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Spectacle I Art 2 la plume interdit de Mayotte à l’Alliance française

Spectacle I Art 2 la plume interdit de Mayotte à l’Alliance française

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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«On avait un contrat avec l’alliance pour la pièce de Mbaé Tahamida mais, à la dernière minute, la directrice nous a signifiés que cela n’était pas possible. On avait le choix entre partir ou présenter une autre création. (Le président du collectif Art 2 la plume, Ansoir Mohamed). La troupe a dû se rabattre sur Slam’wezikal.

 

Le collectif Art 2 la plume a présenté son spectacle, Slam’wezikal, sur le plancher de l’Alliance française de Moroni, vendredi 12 mai. Peu auparavant, après quelques jours de répétition, il s’est vu interdire, par la direction des lieux, de présenter la pièce «Kwasa-kwasa pour le paradis, ou même pour l’enfer» de Mbaé Tahamida Soly. Cela bien qu’il avait l’accord de proposer ce spectacle qui rappelle la monstruosité de l’un des plus grands cimetières marins au monde dû au tristement célèbre Visa-Balladur pour l’île comorienne de Mayotte imposé aux Comoriens des trois autres îles par l’ancien premier ministre français, Edouard Balladur, et qui est à l’origine, à ce jour, de près de trente mille morts en mer.


Pourquoi interdire un spectacle de sensibilisation, d’information sur les drames des kwasa-kwasa? Pourquoi l’Afm, l’institution de l’une des plus grandes démocraties du monde a-t-elle peur d’abriter un débat sur la Question de Mayotte qui est l’un des plus grands sujets d’actualités du moment au monde?
«On avait un contrat avec l’alliance pour la pièce Mbaé Tahamida Soly mais à la dernière minute, la directrice nous a signifiés que cela n’était pas possible.

On avait le choix entre partir ou présenter une autre création. On était obligé de présenter Slam’wezikal alors qu’il ne nous restait que six jours de répétition. On a joué le jeu vu qu’on s’était déjà engagé et qu’on se sentait capable de relever le défi malgré le peu de temps qui nous restait», a raconté le président du collectif Art 2 la plume, Ansoir Mohamed.


Malgré cette interdiction, le Collectif a trouvé le moyen de parler de sujets importants tels «Hôpital cimetière», injustice, méfaits du anda ou encore, le viol. Avec, notamment, le texte Aridjalia, Intissam Dahilou et ses frères de plume ont revisité les tabous et problèmes sociétaux de leur pays.

Sur les pas de Jérôme Gardon

Ce n’est pas la première fois qu’un incident du genre intervient à l’Afm. Sous la direction de Jérôme Gardon, l’artiste et homme de Culture, Soeuf Elbadawi et sa compagnie O Mcezo* ont été tout simplement bannis des lieux à cause d’une performance de gungu bien qu’ils avaient un contrat de longue durée avec l’Afm. Aujourd’hui encore, la nouvelle directrice, Anaïs Bonnet-Bonamino, a, visiblement, choisi de marcher sur les pas de son prédécesseur.

A quoi servirait l’art si ce n’est pour aider les choses à changer, en parlant des questions les plus tabous et des sujets les plus fâcheux?
Certains semblent avoir oublié que l’ «l’art qui ne fâche pas n’est pas de l’art» comme l’a dit le peintre espagnol, Antoni Tapiès. On se souvient encore du limogeage du peintre comorien, Séda, de l’Ecole française Henri Matisse de Moroni pour avoir dit que Mayotte est comorienne.Selon toute vraisemblance, les choses ne sont pas parties pour changer.

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