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Tragédies en kwasa-kwasa : Une pièce musicale en slam pour dénoncer les drames du “Visa Balladur”

Tragédies en kwasa-kwasa : Une pièce musicale en slam pour dénoncer les drames du “Visa Balladur”

Culture | -   Nassila Ben Ali

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“Kwasa-kwasa pour le paradis, ou même pour l’enfer” est un chapelet de mots pour faire écho aux maux de tous les migrants en quête d’un ailleurs meilleur, au péril de leur vie. Pour la réalisation de ce projet, notamment la couverture des dépenses afférant à cette résidence, ses organisateurs sollicitent l’accompagnement financier de tous.

 

"Kwasa-kwasa, pour le paradis ou même pour l’enfer !” Tel est l’intitulé de la pièce musicale en slam de l’auteur, compositeur et slameur, Mbaé Tahamida Mohamed dit Soly. Cette pièce sera présentée avec les slameurs de la troupe “Art de la plume”, le 12 novembre prochain, date de l’adhésion des Comores aux Nations unies en tant que pays indépendant composé de quatre îles.

La pièce, qui doit faire l’objet d’une tournée dans les îles et ailleurs, met en scène la tragédie d’un jeune homme dans la périlleuse traversée vers l’île comorienne de Mayotte sous occupation française avec sa femme enceinte. Au terme d’une pénible traversée nocturne, leur embarcation surchargée fait naufrage. Secourus et enfermés dans le centre de rétention de Pamandzi, ils attendront, en compagnies d’autres rescapés au centre de rétention de Pamandzi, leur “expulsion” vers les autres îles de l’Union des Comores.

 

Il s’agit d’une pièce musicale en slam, chanson et poésie pour dire les maux et l’indépendance inachevée de l’archipel des Comores, devait indiquer Soly sur son mur Facebook.

 

Selon l’initiateur du projet le spectacle en préparation dénoncera également “un drame à huis clos qui a déjà fait plus de 12.000 morts dans ce bras de mer devenu le plus grand cimetière marin du monde”, en particulier, depuis que la France a instauré en 1995 un visa d’entrée pour tout Comorien qui veut se rendre à Mayotte.

“N’est ce pas tout simplement  le chant de tous les migrants en quête d’un ailleurs meilleur, au péril de leur vie?”, “Sensible” aux causes humanitaires, depuis vingt six ans, Soly dit mettre son art au service de la prévention, de la prise de conscience et de la solidarité. C’est ainsi que serait né ce projet.

 

Informer et sensibiliser

Plusieurs actions sont annoncées dans le cadre de ce projet, notamment, informer, sensibiliser le monde sur cette tragédie, mais encore prévenir les éventuels candidats à l’immigration dite “clandestine” sur les écueils du voyage et les difficultés qui les attendent à l’arrivée.

Cette campagne vise, en outre, à collecter des témoignages d’expulsés qui ont fait la traversée en kwasa-kwasa et retracer leur parcours, connaître les motivations réelles des candidats au voyage, recueillir le témoignage de familles de victimes et rechercher des données fiables sur cette “immigration”. “On essayera bien sur de capter des sons, recenser et rapporter des images des lieux de départ”, indiquera la présidente de la compagnie “Art de la plume”. “En tant qu’artiste, nous nous sentons concernés car il s’agit d’une cause nationale”, a déclaré Intissam Dahilou.

Pour la réalisation de ce projet, une résidence sera élue, du 22 octobre au 12 novembre, à Moroni avec les slameurs de la compagnie “Art de la plume”. Concernant la prise en charge des participants, dont certains résident actuellement à Marseille et Madagascar, les organisateurs demandent à tout le monde de participer financièrement, sachant que le budget du projet est estimé à 13.000 euros, ils pourront financer la moitié.

 


(Extrait de L’Adieu)

“Adieu Mère, Adieu Père
Adieu mes îles aux parfums
Demain soir je prends la mer
Et le reste de mon destin en main
N’essayez plus de me retenir
Ici le présent est pire que l’enfer
Et les promesses d’avenir des chimères
Pour endormir nos rêves et nos désirs
Je veux fuir cette prison à ciel ouvert
Infestée de brigands, de requins et de mercenaires”


 

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