Trente-sept candidats, issus de trente-sept pays africains, étaient attendus, du 5 au 10 novembre dernier, à N’Djamena au Tchad à l’occasion de la toute première édition de la Coupe d’Afrique de slam-poésie (Casp). Ils ne seront au final que vingt candidats à y prendre part. Parmi eux, Miriam Mohamed, la championne des Comores 2017.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la représentante comorienne a fait bonne figure dans la capitale tchadienne. La “Slameuse de la lune” a, en effet, terminé dans le “top 8” des meilleurs slameurs du continent. Un parcours plutôt «honorable» pour une première sortie slam hors des Comores.
Une bonne école
Elle entame la compétition de la plus belle des manières, terminant première la boule B, devant quatre autres candidats venus du Mali, du Cameroun, de l’Algérie et du Tchad, le pays hôte. Mary Kech s’impose, dès lors, comme l’une des favorites pour le titre. Ce qu’elle confirme au tour suivant – les huitièmes de finale – en venant à bout du représentant de l’Angola. Mais en quart de finale, elle ne peut rien face au Sénégalais Abdourahamane Dabo dit Al Fârûq, qui devait plus tard soulever le premier trophée continental de slam-poésie. Le Lion de la Téranga l’emporte haut la main en finale face au Sud-africain Thuthulane Myeza. Une belle prestation qui n’a pas échappé au président du Sénégal. «Je félicite Abdourahamane Dabo pour sa performance au Casp 2018. Sa belle victoire fait honneur aux talents de la scène sénégalaise. Tous les artistes, à travers la culture, participent de façon importante au développement», s’en va Macky Sall de son tweet.
Esprit de partage
Le Gabonais Lens Ulrich Kami s’imposera, dans la petite finale, face au concurrent du Togo pour former le trio final. Sénégal, Afrique du Sud et Gabon, tel est le podium de cette première Coupe d’Afrique de slam-poésie. «J’ai perdu contre le meilleur», lance Mary Kech. La jeune femme n’a pas à rougir de son parcours. D’autant qu’au-delà de la compétition, comme elle l’explique, «en slam, c’est l’esprit de partage qui prime». «D’une certaine façon, j’ai gagné. C’est un honneur pour moi d’être la première Comorienne à prendre part à la toute première édition du Casp. Je suis satisfaite, rien que d’y avoir participé», poursuit-elle. Gamil Abdou Kamal Dine alias DaGenius, membre fondateur de l’association Sakara (initiatrice du championnat national de slam), n’en dira pas moins : «passer une semaine en compagnie de slameurs africains de tous horizons et partager avec eux la même passion, c’est la meilleure école possible quand on pratique cet art. Et voir par la suite qu’elle a été aussi bonne que les autres slameurs est très réconfortant».
Il n’y a pas que le foot !
La participation de Mary Kech au Casp a pourtant été, un temps, mise entre parenthèse, pour des raisons de finances. Il a fallu le concours du Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France – qui a pris en charge les billets et les frais de participation – pour permettre à la représentante des Comores d’être au rendez-vous. «Je leur adresse mes vifs remerciements», dit-elle avec cependant une certaine amertume : «Aux Comores, il n’y a d’yeux que pour le football. Et pourtant il existe bien d’autres activités en mesure de faire honneur au pays, et le faire connaitre à travers le monde. Le slam a de la valeur, il est de ces activités-là. Nous, artistes, avons besoin du soutien de l’Etat». Une tentative sans doute de défricher le terrain en vue de pérenniser la participation des Comores à cet événement continental. C’est Hicham Saïd, champion des Comores 2018, qui devrait représenter le pays à la deuxième édition du Casp. On lui souhaite vivement d’y être.
