Tôt ce matin du samedi 9 septembre, à 6h. Les participants à une redonnée investissent le quartier des banques à Moroni et attendent, impatients, les bus et autres véhicules tout terrain qui doivent les emmener à la découverte du volcan Karthala, ce trésor géologique aux magnifiques paysages qui tendent les mains aux touristes.
8h. Le long fil prend le chemin de la ville de Nvuni située au pied du mont Karthala. A partir d’ici, il faut parcourir des kilomètres de forêt pour se rendre à proximité de ce patrimoine national. Heureusement, une grande partie de la route vient d’être bitumée : «La route est devenue beaucoup plus praticable. Avant, on ne pouvait pas couvrir l’aller-retour en une journée, aujourd’hui, c’est une question d’heures», raconte un ouvrier du chantier de l’aménagement.

Consignes, premières hésitations et délivrances

Si les plus jeunes enfants et quelques adultes ont été déposés à trente minutes du site, la plus grande partie des randonneurs a choisi de l’être à Ndondroni. C’est là où les choses sérieuses commencent. Avant de s’attaquer à la suite du parcours pour, environ, deux heures de marche en forêt avant d’atteindre le cœur du Karthala, les organisateurs donnent les dernières consignes : «il faut évoluer en binômes pour s’épauler et éviter de se perdre. Les personnes avec des casquettes de couleur orange, sont là pour vous soutenir en cas de besoin». Etc., etc.

Malgré un soleil écrasant, le froid y a toute sa place. Toutefois, les visiteurs semblent s’être plutôt bien préparés à ce climat. Certains à grand renfort de blousons et autres survêtements, parfois de gants et cache-cols histoire d’éviter d’attraper froid.Après quelques minutes, voilà que cette dame se dit épuisée et disposée à faire demi-tour : «Je n’en peux plus. Je suis déjà fatiguée», lance-t-elle sous les rires joyeux des autres randonneurs qui ne se priveront de la taquiner tout au long du trajet.

Cependant, arrivés au sommet de ce lieu idéal où on peut se ressourcer en pleine nature, voilà que les visages se font radieux, que les signes de fatigue font place aux larges sourires de soulagement et, comme par miracle, voilà que toutes et tous ont oublié les kilomètres de forêt parcourus «dans la douleur». Certains sont arrivés au cœur du Karthala compétemment épuisés et la démarche parfois branlante. «Malgré le trajet, nous sommes parvenus à faire l’aller-retour. Nous sommes passés par des raccourcis pour mieux vivre l’aventure. Je suis à mon troisième excursion au Karthala, mais je vais encore la refaire. C’est tellement magnifique!», assure Nasma, la première femme à avoir atteint le sommet.

«Absolument magnifique»

Plus on s’enfonce et plus la magie du site, perché à 2361 mètres, s’intensifie avec son cratère réputé être un des plus grands de la planète, formé de plusieurs caldeiras emboîtées les unes dans les autres. Parvenu sur les lieux, il faut encore faire quelques mètres sur du sable avant d’être littéralement abasourdi devant l’immensité du cratère. Tout est magnifique dans ce paysage à couper le souffle. Des falaises, des dunes, un plateau de sable, le tout entouré d’une forêt aux espèces endémiques.
«Etant de Singani où je suis habitué à voir des montages de pierres et de pouzzolane, je ne suis pas trop impressionné bien que ce soit loin d’être la même chose. Toutefois, j’avoue que c’est magnifique, de faire tous ces kilomètres de foret accompagné de tout ce monde. Le voyage est souvent épuisant mais au final, on oublie tout. Finalement, je suis entièrement comblé», admet Mohamed Nadjad Abdullah Soudjay, 14 ans.

De retour à Ndondroni, c’est la joie devant un barbecue. Chacun raconte ce qu’il a vécu. «Nous allons continuer à organiser d’autres circuits dans le parc national Karthala en parcourant ses nombreux sites notamment le Lac Hantsogoma, la Grotte du Capitaine du Bois, Nyumbadjuu et Convalescence. Pour mieux sensibiliser la population sur ces sites et ses espèces protégées, quoi de mieux que d’organiser des randonnées. Nous avons organisé cette excursion en partenariat avec Gef Pnud», a rappelé la responsable de la filière touristique du parc national Karthala, Assiati Abdou.

«Vivement la prochaine!»

Sur le chemin de retour à Moroni, les véhicules sont bloqués pendant quelques minutes. A 15h 50, les engins sont encore en forêt et travaillent sur cette route qui, une fois achevée, devrait rendre le mont Karthala plus accessible encore à un plus grand nombre de gens.«La randonnée a été juste magnifique d’autant plus que la majorité des participants n’avait jamais visité le Karthala. Les sourires étaient sur toutes les lèvres. Nous avons fait le trajet à pied et cela était un peu plus difficile durant le retour et certains ont pris le transport. Les choses ont été bien organisées, nous ne pouvons qu’être satisfaits», devait conclure Abdou Ali Chahidi qui était venu avec sa femme et ses enfants.