La culture du mushaharati semble repartie de plus belle ces derniers mois de ramadhwani. Toutefois, cette procession, qui consiste à arpenter les rues pour réveiller la population, à la toute dernière heure de la nuit, pour le tout dernier repas, le «tsahu» (= repas nocturne), avant le début du jeûne du jour et l’appel du muezzin pour la prière du matin (Fajr), ne semble plus être la bienvenue pour certains.
Cette année, certains citoyens déplorent, surtout, les nouveaux moyens utilisés. Il est vrai que dans leur procession, les mushaharatis – un groupe d’environ une vingtaine de gens – font appel à des chants religieux (kaswida) et à des rappels à haute voix sur ce que seraient, selon eux, les «biens-faits suivant les enseignants de l’islam», pour le futur jeûneur. Cela à grand renfort de tambours qui résonnent sur de grandes distances.
Ces tintamarres sont – de plus en plus – loin de faire le bonheur de plus en plus d’habitants qui, désormais, ne cachent pas leurs mécontentements, souvent au grand étonnement de leurs auteurs : «Je ne vois pas pourquoi des gens s’insurgent de la sorte. Aussi longtemps que je me souvienne, des mushaharatis recourraient à des tambours sans que cela n’indigne qui que ce soit. On pensait faire cela pour leur rendre service car le matin, des personnes disent qu’elles n’allaient pas pouvoir se réveiller pour le tsahu, sans nous. Personnellement, jusqu’à preuve du contraire, je pense être dans le bon chemin. Je vais continuer à donner ma voix au service du Tout puissant en espérant ainsi, engranger plus de hasanat encore»*, se justifie le mushaharati, Saïd Ali Ahmed.
Pour Karim Ahmed, par contre, l’appel des mushaharatis pour le repas du tsahu n’a pas sa raison d’être, s’il dérange les gens. «Je trouve que ce n’est pas normal de réveiller les gens à 3 heures du matin avec des tambours. Cela, d’autant moins que cette procession ne tient pas compte, entre autres choses, du fait que des personnes malades pourraient avoir besoin de tranquillité ou des enfants qui, eux, ont nécessairement, besoin de sommeil. Auparavant, rares sont ceux qui se plaignaient, mais l’intégration des tambours, spécialement, a tout changé. Par ailleurs, désormais, tout le monde a un téléphone avec lequel il peut programmer le moment de se réveiller. J’espère que pour le ramadhwani 2026, ils vont revoir leur méthodes», espère-t-il.
«L’année dernière, j’étais de ceux qui encourageaient les mushaharatis à nous réveiller. Cette année, les choses ont changé et j’ai changé d’avis. Je ne suis plus pour ces nouvelles pratiques qui consistent à réveiller tout le monde, sans exception», soutient, pour sa part, Youssouf Salim.
Il faut savoir que la culture du «mushaharati» existe dans d’autres pays musulmans comme, par exemple, la Jordanie. Là-bas, ces derniers font, également, appel au tam-tam et aux chants pour appeler les musulmans à prendre le repas nocturne traditionnel.
* Bénédictions «divines»