Pour son tout premier recueil, «Matins insurgés», le poète comorien Mirsoid Ibrahim a choisi d’offrir trente-deux poèmes, « trente-deux éclats de lumière» qui explorent les multiples visages de la vie, de l’amour, de la perte et du combat. Ce nombre restreint traduit selon lui une volonté de proposer une œuvre concise, sans remplissage, où chaque texte trouve sa raison d’être.Le titre, venu après bien des hésitations, symbolise le renouveau et la résistance : le matin représente l’aube après la nuit, et l’insurrection, le refus de la résignation. Les thématiques de l’amour, de la foi, de la mémoire et de la lutte se sont imposées naturellement au fil des années d’écriture.
L’auteur revendique un mélange de sentiments et de tons, reflet de la complexité humaine : la vie n’est jamais univoque, elle se compose d’élans et de chutes, d’espérances et de blessures. Cette diversité thématique traduit aussi sa propre personnalité, partagée entre douceur et révolte.
Le choix du vers libre, affirme-t-il, découle d’un besoin de sincérité et de liberté. «Les émotions ne se mesurent pas en syllabes», assure-t-il. La comparaison, figure de style dominante dans son œuvre, devient pour lui un pont entre le visible et l’invisible, entre le concret et le rêve.Le recueil a été accueilli avec chaleur. Certains lecteurs y voient une poésie d’amour, d’autres une poésie d’engagement (signe que chaque lecteur y trouve sa propre résonance). Parmi les figures évoquées, celle d’Ali Soilihi, ancien président des Comores, tient une place particulière. Le poète le décrit comme un visionnaire dont le rêve inachevé continue d’inspirer : un symbole d’espérance et de mémoire collective.
Un acte de résistance et de vérité
Dans la préface, il rend également hommage à son oncle et mentor, le poète Dini Nassur, qu’il décrit comme son « grand fundi». C’est lui qui l’a initié à la poésie et dont il poursuit aujourd’hui le rêve de transmission.Le poème «Fundi discrédit » s’inscrit dans cette lignée de réflexion morale : il y dénonce, avec douceur et lucidité, la perte de crédibilité de certains guides spirituels, et rappelle que le savoir ne vaut que s’il est vécu avec intégrité.Se définissant comme un poète engagé, l’auteur voit dans l’écriture un acte de résistance et de vérité. Son engagement, dit-il, est à la fois politique, social et spirituel. Regard tourné vers l’avenir, il espère désormais faire rayonner la poésie comorienne au-delà de l’archipel et tisser des ponts entre les cultures francophones. Matins insurgés n’est, selon lui, que «le début du commencement».

