 à 1789 sur la colline de Sineju par le sultan Abdallah 1er, cette forteresse militaire à vocation défensive est, aujourd’hui encore, le symbole de la résistance contre les razzias malgaches qui ont, longtemps, fait fureur aux Comores et connu pour les pillages et les captures d’esclave, entre autres choses.

 

Lieux à visiter dans la médinas de Mtsamdu :

Le Palais des sultans : Ujumbe
Le Palais Singani avec sa porte cloutée, ancien palais du sultan Salim II (1840-1855), père du sultan Abdallah III, Mawana (1855-1891).
La Mosquée de vendredi avec sa façade principale, son bangwe, le mihrab et le mimbar
La Zawiya Shadhuliya et ses tombes
La Zawiya Rifâ’iyya avec sa coupole intérieur et ses tombes
La grande porte de Mvuriyapaju
Les multiples ruelles bordées de boutiques
L’espace urbain couvert (Vuvuni mwa dari), «Gerezani» ou «Shataraju», place publique située à côté de la mosquée
Le tombeau du sultan Alaoui 1er qui a régné de 1803 à 1822 après avoir renversé son beau-père, le sultan Abdallah 1er (1772-1803).
Le lac du mariage «Dziya la Harusi» 
La Citadelle avec ses 280 marches, construite sur un monticule «Sineju» dominant la cité par le Sultan Abdallah 1er de 1782 à 1790 et dotée de canons britanniques et français


Le site est caractéristique de ses plusieurs canons pointés en direction de la mer et destinés à faire, rapidement, face aux assauts des pirates. Pour accéder à ce monument, il faut remontrer une série d’escaliers de deux cent quatre-vingt marches reliant le site au palais. Selon Gervey (1867), cette forteresse a été entourée d’une muraille crénelée et percée de canon meurtriers flanquée d’un donjon de deux tours carrées.La ville de Mtsamdu renferme un ensemble de bâtiment d’habitation et de commerce, palais, tombeaux de personnages emblématiques du monde religieux et politique, ainsi que de lieux de culte. Ces édifices ont subi de nombreuses modifications depuis leur construction à partir du XIVème siècle. Toutefois, le palais Ujumbe garde son authenticité avec une architecture qui plonge le visiteur dans l’ère de ces sultans qui ont marqué une bonne partie de l’histoire des Comores.

Plusieurs traités historiques

Le palais Ujumbe de Mtsamdu est, également, un lieu historique qui a vu la signature de plusieurs traités, notamment le décret de l’abolition de l’esclavage en 1882, ou encore l’accord de protectorat par la France en 1887. Ce palais a perdu son statut en 1909 avec le décès du dernier prince – le petit-fils d’Abdallah 1er –Saïd Omar dit Sidi. Cet ensemble fait de palais, mosquées, de cimetières de familles de sultans et de la citadelle, constitue le cœur de la richesse historique de la médina et en a fait l’objet d’études.«La médina de Mtsamdu, tout comme les autres, est connue pour sa richesse historique. Elle est également célèbre pour son aspect sociale, la convivialité des gens, le sourire permanent. Sur place, on ne se sent jamais étranger. La spécificité de cette médina est plutôt la fraicheur du bon matin de l’étroitesse des ruelles. Il y a aussi la sécurité qui est un point important vis à vis des touristes», apprécie le directeur régional du Cndrs antenne de Ndzuani, Missoubahouddine Ben Ahmed.

Palais, mausolées, bangwe, portes monumentales, etc.

Pour sa part, la ville d’Ikoni reste l’une des villes ancestrales du XII siècle et fut, pendant longtemps, la capitale de l’île de Ngazidja. On y trouve encore les ruines du palais des sultans de Bambao qui y ont habité entre le XVIè et le XIXè siècle. Construit à quelques mètres de la mer, ce joyau attire l’œil par son architecture qui a fait s’entremêler un savoir-faire local et portugais. Par cette architecture, le palais kapviridjewe se distingue d’ailleurs des autres palais des médinas des sultanats historiques des Comores.

Au sommet de la colline se dressent encore les murs d’enceinte où se retranchaient les habitants en cas de guerre. Contrairement aux autres médinas, celle d’Ikoni a construit ses remparts sur la colline pour y faire abriter les femmes, les enfants et les habitants les plus âgés. Les guerriers restaient dehors avec les falaises qui pouvaient leur servir de véritable bouclier. En plus des palais et mausolées, la ville regorge de places publiques bordées de portes monumentales aux décorations saisissantes. La plus célèbre est la place dite Bishioni, qui a marqué et continue d’influence la vie de la cité et de ses habitants.

Lieux à visiter à la médina d’Ikoni :

Ruines d’anciens palais
Le palais Kapviridjohe.
Les places publiques bordées de portes monumentales dont les plus connues sont Mkorobwani et Djumba lamrenu.
Le lac naturel autour duquelle se trouvent trois mosquées avec leurs cimetières et des mausolées de chefs religieux.
La djabal (colline surplombant la ville) riche en histoire et d’où de vaillantes femmes venaient se jeter pour éviter d’être soumises à l’esclavage


Littéralement, Bishioni renvoie à Besheo, endroit où l’on cache. C’est ici qu’on fabriquait la corde traditionnelle dite de hamba, une activité qui était réservée aux femmes, particulièrement. Elles venaient y enfouir les coquilles de noix de cocos qui allaient, plus tard, servir à fabriquer les cordes. Comme pour l’ensemble du territoire comorien, la médina d’Ikoni recèle plusieurs monuments à vocation religieuse allant de mosquées à des zawiya.La zawija Shadhuliyi est le lieu principal où les adeptes de la confrérie Shadhuliyi se réunissent à la fois pour prier mais aussi pour les activités liées à leur corporation. «Cette confrérie se veut unificatrice des sociétés comoriennes. Elle a apporté l’unité et la paix dans une certaine mesure et a consolidé les us et coutumes comoriens», soutient un expert national qui travaille sur le dossier d’inscription des médinas des sultanats historiques des Comores au patrimoine mondial.

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