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Nico Rastaman I Ce «don du ciel» à la musique comorienne

Nico Rastaman I Ce «don du ciel» à la musique comorienne

Culture | -

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“Il y a ces batteurs qui font “poum poum tchak”, et il y a Nico Rastaman”, disent certains. Celui-là même qui a accompagné de grands artistes comoriens au pays comme à l’international. “C’est la musique qui m’a choisi et non le contraire. Je suis né à côté du Zawia Shadhulia à Moroni et j’ai été bercé par les chants Soufis et le rythme du Lihadji dès ma plus tendre enfance. Je pense que c’est dans ce lieu de prêche que la musique est entrée en moi”. Portrait.

 

Pour beaucoup d’amateurs et passionnés de live, le visage du batteur, Nico Rastamane n’est pas à présenter. Moins encore lors du concours de la chanson, Nyora, où les plus jeunes l’ont découvert. Nico “Rastaman” a déjà accompagné une vingtaine d’artistes dans des tournées aux Comores et à l’étranger. Ce qui lui vaut la reconnaissance des meilleurs chanteurs de la place. De Salim Ali Amir à Soulaymane Mze Cheikh en passant par Dadiposlim ou encore Ikram Ben Chaher, un qualificatif revient pour définir le natif de Moroni : “talentueux”.


“En tant que musicien, il est formidable. Il maitrise tous les rythmes et joue tous les genres, du twarabe aux genres étrangers. Il a tout pour être un bon batteur. Il lui arrive aussi de ne pas avoir confiance aux autres dans certaines situations, mais ce n’est peut-être pas de sa faute. On l’a obligé à l’être, parfois. Il est très poli”, estime Salim Ali Amir.


Influencé et s’inspirant des batteurs comoriens tels que Maître Ignace, Chebli, Garcapé ou encore Sedo, il n’a pas fallu beaucoup de temps à Nico pour réaliser qu’il pouvait faire une longue et belle carrière, le pied sur la grosse caisse. Il a quitté l’école en classe de 5eme pour se consacrer au quatrième art. “Je n’ai pas choisi la musique, c’est plutôt elle qui m’a choisi. Je pense que j’ai le rythme dans le sang.

Je suis né à côté du Zawia Shadhulia au quartier Traleni à Moroni et j’ai été bercé par les chants Soufi et le rythme du Lihadji dès ma plus tendre enfance. Je pense que c’est dans ce lieu de prêche que la musique est entrée en moi. Heureusement, lorsque j’ai abandonné l’école pour me mettre à la batterie, ma famille ne l’a pas mal pris, au contraire, elle m’a soutenu et je l’en remercie”, se rappelle celui qui a accompagné, en 2005, la chanteuse Nawal à l’institut du monde arabe à Paris.

«Talentueux, poli et rebelle»

Nico et la batterie, c’est l’histoire formidable d’un musicien à l’aise aussi bien dans la musique comorienne, le reggae et ainsi que les classiques européennes. Ce qui lui a permis d’accompagner tous, ou presque, les grands noms de la musique. Il a mis ses baguettes magiques au service de Chamsia Sagaf, feu Adina, Salim Ali Amir, Mwegne M’madi, Dadiposlim, Nawal, Soulaymana Mze Cheikh, Moustoifa Idarousse, Nassadja, Maalesh, le groupe Djadid El-fahar, Mwezi, Shiwe. La liste est tellement longue. Aujourd’hui, il n’a aucun problème à se mettre au service des nouveaux venus.


“Noco Rastaman est de loin le meilleur batteur de sa génération. Une fois, il nous a accompagnés en tournée à Ndzuani en tant que choriste. Quand notre batteur, Sedo, est tombé malade, sans aucune répétition, Nico Rastaman a pris sa place et nous a sauvés. C’était impressionnant. Depuis, Sedo est parti avec Maalesh et Nico est devenu le batteur principale de Mwezi. Nico est à la fois talentueux, poli et rebelle”, semble convaincu Soulaymane Mze Cheikh.


Hormis la batterie, Nico est à la fois chanteur et auteur-compositeur. En matière de reggae, le batteur professionnel s’est fait découvrir à travers des morceaux comme Ngamhandzo ou encore Maesha. Il y appelle les jeunes à se prendre en mains. Il devait, ensuite, faire sensation au groupe Black Saian avec Mwana mkomori.

D’ici et d’ailleurs

“Nico sait jouer et chanter en même temps. Ce n’est pas donné à tous. Il compose et chante super et ne vit que par la musique. Si seulement les artistes pouvaient se réunir pour faire un truc pour lui venir en aide dans cette période de Coronavirus, ça serai chouette. Je serai même aux premières loges”, plaide Salim Ali Amir.
Découvert par Kassim Ben Djoma et initié par Saïd Ali Soultoine, Nico Rastaman a fait ses débuts sur scène en 1992 avec le groupe, The five fingers à Al Camar lors d’un concert de Salim Ali Amir.

Depuis, il est passé au groupe Etoile des orphelins, Blue Jeans et Mwezi. Le batteur a explosé et est courtisé par des chanteurs de renom d’ici et d’ailleurs. Le Festival Créole à la Réunion, une tournée à Paris, Marseille, et Nantes avec Maalesh, en 2007 avec Salim Ali Amir lors d’une semaine culturelle des Comores à Paris, le Festival Dunia à Madagascar avec Adina, le festival Mila Tsika sur l’île comorienne de Mayotte avec Mwegne M’madi.


“Il est très ouvert malgré l’apparence. C’est un roots. Il est à l’écoute. Il est complet”, résume le guitariste, Ikram Ben Chaher.“La tournée qui m’a le plus marqué, est celle de la journée mondiale des handicapés où j’ai accompagné le groupe Shiwe à Mayotte. Etre derrière Mshawasha, Zigler et les autres handicapés et les voir danser avec tant de qualité, chacun bien adapté à son handicap, c’était super émouvant. J’ai même eu les larmes aux yeux. C’est le groupe avec lequel je tiens beaucoup à refaire une tournée”, a conclu Nico, les larmes aux yeux. En plus…

Mahdawi Ben Ali

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