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Tournée d’Imane aux Comores / Échec d’une communication

Tournée d’Imane aux Comores / Échec d’une communication

Culture | -   Dayar Salim Darkaoui

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L’artiste a su rester humble, enchainant les belles prestations, peu importe le volume du public. Toujours en scène, déchaussée, à chanter avec le même enthousiasme. L’on ne peut pas en dire autant de Synercom, qui a failli. Déjà dans la communication de la tournée de la jeune femme. Entre l’artiste et l’agence de communication et d’événementiel, c’était l’oasis et le désert.

 

«Catastrophique !». Et le mot est peut-être un peu faible. Les prestations de l’artiste, en elles-mêmes, ne sont pas à remettre en question. Loin de là. Imane a su enchanter son public. Ce public comorien qu’elle a conquis dès le plateau de l’émission française, The Voice, lors des auditions à l’aveugle, interprétant à merveille «Christine» de Christine and the Queens. Ce jour-là, elle a fait mieux que séduire un quatuor de jury. Imane s’est attachée le soutien d’une communauté d’îles, ses îles. C’est d’ailleurs «en reconnaissance à cette vague de soutien que j’ai reçu de la part de nos îles durant mon passage sur l’émission», que l’enfant de Mitsamihuli mdjini, au Nord de l’île de Ngazidja, a organisé cette tournée aux Comores, confiait-elle à Al-watwan. Certains, apparemment, ne l’ont pas compris. Ou n’ont simplement pas voulu comprendre.

 

Entre l’artiste et l’agence de communication et d’événementiel, Synercom, c’était l’oasis et le désert. L’artiste a le rire communicatif, sait «groover» comme personne, se déhanche comme si était seule au monde, tout en étant capable de transmettre de l’amour, du bonheur. Et un peu de mélancolie.

Elle a surtout su rester humble, enchainant les belles prestations, peu importe le volume du public.

Toujours en scène, déchaussée, à chanter avec le même enthousiasme. L’on prend un réel plaisir à l’entendre interpréter, en y ajoutant du sien, «Shamama» de Chamsia Sagaf, «Tsanga» de Boule des îles ou encore «Carolina», issu de son répertoire.

Une «communion», avant tout

On ne peut pas en dire autant de Synercom, qui a failli. Déjà dans la communication de la tournée de la jeune femme. Qui n’a décidément pas saisi qu’il ne suffit pas de se balader en pleine ville avec un haut-parleur pour rameuter du monde. Il existe des paramètres, bien plus importants, à prendre en compte. Mercredi dernier, à l’Alliance française de Moroni (Afm), l’artiste a chanté en présence des ses idoles. Dommage que Synercom ait privé Al-watwan, et ses lecteurs, de ces moments forts en émotion. «Nous nous déplaçons nous-mêmes au-devant des journalistes, quand nous en ressentons le besoin», nous disait une responsable de l’agence de communication. Apparemment, cette nuit-là, le besoin ne se faisait pas ressentir.

Imane sait qu’elle doit conquérir  un public encore plus large. L’artiste, qui regorge de talents, a beaucoup à nous faire découvrir. Et il est bien dommage que Synercom ait mis en avant le côté pécunier de la tournée, au détriment du côté «communion». Il n’y avait pas tellement de monde dans son «grand live», la nuit du samedi 21 juillet, à la plage d’Itsandra. Et le coût du billet, 3.000 francs, n’y est pas forcément étranger, sur une plage où la moyenne des billets varie entre 1.500 et 2.000 francs. Que dire du gala, à 12.500 francs, à l’hôtel Le Retaj. Les tarifs imposés par l’agence de communication étaient prohibitifs.

Synercom, à trop vouloir voler plus haut qu’il ne le fallait, comme Icare, s’est brulé les ailes.

Personne ne doute du potentiel d’Imane. Elle a tout pour devenir une grande star. On peut regretter que son entourage n’ait pas pu exploiter au mieux ses qualités. Mais l’artiste en sortira grandie. N’était-ce pas son souhait, «repartir en France encore grandie et riche de l’expérience de la tournée». Reste à espérer que son dernier concert, programmé le dimanche 12 août à Maludja plage, sera à la hauteur de l’immense talent de la chanteuse, digne héritière des Voix d’or de Mitsamihuli.

 

Dayar Salim Darkaoui

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