Le patrimoine national des Comores témoigne de la richesse de son passé. Au fil des siècles, rois, tibe, artistes, sultans et artisans se sont succédés et laissé chacun son empreinte dans le paysage à travers des édifices divers, des fortifications, des lieux de sépulture, des créations artistiques, des monuments, etc., autour desquels villes et villages se sont construits et, parfois, identifiés.Face à l’important patrimoine matériel et immatériel légué par son passé, la nouvelle génération de Comoriens laisse, malheureusement trop souvent, périr, cette richesse par négligence, choix idéologique et, parfois, du fait d’un déficit de prise de conscience de l’importance de ce bien inestimable et irremplaçable.
Pourtant, le patrimoine national revêt une importance capitale en ce qu’il contribue, notamment, à relier une population aux autres, à créer le sentiment d’appartenance à une histoire, à des points et à des objectifs nobles communs. “Notre patrimoine national est important dans la mesure où il constitue notre identité à la fois historique, culturelle, voir même géographique. Il est temps que le ministère de l’Education nationale intègre dans le programme scolaire, des cours sur le patrimoine national”, soutient-il.
“Certains de nos compatriotes ne sont pas toujours en mesure de connaitre ce que c’est qu’un patrimoine et des gens continuent à le détruire du fait qu’ils n’ont pas conscience de l’importance de cette richesse et de sa portée universelle”, s’inquiète, à ce propos, le chercheur au Centre national de documentation et de recherches scientifiques (Cndrs), Mohamed Mboreha Selman. A un moment où des pays ont mobilisent des artistes et des artisans pour oeuvrer à donner un sens à leur patrimoine national qui témoigne de milliers d’année de leur histoire, aux Comores aucune politique ou presque n’est entreprise ne serait-ce que pour sauvegarder le peu qui n’est pas encore tombé en ruine.
Certes, la loi n° 20-003/Au, portant protection du patrimoine national culturel et national en Union des Comores a été promulguée en février dernier pour mettre à disposition un arsenal juridique aux autorités compétentes, mais suffit-il d’une loi pour faire changer les choses? S’il est vrai que ce document constitue un pas important, il ne peut suffire à lui seul. “La sensibilisation sur la nécessité de protéger notre patrimoine reste le premier pas à faire avant toute chose. Cela, d’autant plus que la notion de patrimoine national est, parfois, tout simplement ignorée chez certains de nos concitoyens, il échappe également à nos dirigeants.
C’est la faute, en premier lieu, des ministères de l’Education nationale et de la Culture, voir-même des enseignants que nous-sommes”, considère ce professeur en Gestion du patrimoine à l’Udc.Il faut ajouter à cela le fait que la notion de bien commun a tendance à s’effriter au profit du chacun pour soi et les valeurs culturelles comoriennes à laisser place, trop souvent, à des cultures étrangères. Bien que le métissage culturel puisse être une richesse, une meilleure maitrise de sa propre culture permet de mieux d’accueillir une autre.
“Certains d’entre nous, notre descendance, voir même l’autorité publique qui est sensée nous montrer le chemin à suivre, ne sont pas toujours conscients de la perdition et la destruction des objets de notre patrimoine. Il est vraiment plus que temps que tout le pays prenne conscience de la notion de patrimoine national”, concluait dans une de ses Directs culturels sur Facebook, l’enseignant à l’Udc, Dr Abdérémane Wadjih.
Mahdawi Ben Ali