Suite à la disparition de l’artiste Nassor Saleh Nassor, nous revenons à un portrait consacré à ce grand monument du twarab comorien, publié dans notre édition n° 2778 du mardi 13 octobre 2015.
Le chanteur Nassor Soileh Nassor, garde toujours sa fougue sur la scène musicale avec des chansons qui attirent un maximum d’admirateurs. Né le 08 août 1944 à Zanzibar, Nassor Saleh Nassor a regagné les îles de la lune, en août 1965, à 20 ans. Il a débuté sa carrière musicale depuis l’école primaire en République unie de Tanzanie. Là-bas, il a appris la poésie. Arrivé à Moroni, le jeune Nassor adhère au Moody Blues.
Il va tout de suite se faire un nom auprès des amoureux des chansons en anglais et en swahili. Deux ans plus tard, il adhère à l’Association de la jeunesse de Moroni aux côtés des wazee dont Athoumani Ibrahim, Mze Abdallah Hadji et Maabadi et d’autres grosses pointures du twarabu.
Lors de la scission de la Jeunesse de Moroni en “Awuladi El-Comores” et “Association musicale de Moroni” (Asmumo), Nassor choisi Awuladi El-Comores. C’est dans cette association qu’il se fera connaitre grâce à des tubes tels que “Mna nkame”, “Vedeti” (= le collier et “La vedette”) pour ne citer que ces deux classiquess de la chanson de twarabu. Plus tard, le chanteur devait quitter Awuladi El-Comores pour rejoindre une association de son quartier de Djumwamdji, Ngome.
“Par respect pour son titre de notable et avec les mentalités de l’époque”, ce père de cinq enfants abandonne toutes les activités associatives au sein desquelles il avait, pourtant, une place prépondérante.
Cette poésie “qui embellit”
Toutefois, Nassor devait reprendre un peu plus tard, ses activités dans la musique en participant à des concerts ou encore en prenant part à des compilations d’œuvres de twarabu et notamment à la compilation “Wazamani”* produite par Studio 1 en hommage au twarabu comorien des années 1970 aux côtés de Saïd Mohamed Saïd Chakira, Ahmed Barwani, Youssouf Mzé (Black) ou encore Mohamed Matoir.
A part la chanson, Nassor était spécialisé dans la carrosserie, un métier qu’il a légué à ses fils. Mais aussi au sport au sein du Rapide club de Moroni. Il avait, par ailleurs, embrassé une carrière militaire dans le Commando Mwasi sous la révolution swalihiste entre 1976-1977 grâce à laquelle il a pu suivre une formation à Dar-es-Salam. Mais, c’est surtout sa carrière de chanteur, ce “métier qui m’a permis de découvrir le monde”, que Nassor veut laisser dans les mémoires.
Excellent interprète, arrangeur et parfois compositeur Nassor Saleh Nassor aime beaucoup chanter, mais – ce qu’il “regrette beaucoup” ne pratique aucun instrument musical. “Mon amour de la chanson m’a valu quelque chose de très important puisqu’il m’a ouvert les yeux et m’a doté de la capacité d’être arrangeur et compositeur”, s’et-il laissé convaincre. L’ancienne vedette du twarabu, conseille à la nouvelle génération de la chanson de mettre plus de poésie dans ses textes ce qui “donne de beauté aux œuvres”.
“J’ai commencé à chanter et à danser à l’âge de la folie. Le succès est venu à cause du talent, mais surtout de ce sacrifice que j’ai dû consentir pour pouvoir produire quelque chose qui a plus à un maximum de fans”, devait-il conclure dans un entretien qu’il nous a gentiment accordé.
Bravo l’artiste, pour cela mais, surtout, pour le bonheur que vous avez mis dans tant de cœurs.
*Wazamani les années 1970