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Spectacle. «Sabena» I L’histoire, le drame et l’intensité, sans passion

Spectacle. «Sabena» I L’histoire, le drame et l’intensité, sans passion

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Ahamada Smis, accompagné de quatre danseurs et d’un musicien, relate le «massacre de Majunga» et affiche le traumatisme suite à la disparition de près de deux mille Comoriens.

 

Standing ovation après le spectacle, «Sabena», présenté, samedi, à Moroni. L’auteur, compositeur et multi-instrumentaliste, Ahamada Smis, a fait appel à la danse contemporaine, la musique, l’animation vidéo et, plus encore, à des textes poignants pour peindre le tableau du massacre de Majunga au bout duquel, près de deux mille Comoriens ont perdu la vie dans la deuxième ville de Madagascar en 1976 et enterrés sans véritable funérailles.


Ce spectacle «hybride» engendre de multiples émotions, suscite des questionnements et, se veut être un «appel à apprendre l’histoire pour mieux se connaitre». «Écrivons notre histoire si on ne veut pas qu’elle soit racontée différemment par d’autres. Il est important que les historiens, les artistes fassent un travail de mémoire pour faire revivre notre culture et notre histoire», martèle, comme une mise en garde, son auteur.Ce devoir de mémoire tente de mettre en scène la cause de ce massacre, les trois nuits où des membres de la communauté dite Betsyrebaka, armés d’armes blanches ont commis l’irréparable.

«Fortes émotions», «connexion»…

Il a fallu attendre des parachutistes venus du camp militaire de Diego au nord de l’île, pour y mettre un terme.«Tout le monde a des réticences rien qu’à l’idée de parler de ces évènements. Dans ma démarche, point n’est besoin d’indexer qui que ce soit. J’ai vraiment fait attention à chaque image, à chaque mot. On crée des évènements, on suscite des témoignages, juste pour l’histoire, sans susciter des tensions. Car on ne peut pas faire le deuil sans funérailles. Il s’agit, juste, d’un devoir de mémoire pour contribuer à faire en sorte qu’on ne revive pas les mêmes choses», a précisé Ahamada Smis.


Lumières menées de main de maître, musique bien arrangée, animations vidéos irréprochables, tout a été synchro avec les danseurs et les slameurs auteurs, pour leur part, d’une prestation captivante qui a conquis les spectateurs : «Le public de Moroni a paru très concentré, il n’y avait pas un bruit pendant les scènes de danse, mais des salves d’applaudissements et de réactions après la fin de chaque tableau. Il était vraiment avec nous. C’était très émouvant, je me suis bien senti sur scène», devait se réjouir le danseur malgache, Mika Jaume alias Tawook Aktaa. La danseuse franco-cambodgienne, Sinath Ouk, a déclaré avoir vécu une scène particulière à Moroni : «Sur scène on était vraiment connecté, on se regardait entre danseurs et Ahamada Smis, surtout pendant le dernier passage sur la cérémonie mortuaire. C’était très intense. On était entré dans une espèce de trance où on communique avec l’au-delà. J’ai eu grand plaisir à faire partie de cette équipe et à faire revivre cette histoire», a-t-elle conclu.

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