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Table ronde à l’Afm I L’industrie musicale en question

Table ronde à l’Afm I L’industrie musicale en question

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Des acteurs du secteur ont, encore une fois, soutenu la nécessité de travailler ensemble pour changer les choses, et de ne compter que sur ses propres forces

 

L’artiste Eliasse Ben Joma a animé, vendredi 8 novembre à l’Afm, une table-ronde sur l’»industrie musicale». Il a eu à échanger avec des acteurs du secteur sur les questions liées à la pratique de la musique aux Comores et à explorer les voies et moyens de «faire bouger les choses».Les participants ont fait un tour d’horizon de ce qui, jusqu’ici, «a marché ou non», pour en tirer les conséquences et espérer redynamiser le secteur. Un des promoteurs de Studio 1, un des tous premiers studios d’enregistrement et de production de musique aux Comores – Abdallah Chihabidine, s’est étendu sur une partie de l’histoire de l’ancienne mythique salle de spectacle, «Al-camar», qui a été, longtemps, un vivier de la musique Live et des arts à travers son studio, sa radio et ses concerts, avant de montrer ce qui a conduit à la chute de cette industrie musicale ouverte avec un capital privé de 6 millions de francs.Selon celui qui fut le plus grand promoteur de ce qui a été, durant des décennies, le plus grand lieu dédié à la Culture et à musique aux Comores, il n’y aurait pas de «volonté suffisante de préserver la mémoire».

«Une seule recette : travailler»

«Pour réussir, nous avions commencé à faire consommer de la bonne musique aux Comoriens pour qu’ils puissent entrer dans notre moule. Ensuite nous avons ouvert la radio pour promouvoir les artistes puis nous avons promu le Live. Et pendant des années, nous avons loué nos matériels et nos techniciens à l’Alliance franco comorien et nous avons organisé des formations en technicien de son et lumière ainsi qu’un concours de la musique», a rappelé Abdallah Chiabidine. Aujourd’hui, l’institution française est devenue le seul véritable guichet où, à Moroni, les artistes peuvent se produire.


Les participants à la table ronde se sont également attardés sur la question du Live qui «s’est fait bouffer» – pour reprendre l’expression d’un participant à la table-ronde – par le playback et les semi-live. «Le pays manque de musiciens. Ici, contrairement à certains pays, il n’est pas possible, par exemple, de réunir «en un claquement de doigts» des musiciens pour assurer un spectacle après une seule répétition», a soutenu Eliasse tout comme l’auteur-compositeur et interprète Othman Elias alias Maalesh selon qui l’industrie musicale devrait prendre exemple sur le twarabu qui «marche toujours en mode Live» depuis des années : «les jeunes doivent travailler à être bon car c’est la bonne musique qui fait les revenus. Il faut mettre de côté l’argument du manque de financement pour expliquer le retard que connait actuellement l’industrie musicale du pays», devait-il insister.

«Compter sur «quoi» et «comment»?

Tous les participants à l’échange ont concédé que «c’est tous ensemble qu’ont peut espérer» faire avancer l’industrie musicale. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’un tel constat est fait. Ce qui apparait, par contre, c’est que chacun a tendance à travailler dans son coin. A propos de travailler ensemble, tout le monde a en mémoire la création de deux associations d’artistes qui, pour de petits différents, ont choisi de s’asseoir, chacun à sa propre table, oubliant qu’elles avaient le même combat de l’épanouissement de l’industrie culturelle créative. Où sont-elles passées au final?


«Il ne faut pas se voiler la face : nous avons essentiellement des musiciens amateurs. La question du manque de budget revient souvent mais si à travers le ministère de la Culture on arrivait à se procurer d’un équipement performant plus facile à louer, cela faciliterait les choses. Plus grave encore, il semble qu’une certaine paresse – excuse-moi du terme – s’est installée. Les jeunes ne travaillent pas suffisamment pour espérer réussir. Nous ne pouvons pas réussir sans travailler ensemble. Il faudrait, peut-être, penser à boycotter les évènements organisés par l’Etat jusqu’à ce qu’il se décide à accorder l’importance qu’il faut à la Culture», a déclaré le président du Ccac-Mavuna, Soumette Ahmed.Pour Eliasse Ben Joma, par contre, il est «plus que temps d’arrêter d’attendre un soutien de l’Etat qui ne viendra peut-être jamais, et de travailler à réussir par d’autres canaux».

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