Adolf Saïd est né à Mitsamihuli et a perdu l’ouïe, depuis tout petit, à la suite d’un accident. Ce qui ne l’a pas empêché jusqu’ici d’entretenir sa passion favorite : la danse. Une cagnotte solidaire a été lancée, lundi 10 décembre dernier, après qu’il se soit rendu, dernièrement, à Nairobi, au Kenya, où il a pu tester un appareil auditif.
«Quand il s’est aperçu qu’il pouvait entendre, il s’est carrément effondré en larmes», raconte Hadidja Ali Mfaoume, sa tutrice. Cette dernière parle d’un «garçon plutôt débrouillard. Il est sans histoires, ce qui explique que je l’ai accueilli chez moi, alors que je ne connais pas sa famille». Malheureusement la famille d’accueil n’avait pas les 2.000 euros, environ 1 million de francs comoriens, nécessaires pour lui offrir l’appareil en question. C’est donc vers ses amis artistes qu’Adolf Saïd s’est tourné.
«Quand il est venu nous raconter qu’il y avait possibilité pour qu’il puisse entendre, nous avons décidé de tout faire pour l’aider», avance Salim Mzé Hamadi alias Seush, directeur artistique de la compagnie Tche-Za. Il faut rappeler qu’Adolf Saïd est le premier vainqueur du concours national de danses urbaines, Ye mze ndo, promu en 2011 par Tche-Za.
La cagnotte a été ainsi lancée sur le site leetchi.com, pendant que les artistes du label Watwaniya se sont engagés à organiser un concert caritatif. «Tous les fonds récoltés seront consacrés au traitement», explique le rappeur Cheikh Mc. Un geste qui va de soi, à en croire Chucky Mistares, rappeur du label Watwaniya. «Adolf nous suit depuis tout petit. Il est tout le temps au studio, et nous encourage. Nous lui devions bien ce petit geste», avance l’interprète de Wufitina, qui appelle tout un chacun à «contribuer selon ses moyens. Il n’y a pas de petite donation. Tout le monde peut aider».
De tout cœur avec Adolf
Tous les artistes de la place soutiennent le mouvement. «C’est un ami artiste. Bien avant de me lancer dans le chant, j’étais dans la danse. Il m’est donc arrivé de partager la piste avec lui. Ma contribution se fait tout naturellement», affirme Djambsaid, l’une des têtes d’affiche d’Interface Prod. «Le pays n’a pas les moyens de traiter ce genre d’anomalies. On les néglige, par fatalité, croyant qu’ils ne sont pas remédiables. Et pourtant, dans d’autres pays, elles sont traitables. Nous sommes de tout cœur avec lui», laisse entendre de son côté Aboubacar Saidali Tourqui dit Ast, manager du label cité.
Fale City label n’est pas en reste. «Ce que je trouve exceptionnel chez Adolf, c’est qu’il puisse danser sans entendre le son. Il me rappelle Beethoven», lance Sabil, ingénieur de son du label, qui connait Adolf depuis ses six ans. «A l’époque, c’était en 2006, il aimait beaucoup les Black Saian. Chaque fois qu’on allait à Mistamihuli, il se trouvait toujours dans les parages. Il aimait danser sur nos sons», se remémore-t-il appelant «tout le monde, surtout mes frères de son, à aider et soutenir notre petit frère pour qu’un jour il puisse avoir la chance d’entendre comme nous».
Les contributions se font par virement bancaire sur le site leetchi.com sous l’appellation «un concert d’entraide pour Adolf» ou en espèces via le 332 26 16, numéro de la famille d’accueil.