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Théâtre. «Mirande» de Saïd Bacar Mzé I Un réquisitoire contre le «mariage arrangé»

Théâtre. «Mirande» de Saïd Bacar Mzé I Un réquisitoire contre le «mariage arrangé»

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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«Tu te maries avec la sœur de ton beau-frère qui va épouser ta sœur». Le compromis s’applique aussi au divorce…

 

Alors que certains Comoriens sont persuadés que le mariage arrangé est une pratique d’un autre temps, l’auteur, Saïd Bacar Mzé, soutient que non seulement il fait encore partie du Comorien mais qu’il serait même à la mode.Mirande (mariage arrangé) est un arrangement entre deux familles : «tu me donnes ta sœur et je te donne mon frère». Ou vice versa. Dans cette pièce de théâtre, l’auteur porte, parallèlement, un œil critique sur certaines pratiques du anda (le mariage traditionnel comorien) qui, selon certains, peut conduire à la ruine ou au déchirement entre familles. C’est le cas du Mirande.


Le rideau s’ouvre sur une réunion de famille qui vise à organiser le anda du Mnagandza ou l’aîné de la famille. Bien qu’il soit père de cinq garçons et de deux filles et marié depuis quinze ans, la famille de Mnagandza le somme de prendre une autre femme issue de la famille et du village. Une proposition loin d’enchanter Mnagandza qui estime être heureux avec sa femme.


«Tu parles comme si tu ignorais notre coutume. N’oublie pas que tu es mon fils aîné, et cela te confère un statut particulier au sein de la famille. Cette soi-disant femme dont tu parles en est très bien consciente. Elle savait sans nul doute que ce jour viendrait (...) C’est un évènement unique en son genre qui nous permet de faire d’une pierre deux coups. Non seulement tu deviens un «Homme accompli» (Mdru mdzima», ndlr) en faisant ton grand mariage, mais aussi et surtout, tu offres à ta sœur l’occasion de faire le anda (…) L’amour ne doit pas t’induire en erreur», argue froidement Mzadze, la mère de Mnagandza.

De gré ou de force

L’amour pour sa femme et ses enfants ne sauvera pas du Mirande, Mnaganza qui se verra obligé de céder aux injonctions de sa famille à deux doigts de le renier. Pour sa sœur, les enfants que Mnagandza a eus avec sa femme ne sont pas dignes de leur famille étant issus d’une autre localité.«Si vous prenez tant cette tradition à cœur, elle finira par vous détruire. Pensez à l’avenir de vos enfants. Nous vivons un autre temps. L’époque de nos aïeux est très loin derrière nous. Il faut changer! Les hommes ainsi que leurs cultures changent avec le temps», tente de réagir Mnagandza avant de s’entendre lancer : «Nous changeons avec le temps… Mais quel que soit le changement, nous maintiendrons toujours nos traditions intactes».


Beaucoup de choses, pas toujours des plus appréciables, découlent de ce compromis du Mirande. C’est ainsi que des jeunes filles doivent attendre longtemps avant de pouvoir se marier «dans les règles de l’art». C’est ainsi que si un mari quitte sa femme, sa sœur court le risque d’être abandonné par son mari qui n’est autre que le frère de sa femme. Une histoire des plus complexes.C’est en tout ce qui s’est passé dans Mirande de Saïd Bacar Mzé qui vient de paraitre.
Dans tous les cas, «bonne lecture!».

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