Les 25 et 26 juin derniers, les murs feutrés de l’Hôtel Retaj ont pris des airs de galerie vivante. Au fil des œuvres accrochées, les visiteurs ont été conviés à un voyage pictural au cœur de la femme, guidés par le regard d’une artiste franco-comorienne d’adoption : Catelina.Installée depuis plus de quinze ans au nord de Ngazidja, cette peintre, muraliste et professeure d’histoire de l’art a ouvert les portes de son univers, vibrant et engagé. À travers une exposition-vente haute en émotions, le public a pu explorer des toiles habitées par la féminité africaine, la maternité et des scènes de vie comorienne, capturées avec délicatesse et intensité.
Mais cette exposition, ce n’est pas seulement une galerie de tableaux. C’est une plongée dans une trajectoire de vie artistique que nous raconte Halouwa, sa fille, comme on déroule un album de souvenirs précieux. «Ma mère a toujours dessiné. Après son bac, elle est entrée aux Beaux-Arts à Perpignan. Pour elle, l’art n’a jamais été un choix : c’était une évidence», confie-t-elle avec émotion.
Dans chaque coup de pinceau, une silhouette de femme. Dans chaque texture, un récit de maternité, de résilience, de quotidien comorien. Car chez Catelina, la femme est muse, symbole et moteur. «Quand elle peint pour elle-même, ce sont souvent des femmes qui apparaissent. C’est son thème de prédilection», glisse Halouwa.Ce regard sensible sur la condition féminine s’enracine dans une histoire personnelle. «Elle a grandi dans un milieu matriarcal et s’est toujours engagée contre les violences faites aux femmes. Cet engagement nourrit son œuvre», précise-t-elle.
Les œuvres présentées, bien que pour certaines anciennes, racontent un parcours. Elles sont comme des balises qui jalonnent le chemin d’une artiste habitée par l’amour des Comores. «Cette exposition est une rétrospective. On a voulu la proposer pendant les vacances, comme une invitation à la découverte», ajoute Halouwa. Et la découverte ne s’arrête pas là. Une nouvelle exposition est prévue ce mois-ci. «Cette fois, ce sera autour du bleu, des visages. Une exploration plus intimiste encore», annonce-t-elle avec enthousiasme.
Techniquement, les tableaux de Catelina séduisent aussi par leur originalité. Acrylique sur bois, pastel, collage sur carton marouflé, tissus de récupération… L’artiste mêle matériaux et techniques avec une conscience écologique affirmée. «Certains tableaux sont même recto-verso : peinture d’un côté, collage textile de l’autre. Deux histoires en une», s’émerveille sa fille. Et ce regard amoureux sur les Comores transparaît dans chaque œuvre. «Au départ, elle ne pensait pas rester. Mais elle a eu un véritable coup de foudre. Aujourd’hui, elle se sent chez elle», conclut Halouwa.