logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Portrait Arts du spectacle I Naïla’s, ou la marche résolue d’un gros potentiel

Portrait Arts du spectacle I Naïla’s, ou la marche résolue d’un gros potentiel

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

image article une
Du Masa en Côte-d’Ivoire en passant par l’Arab’s got Talent et la formation en interprétation chorégraphique au Togo, elle trace son chemin dans le monde de la danse, du mannequinat, de la chorégraphie et de l’enseignement de la danse

 

«Naïla’s a un potentiel certain dans le monde de la danse. Elle a surtout une grosse soif d’apprendre. Pour moi, elle est tout juste l’avenir de la danseuse comorienne. Et pourquoi pas la future chorégraphe comorienne dans le monde des femmes». L’affirmation, plutôt tranchée, est du chorégraphe professionnel, Seush. Excusez du peu!
En décembre 2024, la danseuse professionnelle, Naïla’s, a atteint la finale de l’émission, «Arab’s Got Talent» avec la compagnie Tché-za. Un point de gagné pour le développement de la danse comorienne avec ce grand rendez-vous qui s’était tenue en Arabie saoudite.


Une chose est sûre : l’ancienne danseuse de la compagnie Afro Comoco se donne les moyens d’attendre le sommet de son art.
Deux ans plutôt, elle se trouvait à Lomé au Togo pour une formation en interprétation chorégraphique avant d’y retourner pour le «Fa’arts», baptisé rencontres chorégraphiques de Lomé et dont l’objectif est d’offrir un cadre de «professionnalisation et de formation» à de jeunes acteurs de la danse africaine.

Apprendre, enseigner, gagner

Cela a été une opportunité pour Naïla’s de se forger en diversités dans la danse africaine. C’est que le «Fa’arts» cherche à contribuer, d’une part à une «démocratisation et une décentralisation artistique», à travers des actions de soutien à la création, à la production à la diffusion et, d’autre part, au renforcement des capacités des jeunes acteurs de la danse du continent et du Togo en particulier. Armée d’une envie irrépressible d’apprendre et avant même l’âge de vingt ans, la chorégraphe de 22 ans avait déjà commencé à apprendre à d’autres ce qu’elle considère comme étant un don du ciel.

A commencer par la danse Afro au Centre de création artistique et culturelle des Comores (Ccac-Mavuna) en 2022 puis au Tché-za School. Depuis 2023, elle enseigne la danse à l’Alliance française de Moroni particulièrement aux enfants. «Inspiré par la lauréate du Lion d’or de danse 2021 lors de la Biennale de Venise, Germaine Acogny, je travaille à créer une technique de danse qui représenterait l’Océan indien d’une manière générale», dévoile-t-elle. En Avril 2024, la finaliste du battle «Ye Mze Ndo?» a pris part au Marché des arts et du spectacle d’Abidjan en Côte d’Ivoire, le Masa, avec la compagnie Tché-za. Là-bas, les protégés du chorégraphe Seush ont présenté le spectacle Masiwa au Palais de la culture de la capitale ivoirienne.


«Ma carrière se passe plutôt bien, bien que ce soit parfois compliqué étant comorienne et musulmane. Aux Comores, on n’arrive pas à dissocier la culture de la religion, au niveau de la famille en particulier mais aussi de la société de manière générale. Cela fait encore plus mal quand on part en voyage et qu’on voit que notre art est bien accueilli contrairement à ce qu’il en est dans ce pays que nous représentons à l’étranger», regrette Naïla’s qui a été «particulièrement marqué par son voyage en Arabie saoudite où nous avons, notamment, mené des spectacles de rues sans jugement aucune de la part des habitants de cette Terre sainte».

Une artiste prolifique

Cependant, aux Comores, Naïla’s est loin d’être dans l’ombre. Elle a participé à de nombreux évènements et concours de la place. En 2024, elle a été la première femme à atteindre la finale du plus prestigieux battle de danse aux Comores, «Ye Mze Ndo». En 2020, elle a participé au concours «Udjuzi» initié par la télévision nationale en tant que chorégraphe du groupe Kardi buzz. Entretemps, elle a atteint par deux fois la demi-finale du battle «Street Magav» en 2024, puis celle du «Street Houde» et finaliste du concours de la francophonie dans la catégorie Kizomba en 2025. La danseuse pluridisciplinaire à, par ailleurs, présenté son premier spectacle solo «A la chasse de la chance» à l’Alliance française de Moroni en avril dernier et a dansé pour le groupe, King krew, dans l’évènement «Umoja show» tenu au Palais du peuple avec le spectacle «Uduni».


«Je rêve de voir les danseurs comoriens travailler d’une manière libre sans aucun jugement de la part de la société, de voir les futures générations d’artistes se sentir bien dans leur art et prospérer. Je lui dirais de se cultiver, de se créer des réseaux et, surtout, de respecter les ainés. Il faut savoir être une chasseuse de chance, ne pas se limiter à travailler dans un groupe restreint. Il faut travailler avec tout le monde tout en ayant plusieurs casquettes», recommande, fortement, la native de Mremani à Ndzuani.

«Bien» dans sa peau

En plus de la danse, Naïla’s est mannequin indépendante et a collaboré avec de nombreux stylistes comoriens, notamment Abdou Chakour, qu’on ne présente plus dans le monde de la mode aux Comores. Entretemps, elle s’est produite dans de nombreux clip notamment avec les artistes Chebli Msaidié, Guiri H, Faraz, Moumtaz, Djamb Saïd, Cris Guiri Mg ou encore Ast. «Je suis entrée dans le mannequinat en 2017 et depuis ça m’a collé à la peau. J’ai participé à plusieurs clips et publicités. Je me sens bien à l’aise. Je suis indépendante, et cela me donne l’occasion de travailler avec tout le monde», aime-t-elle à marteler.

Commentaires