Tôt dans la matinée du samedi 26 octobre, visiteurs et exposants ont donné le top départ du vernissage général de la première édition du «Pica Festival» de la photographie comorienne. Il fallait juste arpenter les rues et les maisons de la médina de Moroni pour découvrir les images réalisées avec soins par les neufs photographes que sont Farouk Djamily, Abdou Jacques, David Lemor, Ali Nourdine Majani, Ali Ahmed Mahamoud, Shainess Daoud, Neymat Abdou-Jaffar, Halil Laithi Bacar, Fakridine Ben Abdallah Gigi.
Désormais, et pour quelques temps, la médina de la capitale ressemble en grande galerie d’art par l’association Seaview Artwork pour ce vernissage qui sera visible jusqu’au 30 octobre. Les clichés exposés retracent la vie du Comorien depuis des années et rappellent combien la photographie peut «garder au chaud» la mémoire du pays là où les historiens et autres auteurs semblent muets.
«Beaucoup à apprendre»
Des œuvres de l’un des tout premiers photographes comoriens, Mbaraka Sidi, ont été exposées, histoire de rendre hommage à cet homme dont les organisateurs rappelle que sa mémoire a été oubliée malgré le patrimoine photographique qu’il a laissé à ses compatriotes. «Je me suis intéressé au travail de Mbaraka Sidi, moi qui ne suis pas photographe, mais enseignante car j’ai compris la nécessité de donner vie à la mémoire de cet homme et à son patrimoine qui est encore méconnu.
Les gens se demandent encore ce que va servir un Festival de photographie aux Comores alors qu’il va beaucoup apporter au pays. La photo raconte tout ce qui y vient du pays, la photo sensibilise et bien plus encore. Sans ces Festival, le pays se meurt et la Culture avec», a martelé l’enseignante à l’Université de la Réunion, Yakina Mohamed Djelane, qui a d’ores et déjà donné une conférence au Casm à Moroni, le vendredi 25 octobre sur l’œuvre de Mbaraka Sidi.
A elle seule, la médina de Moroni, ses ruelles et anciennes maisons ont représenté une autre exposition qui mérite de retenir l’attention de tous à un moment où la beauté de cette médina, qui devait constituer une source de revenue, est aujourd’hui livrée à elle-même. Certaines maisons et anciens palais ne sont que tas de ruine qui continuent toutefois, de dégager une énergie plus captivante.
Les visiteurs sont toujours enchantés par l’architecture unique de la ville. Les ruelles étroites de la médina sont bordées de bâtiments en pierres fixés par du chaux et des portails à la sculpture royale qui rappelle encore le temps des sultans. C’est grâce à ces caractéristiques uniques, que cette médina figure parmi les six retenus et que les Comores tentent, encore, de faire inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.
Un pan de l’histoire de la médina de Moroni a été mis en lumière par le photographe professionnel, Farouk Djamily, à travers son exposition «Médina stories» qu’il avait, d’ailleurs, organisé en décembre dernier à l’Afm. «Mon exposition a pour but de laisser des traces de ces médinas qui sont malheureusement en ruine. On espère en sauver quelques-unes et si on ne le peut pas, nous aurons, au moins, des traces visuelles. On a beaucoup à apprendre des médinas, d’un point de vu architectural, historique, social et économique», a-t-il souligné.
«Une réussite»
Plusieurs personnalistes publiques ont pris part à ce vernissage notamment le gouverneur de l’île de Ngazidja Ibrahim Mze, son excellence l’ambassadeur de Tanzanie, le maire de la Commune de Moroni, Abdoulfatah Saïd Mohamed, ou encore l’attaché de coopération de l’ambassade de France aux Comores, Alexandra le Rohelec. «Pour une première au pays, ce Festival sur la photographie semble être une réussite.
C’est un honneur pour moi d’avoir été sélectionné pour exposer dans cette première édition. Je n’ai pas été sélectionné parce que je suis le meilleur, c’est juste un coup de chance et surtout du fait que les organisateurs cherchent à encourager les jeunes», s’est réjoui le finaliste du concours inter-île initié par l’Afm pour mettre en valeur le patrimoine des Comores.