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Médinas des Sultanats historiques «en marche vers l’Unesco» I Un séminaire pour maintenir la flamme

Médinas des Sultanats historiques «en marche vers l’Unesco» I Un séminaire pour maintenir la flamme

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Avant de partir le défendre à l’Icomos, le 22 novembre, les experts ont présenté le dossier comorien déposé à l’Unesco par le président de la République

 

Le 18 novembre, dans une salle où résonnaient autant les voix des experts que l’écho des siècles passés, le Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs), en collaboration avec les autorités communales, la délégation permanente des Comores auprès de l’Unesco et l’ambassade de France, a tenu un séminaire national consacré à la présentation du dossier d’inscription des Médinas des Sultanats historiques des Comores au Patrimoine mondial de l’Unesco.


Une question simple et essentielle a guidé les échanges. Pourquoi inscrire les Médinas des Sultanats historiques des Comores sur la liste du patrimoine mondial? Au sein de l’assistance, l’atmosphère portait la gravité des enjeux, mais aussi l’espoir d’un pays qui cherche à renouer avec sa mémoire et à la transmettre intacte aux générations futures.Dès l’ouverture, le délégué comorien auprès de l’Unesco, en visioconférence, a haussé le ton : «Il est regrettable qu’on doive attende des gens venus de l’étranger pour venir sauvegarder notre Culture : j’invite les maires, les associations et toutes les autorités à se mobiliser, comme ils le font pour les matchs des Cœlacanthes, afin de faire de ce dossier une réussite».

Dr Mohamed Bajrafil a salué le travail collectif accompli pour donner forme à ce dossier attendu depuis longtemps et laissé entendre que, d’ici trois semaines, une bonne nouvelle «pourrait éclairer l’avenir du patrimoine national». De quoi s’agit-il? C’est la question à un million de franc. Son appel a été clair. Les experts impliqués dans la préparation du dossier ont, par la suite, déroulé le fil des savoirs. Le directeur régional du Cndrs à Ndzuani, Misbahouddine, a présenté le contexte géographique et historique des médinas, distinguant avec précision les localités anciennes des médinas «véritablement historiques».

«Repenser la place du tourisme»

Pour sa part, Oumrati Anli, a apporté un éclairage précieux sur la valeur architecturale et urbaine de ces espaces. Elle a mis en lumière les similitudes entre les médinas comoriennes notamment les modes de construction, les décors, les harmonies spatiales ou encore les traces du temps.
Le Dr Ahmed Ouled, lui, a pointé l’urgence de repenser la place du tourisme, soutenant, par exemple, que la cherté des billets d’avion décourageait les visiteurs internationaux, contrairement à certains pays voisins qui peuvent accueillir, par an, des touristes par centaines de milliers. «Les maisons dans nos médinas sont devenues des magasins alors que les touristes préfèrent les structures anciennes qui leur permettent d’être, aux Comores, dans le patrimoine du pays. La population et les maires doivent redonner vie à ces lieux avec de petits restaurants, la mise en valeur de vêtements traditionnels et des espaces culturels, entre autres», a-t-il rappelé.

Un nouveau souffle

La présentation de la «Valeur Universelle Exceptionnelle» par le Dr Toiwilou Mze Hamadi, a rappelé que les médinas comoriennes ne sont pas de simples vestiges mais des témoins du génie insulaire, de l’histoire des sultanats. Il a aussi rappelé que malgré que certains monuments se soient dégradés, beaucoup ont gardé leur authenticité, ce qui attire davantage sur l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Sur le plan cartographique, Saïd Abdallah Chehane a insisté sur l’étendue d’un héritage «qu’il faut, désormais, savoir gérer avec rigueur».


Les représentants des communes, parmi lesquels celui de Domoni ya Ndzuani, ont insisté sur l’importance de soutenir les associations œuvrant à la protection du patrimoine : «Les Comores ont d’immenses richesses. Leur avenir dépend de la sauvegarde des arts, de la Culture et du patrimoine», a-t-il martelé avant que le chargé de la Culture à la mairie de Moroni ne soutienne qu’il ne s’agit pas d’enlever les ordures dans la médina pour une occasion, mais d’en faire un lieu propre tout le temps : «nous devons sortir du provisoire!», devait-il lancer. Ce séminaire n’était pas seulement une rencontre technique, c’était un appel à la conscience nationale. Un murmure poétique rappelant que ces «vieilles pierres» ont, toujours, des choses à communiquer, à condition qu’on veuille bien les écouter.Les médinas des Sultanats historiques des Comores n’attendent plus que cela: que le pays se tienne à leurs côtés pour les porter jusqu’à l’Unesco.

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