Qu’est-ce qui vous a conduit à la musique?
J’ai toujours baigné dans le quatrième art depuis ma tendre enfance. Je n’ai pas eu à passer par des phases comme tant d’autres. J’étais danseur avant de me lancer complètement dans la musique lorsque j’ai remarqué que mes os n’en pouvaient plus. (rire)
Revendiquez-vous un style et des influences musicales particulières?
J’ai beaucoup d’influence, je n’en ai pas de principales. J’écoute de tout. Je peux écouter du twarabu ou du dance hall. Tout dépend de ce que cela dégage et de l’émotion que la musique envoie.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres? Votre touche personnelle?
Ma touche personnelle réside dans le fait que je le fais sur une langue des îles. Sinon, je pense que c’est dans le fait que ça soit plus américain. En fait, il n’y pas beaucoup de différence, mis à part peut-être au niveau des messages. C’est juste du rap. (Rire)
Il fut un temps, vous déploriez le manque de reconnaissance dans l’industrie musicale, qu’en est-il maintenant que votre côte de popularité ne cesse de grimper?
C’est toujours le cas. Toutefois, ce manque de reconnaissance, n’est pas forcement par rapport à moi mais plus à d’autres. L’industrie musicale ne reconnait pas toujours l’investissement personnel de la jeunesse. Tant que tu n’es pas un grand nom, on ne te considère pas.
Moi, je peux me défendre mais au niveau des autres jeunes, c’est beaucoup plus compliqué parce qu’ils ne connaissent pas l’industrie. Mon cri d’alarme c’est pour ses jeunes. Ils n’ont pas les mêmes moyens, on a tendance à les étouffer trop souvent comme si leur travail n’était pas suffisamment de l’art ou pas suffisamment grand.
Pouvez-vous nous faire part de quelques-uns de vos projets?
A court terme, deux projets vont bientôt être disponibles. Deux clips qui vont faire partie de mon prochain Ep, Rissala. A plus long terme, il y’a Rissala, un court métrage, et pleine d’autres projets qui vont venir chacun en son temps. De toute façon mon public sait que je prends le temps qu’il faut pour produire de belles choses.
Quel est l’objet de votre passage à Moroni? Vous n’avez pas prévu un concert?
Je suis venu pour un travail personnel et voir comment cela se passe ici. On a toujours tendance à vouloir aller en Amérique ou ailleurs alors que les îles sont à notre portée et on ne les connait même pas. En plus, j’ai de la famille ici et cela m’a permis de rendre visite. Il y’a aussi le fait que j’ai besoin d’investir ici, du coup j’ai besoin de connaitre un peu plus l’endroit et voir comment les choses se passent. On m’a sollicité et je réponds présent.
Avec quels artistes aimeriez-vous collaborer sur place?
Il y en a beaucoup. Ce que j’aime bien ici, à Ngazidja, c’est ce talent brut. Il y’a énormément de talents, c’est juste la façon de l’exploiter qui est différent. Je j’aimerais travailler avec beaucoup d’entre eux mais tout dépend du temps. Je reviendrais une autres fois rien que pour cela.
J’aurai aimé travailler notamment avec Awax avec qui j’ai fait un clip et qui est dans mon Label. Il y’a surtout Cheikh Mc, Dadiposlim, Zoub’s et pleine d’autres. Des discussions sont en cours.
Vous avez choisi de défendre les plus jeunes artistes à travers votre Label, Rissala Record, comment se porte-t-il?
On est en plein restructuration. Rissala Record était au début un coup de tête personnel parce que j’en avais marre qu’on exploite tout le monde. Je ne voulais pas me retrouver dans cette case, enfermé pour un contrat.
C’est là que j’ai décidé de créer mon propre Label. Au fil du temps, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas le gérer et être artiste en même temps. Je l’ai confié à une autre personne qui le gère de la plus belle des manières. J’ai mis toute mon équipe dedans.
Nous avons signé avec Awax mais en attendant, on va faire les choses de façon propre. Je n’ai pas besoin de faire entrer beaucoup d’artistes alors que ne je suis pas nécessairement sûr de pouvoir faire un bon travail.
Que conseilleriez-vous aux chanteurs en herbe qui souhaiteraient faire carrière dans la musique?
De ne pas avoir peur. La musique, c’est juste un feeling.
Il faut juste ressentir les choses et reconnaitre le bon moment pour se lancer. Il n’y a personne qui arrive avec une guitare et qui sait le jouer du jour au lendemain. On se casse les doigts avant de faire de belles choses. Il faut juste se laisser la chance de faire des erreurs. C’est en commettant certaines que tu apprends.
A vos débuts avec Basthu à Mudu, vous exposez une belle vie à travers les clips contrairement aux artistes locaux, pourquoi ce choix?
La plupart des gens croient, malheureusement, que parce qu’on est d’ici, qu’on doit faire des choses médiocres. Je déteste la médiocrité. Pour moi, c’est bien ou rien. Je suis plus axé sur la qualité que sur la quantité. J’aime prendre le temps, mettre un budget dessus car c’est ce produit qui me représente. Avec des clips médiocres aucun artiste étranger ne voudra poser avec nous. Il faut soigner notre image car nous sommes le miroir des îles. Il y’a des clips qui dévalorisent l’art de l’archipel.
Un mot pour vos fans?
Merci ! Rissala arrive très bientôt. On espère pouvoir vous l’exposer de façon grandiose. Pour le moment, on a encore du chemin à faire mais il faut savoir monter dans le train, on va y arriver quoi qu’il en soit.
Mahdawi Ben Ali