Le vol d’œuvre historique et littéraire est rare aux Comores. C’est loin d’être le cas au niveau mondial où le trafic d’art représente le troisième grand trafic mondial, derrière le trafic de stupéfiants et le trafic d’armes.Après le plagiat de son tableau triptyque Mbaba umaya, le plasticien Ben Ahmed vient d’annoncer le vol de sa toile Muslim. Une création sur la «revendication des droits et des libertés pour la religion musulmane». Ce tableau estimé à trois cent mille francs comoriens fait un tour d’horizon de tous les «problèmes qui impactent la vie des musulmans», du débat sur la burkini à la question palestino-israélienne.
«Ce tableau représente beaucoup pour moi et surtout pour tous les musulmans. J’ai mené beaucoup de recherches pour tenter de le retrouver, en vain. Le musulman n’est aujourd’hui libre nulle part, il est difficile pour lui de pratiquer sa religion. De la Joconde en 1911 aux tableaux de maître dérobés au Mamvp en 2010, les œuvres d’art suscitent beaucoup la convoitise des voleurs, mais je ne pensais pas que ce phénomène allait s’inviter chez nous», s’est plaint, l’artiste Ben Ahmed.
Selon les experts dans la recherche d’objets d’art volés, il est rare de retrouver une œuvre une fois subtilisée. Seuls 10 % sont, par exemple, retrouvé en France et en Italie où ce phénomène est très récurent. Aux Comores, le droit d’auteur n’est pas respecté et il n’existe aucune structure de recherche d’oeuvres volés. «Je voulais porter l’affaire devant les autorités compétentes, mais je ne sais vers qui me tourner. Je me pose encore pleines de questions. Est-ce qu’il a été volé pour le message qu’il laisse entrevoir ou pour le marché noir des œuvres d’art?», s’interroge le plasticien.
Selon la spécialiste d’art canadien, Sophie Ouellet, il est important de chercher à retrouver les œuvres perdues : «C’est plus important que n’importe quelle valeur. On retrouve nos racines en retrouvant nos tableaux. C’est la valeur du patrimoine et de la culture qui revient au pays», a-t-elle soutenu.Aux Comores, les autorités n’accordent pas autant d’importance que ça à la recherche d’œuvres disparues. Il se dit, par-ci par-là, qu’une œuvre peut disparaitre du Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) et apparaitre, quelques temps après, dans un autre musée ou galerie en Occident, sans que cela n’émeuve qui que ce soit.