Le Comores Comedy club a fait son retour sur les planchers vendredi 17 février à l’Alliance française de Moroni avec sa création intitulée «Le Ccc prend son envol». Ça a plutôt bien redécollé pour cette nouvelle année avec de nouvelles pépites et un retour gagnant pour l’essentiel pour cette troupe qui, de toute évidence, n’a pas de concurrents sur la scène nationale.La relève, en effet, est bien assurée avec El Yachrutwi. Dès son entrée avec la répétition «Un jour un grand homme a dit…», la salle a explosée. Il a enchainé les vannes et s’est payé la tête des professeurs et leurs salaires minables, le ministère de l’Education nationale et ses programmes scolaires qui seraient «inadaptés» et bien plus encore.
«A l’école, j’ai remarqué qu’il y a des matières qui serraient faciles si les exercices ressemblaient à la réalité. Il m’est arrivé de voir un exercice de physique qui disait : un train part de Moroni vers Mitsamihuli. Un train? Non…». Une vanne plutôt triste pour un pays où la ligne ferroviaire est inconnue et où, comme cela ne suffisait pas, les routes sont à la limite du praticable. Puis El Yachrutwi enchaine : «Je n’y comprends rien : pourquoi enseigner le milieu naturel japonais aux Comores ?», une pique au ministère de l’enseignement qui continue à proposer des programmes sans la moindre touche comorienne. «Ça doit être dur d’être philosophe. Le gars passe son temps à se poser des questions et à se répondre.
Imagine un philosophe qui se réveille le matin. Est-ce que je bois ce café? Mais je doute. Mais pourquoi je doute? Mais parce que je peux douter. Mais, est-ce que je peux douter de tout? Non, il n’y a que le doute qui résiste au doute. Pourquoi je me pose toutes ces questions alors que je n’aime pas le café?». Pauvre René Descartes, il doit se retourner dans sa tombe avec ces vannes du meilleur stund-uppeur de la soirée, El Yachrutwi.Le nouveau spectacle du Ccc n’a pas échappé à une certaine mauvaise habitude bien comorienne des spectacles qui consiste à faire s’impatienter le public qui, lui, était pile à l’heure. Heureusement, quelques stund-uppeurs ont pu faire oublier ce moment désagréable.
Une «simple» affaire de payements
Parmi eux, le «Doyen» Anasse, Nounou ou encore Imam. Ce dernier a prêté sa voix aux prix qui ne cessent de flamber et à la corruption : «Tu t’es fait agresser et tu veux porter plainte? Tu paies. Tu veux qu’on retrouve ton agresseur? Tu paies. Et deux minutes après, l’agresseur est relâché parce qu’il a payé pour sortir», feint de s’étonner le showman Imam.Contrairement à certains, Doyen Anasse propose un genre d’humour comorien, facile à suivre, tout comme Nounou one avec un style simple et précis soutenu par une présence scénique qui ne risque pas de vous faire perdre le fil.
Des années après sa création, on ne peut pas dire, au vu de son spectacle de vendredi, que les prestations du Ccc aient enregistré d’énormes progrès. Un peu comme s’il faisait du surplace. «Cela fait un bon moment qu’on a pas fait de spectacle. On s’est retrouvé un peu paralysé suite au départ à l’étranger de certains de nos acteurs». La troupe s’est, cependant, dit très ravie de retrouver la scène, d’autant plus que le public a assuré. «Il a été le meilleur humoriste de la soirée», devait lancer à ce propos à la fin du spectacle, le leader du Ccc, Fouad Salim.