Constitué de sept sites à la fois naturels, historiques et culturels, le parc national Karthala offre un éventail de potentialités pour le développement écotouristique, les découvertes et la recherche scientifique. Le plus attractif de ces sites reste la Caldeira du volcan Karthala. Ce dernier, représente le plus haut sommet des Comores et culmine à 2.361 m d’altitude, soit 270 m de moins que le Piton de la Fournaise (2631 m) de la Réunion. Le Karthala développe ses reliefs sur plus des deux tiers de l’île et communique avec de nombreux cônes volcaniques disséminés sur les différentes régions. Son cratère surprend à la fois par sa forme de trèfle et ses cheminées surnommées Shungu Shanyumeni (nouvelle cheminée) et Shungu Shahale (ancienne cheminée).
Le Karthala est revêtu d’un manteau forestier d’où on y rencontre des arbres d’intérêt économique comme le bois rouge et de superbes fougères arborescentes. Il est également constitué d’une forêt à la fois humide, arbustive et montagnarde qui renferme 195 espèces réparties dans 133 genres et 65 familles. On y trouve dans sa flore ligneuse, 95 espèces appartenant à 82 genres et 45 familles.
Trente-sept espèces d’orchidées
«Sur ces sols riches se trouvent des forêts dont une partie reste sérieusement menacée est en voie de disparition rapide. Ces forêts sont en majorité transformées en parcelles agroforestières privées», précise un guide de la localité de Bahani, Ali Djae Youssouf.
Le zonage du parc national Karthala permet de différencier les zones de protection pures, les zones de développement, les zones périphériques et les zones à vocation particulières. À 1.070 m d’altitude au pied nord du Karthala, se situe le site du Lac Hantsongoma, un des deux lacs de Ngazidja à caractère naturel. Il couvre une superficie de 946,4 hectares. Il est constitué d’un fond à cratère pouzzoulanique de 50 m de diamètre et de 3,5 m de profondeur. Son volume d’eau s’évalué entre 4.500 et 6.000 m3. «Les visiteurs par leur quantité croissante de macro déchets plastiques non biodégradables, constituent aussi un facteur important de dégradation. Heureusement que les guides s’y rendent souvent et font le ménage», explique Ali Djae Youssouf.
Au tour de ce lac à caractère permanant, se trouve une mosaïque de forêts sèches et humides riche en orchidée. Trente-sept espèces d’orchidées y ont été répertoriées ainsi que des sélaginelles. «Nous avons réaménagé le jardin botanique de Nyubadjuu et des projets de balisages de plusieurs sites sont d’ores-et-déjà en court, notamment au lac Hantsongoma», a précisé la conservatrice du parc national Karthala, Rahamata Ahamada.
À côté du lac Hantsongoma, se trouve également la grotte du capitaine du Bois (Panga la yilimantsode), un monument naturel et historique. Ce lieu servait de refuge du temps des exploitations agricoles. La grotte jouit d’un microclimat agréable même en temps de pluie.
La grotte du capitaine Dubois
Capitaine Dubois est un militaire qui avait commandé le détachement des troupes coloniales venu dans l’île en 1891. Après s’être mis en disponibilité dans l’armée, il revint aux Comores pour s’établir comme colon. À ce titre, il devint le topographe d’un autre colon, Léon Humblot. Le Capitaine a été l’artisan du tracé qui délimitait toute la zone centrale de l’île ainsi que ses hauteurs. C’est donc en parcourant la région montagneuse de Bahani qu’il découvrit cette grotte caractéristique, creusée dans un cône volcanique et constituant un excellent refuge contre des ennemis potentiels.
C’est dans le Hambuu plus précisément à Djumwashongo où se trouve Nyumbadjuu, communément appelé Shongodunda. Un site de la réserve communautaire forestière couvrant une superficie de près de 240 hectares entre 545 et 1.000 mètres d’altitude. Après un sentier de deux kilomètres, de Djumwachogo, se trouve l’ancienne scierie de Léon Humblot et les bâtiments administratifs des années coloniales. En l’occurrence, les écuries, l’hôpital, la prison, les logements ainsi que le cimetière où repose le botaniste français, Léon Humblot, appelé aussi le sultan blanc.
Des sites accessibles
La forêt de Nyumbadjuu, constituée d’une mosaïque de forêts galeries et de forêts humides, est un des derniers vestiges de la forêt de basse altitude, maintenant disparue des autres versants du Karthala. Entre 500 et 700 m d’altitude, se trouve une végétation dominée par des espèces exotiques envahissantes, notamment le Psidium cattleianum. De 800 à 1.200 m d’altitude s’étend une forêt dense humide sempervirente de 20 à 30 m de hauteur dominée par les fougères arborescentes. Cette formation végétale présente une richesse floristique comprenant 84 espèces appartenant à 70 genres et 46 familles dont l’Acajou des Comores (Khaya comorensis) qui représente 15% de la composition floristique du site, Filicium decipiens, Dombeya condensata et Olea lanceolata.
La forêt de Nyumbadjuu, comme l’ensemble de la forêt du Karthala, constitue l’habitat d’espèces uniques d’oiseaux et de papillons comme le Mylothris humbloti. «La population riveraine, organisée en association des Amis de Nyumbadju, a pris l’initiative de créer un Jardin Botanique, de rénover les bâtiments et d’aménager le site et les sentiers pédestres avec l’appui du Pnud, de l’Afd et des Usaid Peace-Corps».
C’est dans la ville de Mvuni où se trouvent les deux derniers sites du parc national Karthala, Boboni et le Belvédère. Boboni a été un village industriel connu pour le sciage du bois et la confection d’huile d’Ylang-ylang. Dissimulées sous une végétation dense, les ruines métalliques et les anciennes habitations sont encore visibles et impressionnantes. Ces sites sont accessibles après environ 90 minutes de marche à pied depuis la bibliothèque de l’université à Mvuni. Selon le directeur exécutif de L’Ong Ulanga-Ngazidja, il est temps que les dirigeants du projet de ce parc prennent les choses au sérieux et commence à mener le travail sur terrain.
Mahdawi b. Ali