Pour la dernière journée du Sixième congrès culturel panafricain, les invités des cinquante-cinq pays et les experts qui ont pris part au rendez-vous continental, ont effectué une visitée guidée dans les médinas de Ntsudjini, Itsandraya et Moroni, vendredi 27 septembre dernier. Une occasion pour le pays hôte de «vendre» ce patrimoine dit des Sultanats historiques qu’il tente d’inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. A 8h, les cars de la gendarmerie nationale étaient présents aux différents hôtels pour récupérer des invités, les guides touristes et les membres du Comité d’organisation du congrès repartis entre Cndrs, le ministère des Affaires étrangères et de la direction de la Culture.
Les 7 «goba»
Le guide touristique de la maison de l’écotourisme, Azali Saïd Ahmed, leur a fait découvrir la ville de Ntsudjini Ngomé, créée au XIVème siècle, une des anciennes cités qui attirent la curiosité des historiens et archéologues. Beaucoup de choses les attendaient sur la ville dite aux «Sept portails» que sont Goba lo Mbaleni, Goba la Djufudjuu, Goba la Mdjendje wanyoshi, Goba la Madzawendzi, Goba la Yizimbuzi, Goba la Salama, Goba la Trandzikowa, le plus célèbre étant le Goba la salama (portail de la paix).Il se raconte ici et là que sur ce monument, qui servait d’entrée à la ville, étaient écrites des prières destinées à protéger les habitants des «éventuelles mauvaises intentions des étrangers».
Un gros potentiel, en dépit de…
Dans une ambiance bon enfant, les visiteurs sont remontés dans les cars, direction la ville d’Itsandra Mdjini où les patrimoines des Sultanats historiques des Comores s’étendent à perte de vue. Ils ne pouvaient pas mieux commencer leur excursion que par la visite de la mosquée de d’Alhabibe Omar ben Ahmed ben Soumet, un ancien éminent érudit musulman.La visite devait se poursuivre dans les différents bangwe (place publique traditionnelle) où étaient prises les grandes décisions et qui abritaient les plus grandes cérémonies de la cité.Ici, la visite a pris fin au palais Gerezani, un monument généralement très visité, construit à l’époque de la résistance contre les razzias malgaches. Aujourd’hui, ce vestige est menacé par les ruines tout comme beaucoup de monuments historiques du pays.
«Les Comores disposent d’un potentiel incroyable malgré le fait qu’il soit sous-estimé, le manque d’entretien et de réhabilitation. J’ai dit sous-estimé car il y’a là un potentiel économique qui pourrait apporter beaucoup en matière de tourisme. Il faut faire en sorte de valoriser ce patrimoine historique que le pays a, d’ailleurs, en commun avec Madagascar, Mozambique et l’île Maurice, entre autres. La visite guidée nous a permis de voir ces liens historiques entre ces pays», a soutenu Diana Ramarohetra selon qui il s’agit d’une «identité qui rappelle la fraternité entre les pays de l’Océan indien».
Un des couacs de cette série de visite a eu à Moroni. Bien que les invités ont été chaleureusement accueillis par le maire de la ville, Abdoulfatah Saïd Mohamed. Ici, la visite a été conduite par un guide qui s’exprimait en français à des visiteurs en majorité anglophones. Des visiteurs ont été «quelque peu perdus», même si Ali Ahmed Mahamoud a dû assurer un travail d’interprète. Ici on s’était contenté de visiter la Zawia et certains visiteurs n’y sont pas entrés étant donné qu’il s’agissait d’un lieu de culte.Des visiteurs estiment que ce patrimoine des médinas historiques des Comores pourrait constituer des leviers du développement culturel, historique, économique et que, s’il était mis en valeur, pourrait être un des meilleurs circuits de la région.
Une Afrique «riche en patrimoine»
«C’est une visite importante. Elle nous a ouvert à toutes les facettes du patrimoine des Comores et son histoire qui est suffisamment riche et diversifiée. Cela indique combien l’Afrique est riche en matière de patrimoine. Pour quelqu’un comme moi qui viens du Mali, voir toute cette richesse, c’est impressionnant! J’exhorte les responsables du patrimoine à protéger ce trésor qui est bien propre aux Comoriens», a précisé le secrétaire général de la fondation Festival sur le Niger, Attaher MaigaL’excursion devait prendre fin au Musée national des Comores sis au Centre national de documentation et de recherche scientifique où plusieurs guides attendaient les visiteurs.Créé en 1988 et inauguré en 1990 par le président feu Saïd Mohamed Djohar, le musée national retrace et abrite le patrimoine culturel, historique et artistique des Iles de la lune. Il est composé de quatre salles d’exposition de plus de 300 m2. Une des salles est dédiée à l’histoire des Comores, l’archéologie, l’art et la religion.
Vivement, une restauration!
Dans la salle consacrée à la volcanologie et aux sciences de la Terre, est exposée une collection de différentes roches volcaniques, des photos aériennes du massif du Kartala et de celui de La Grille.«J’ai adoré cette visite au musée national. Surtout la partie où est exposé le patrimoine immatériel. Par exemple, la case traditionnelle construire avec des éléments typiquement comoriens. D’une manière générale, le musée à une portée beaucoup plus scientifique», a souligné Diana Ramarohetra.
Pour le président de l’Alliance régionale des pays africains-Icom (Icom Africa), Jean-Paul Koudougou, associer cette visite des médinas à ce sixième congrès panafricain était une «chose très importante». «Cela nous a permis à tous de découvrir un pan de l’histoire de cet archipel aux richesses vraiment inestimables. Toutefois, je crois que certains sites ont un besoin urgent de restauration afin de pouvoir conserver durablement ces monuments. Cela va permettre aux générations à venir de comprendre qu’il y a beaucoup de choses qui ont été réalisées par les anciens», a-t-il conclu.