La danseuse et chorégraphe, Naïla’s, a présenté son tout premier spectacle solo, samedi 26 avril dernier sur le plancher de l’Alliance française de Moroni, après une résidence dans cette institution. «La chance ne vient pas toute seule, il faut la bousculer». Telle est la leçon qu’a voulu donner la danseuse professionnelle de la compagnie Tche-za dans cette création intitulée «A la chasse de la chance». Pour se faire, l’ancienne danseuse du groupe Afro-Comoco a entremêlé différents genres de danse, des émotions, de la musique comorienne et étrangère pour rappeler à son public que face aux barrières, il ne faut jamais rien lâcher. Elle s’y raconte et affiche les difficultés qu’elle a eu a affronter dès sa naissance. Ame sensible s’abstenir?
«Le premier tableau de mon spectacle raconte l’enfance difficile que j’ai eu. J’ai grandi sans mon père qui a divorcé de mère et, par-là, de ses enfants en même temps. Ce qui m’a fait me sentir seule durant toute mon enfance, sans plus personne pour me protéger. J’ai subi une grande discrimination particulièrement à l’école coranique. Pour m’y rendre j’ai dû faire le trajet Moroni-Mapvinguni, toute seule et tous les jours. Un long chemin, un voyage que j’aurais aimé faire avec l’amour d’une figure paternelle», devait-elle se confier Naïla’s peu après le spectacle.
Malgré ces péripéties, elle n’a jamais rien lâché. Même lorsque, comme beaucoup de jeunes femmes comoriennes pratiquant les arts, elle a dû, également, faire face aux préjugés d’une société patriarcale qui considère, un peu trop souvent, qu’il y a des métiers pour les hommes et d’autres pour les femmes.
Comme dans un roman autobiographique, la chorégraphe met en scène sa vie dans l’espoir qu’elle serve de leçon de vie aux autres. Après son spectacle, le public a salué son courage et surtout la force qu’elle a dégagée sur scène avec son solo d’une trentaine de minutes.
Bien que le spectacle semble déjà abouti, il reste, toutefois, des améliorations pour le rendre encore plus riche. Il est arrivé qu’on perde le fil d’un tableau à l’autre avec des redondances par-ci par-là. «Consciente» de cela, la jeune artiste va se rendre sur l’île de Ndzuani pour une résidence visant à peaufiner cette chasse de la chance.
«J’ai été ébloui par le public. Franchement, je ne m’attendais pas à une telle réaction de sa part. Je n’ai eu que des retours positifs qui me donnent le courage d’aller plus de l’avant et de continuer à progresser», a conclu la finaliste de l’édition 2025 à l’Arab’s got talent avec la compagnie Tche-za.