A Ndzuani, les mots s’apprêtent à prendre leur envol. Le collectif Pomwezi convie les lycéens et les collégiens amoureux de la parole poétique à une finale de slam ce dimanche 26 octobre. Intitulé «Paroles aux jeunes», l’événement se tiendra dans l’établissement Uesma de Misiri transformé, pour l’occasion, en scène ouverte aux rêves, aux émotions et aux voix encore en devenir.Après des ateliers d’écriture menés à la bibliothèque Soirhane de Mirontsi, les jeunes plumes de Ndzuani monteront sur scène pour déclamer, avec la fougue et l’innocence de l’âge, leurs textes tirés du silence et du partage.
Ces ateliers, tenus le 19 octobre dernier, ont permis aux participants de découvrir l’univers du slam, cet art de dire le monde avec le cœur et de faire danser les mots au rythme de la vérité.
«Le plus important dans ce concours n’est pas de distribuer des prix, mais de repérer des jeunes qui aspirent à devenir slameurs et de les encadrer», a confié Ben Mohamed Ibrahim, formateur et membre de Pomwezi. «Nous avons remarqué qu’il existe, à Ndzuani, une jeunesse passionnée par le slam, mais souvent sans guide, sans lieu pour apprendre à se dire. C’est pour eux que nous avons voulu créer cet espace d’expression libre».Mais «Paroles aux jeunes», c’est plus qu’un concours. C’est une école de vie où les enfants apprennent à écouter, à ressentir, à se «tenir debout» devant les autres et la vie.Le slam devient ici un outil d’éducation émotionnelle et citoyenne. Il forge la confiance, la curiosité et l’esprit critique. En apprenant à poser leur voix, ces jeunes apprennent, aussi, à poser leur regard sur le monde, à transformer la colère en poésie, le doute en promesse.
C’est là toute la magie de cet art. Il façonne des êtres capables de se dire et d’écouter, d’aimer les mots autant que la vérité qu’ils peuvent porter.Depuis sa création en 2019, Pomwezi demeure le seul collectif de slam de l’île. Une situation que ses membres espèrent voir évoluer. Car au-delà du concours, leur ambition est de faire éclore une nouvelle génération de slameurs, capables un jour de fonder leurs propres collectifs et d’animer la scène poétique locale.
«À Ngazidja, les collectifs de slam poussent comme des champignons», a rappelé Ben Mohamed Ibrahim avant de préciser que c’est loin d’être le cas à Ndzuani où certains ignorent encore ce qu’est vraiment le slam. «Nous voulons changer cela, offrir aux jeunes un tremplin, une tribune où, par ailleurs, la parole devient liberté».Le projet Paroles aux jeunes s’inscrit ainsi dans une dynamique de transmission. Celle du goût des mots, la confiance en soi, et surtout de l’idée que la poésie n’est pas réservée aux livres, mais vit et se vit dans la rue, dans la voix, dans le souffle des jeunes qui osent les clamer.
