Indéniablement, parmi les valeurs culturelles de la Fédération de Russie figure en bonne place l’islam. Près de sept de ses républiques sont majoritairement musulmanes, notamment la République du Tartastan, la plus grande et la plus ancienne, située dans le bassin de la Volga-Oural. Kazan, la capitale, abrite des monuments symboliques et historiques, dont la Mosquée Qol Sharif, édifiée dans l’enceinte du Kremlin de Kazan. Au moment de sa construction, au 16ème siècle, elle était réputée pour être la plus grande mosquée d’Europe après celle d’Istanbul, en Turquie.
Il est rapporté que Qol Sharif, homme d’Etat et imam, meurt avec ses nombreux disciples en défendant Kazan des agressions impériales de l’époque. Une visite du monument, réhabilité et inauguré en 2005, vaut la peine. Elle sert principalement de musée de l’islam et de lieu de prière. L’imam des lieux et ses assistants vous reçoivent et vous offrent une visite guidée. A l’intérieur, un vieil homme au corps émacié et adossé à une chaise devant un microphone, psalmodie à longueur de journée le Saint-Coran.
Kremlin blanc et Kremlin rouge
A en croire l’imam de la mosquée, toutes les deux heures de temps, les lecteurs se relayent pour assurer une animation continue. Des nombreux anciens écrits, notamment le Coran, sont traduits en tatar et en russe et exposés et bien conservés. Le rite islamique dominant au Tartastan est le sunnisme hanafite où les musulmans respectent exclusivement les enseignements du Coran et de la Sunna. Autre lieu emblématique de la culture islamique à Kazan est l’école de Shihabetdin Mârcani, un éminent savant et penseur tatar du 19ème siècle. On y trouve également une mosquée. Il est à souligner, par ailleurs, que l’enseignement de l’islam à l’Université de Kazan a une longue histoire remontant au moins au 19ème siècle, soutient-on.
Outre la richesse de la culture islamique, l’histoire du Tartastan tourne également autour du Kremlin de Kazan. Notre guide du jour, Madame Keth, a tenu à relever la différence entre le Kremlin de Kazan de celui de Moscou. Elle précise que le premier est de couleur blanche alors que le second est rouge. Le Kremlin de Kazan fut construit sous les ordres d’Ivan IV. Il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. A en croire, la guide touristique, la blancheur du Kremlin de Kazan est dû à l’utilisation de calcaire blanc lors de sa construction et sa reconstruction. Par contre le Kremlin de Moscou est rouge car ses murs sont en brique rouge depuis sa reconstruction au 14ème siècle, sous Ivan III.
Dans le vaste domaine du Kremlin de Kazan cohabitent deux lieux de cultes remarquables, la Mosquée Qol Sharif et la Cathédrale de l’Annonciation datant du 16ème. Aujourd’hui, elle est non seulement un lieu de culte, mais aussi un musée du temple. Le Kremlin de Kazan est situé sur une colline, une position stratégique qui en fait un point de fortification important, historiquement entouré d’eau et de marécage. A son entrée se dresse un statut géant d’un homme enchainé mais débout. C’est celui de Moussa Djalil, un héros national, honoré par ce monument imposant à proximité du Kremlin qui commémore son courage de poète tatar et de résistant contre les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a reçu à titre posthume les titres d’Héros de l’Union soviétique et le Prix Lénine pour son œuvre poétique écrite en prison.
Deux comoriens à l’UFK
Autant de symboles historiques et anciens s’y trouvent dans la ville de Kazan, notamment l’Université fédérale, fondée en 1804 et donc l’une des plus anciennes de Russie. Elle demeure un centre d’excellence académique et propose des programmes de premier et de deuxième cycle enseignés en anglais, un pôle d’attraction pour les étudiants internationaux, accueillant plus de 10.000 étudiants de 101 pays différents, dont deux comoriens, selon les statiques présentées. De grandes sommités et personnalités russes y ont fait leurs études, le cas de Vladimir Lénine, Léon Tolstoï, Nikolaï Zinin ou encore l’astronome Ivan Simonov, le physicien Yevgeny Zavoïsky et le chimiste Alexandre Boutlerov.
Ce qui est impressionnant est la conservation de toute l’histoire des lieux, notamment les salles et les bancs occupés par ces grandes figures de la nation russe ainsi que la documentation bien entretenue. Dans son riche répertoire, la musique et les danses sont fortement ancrées dans le folklore et la tradition. La musique tatare est caractérisée par des mélodies exceptionnelles et des rythmes variés. Des chants traditionnels sont interprétés mais aussi des artistes contemporains fusionnent les styles modernes avec la langue tatare.