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«Aghir’Zamani» (la fin des temps) / Une pièce, en trois actes, contre l’abus des enfants

«Aghir’Zamani» (la fin des temps) / Une pièce, en trois actes, contre l’abus des enfants

Culture | -   Dayar Salim Darkaoui

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Touché de près par le fléau des violences faites aux enfants, l’auteur, Mohamed Assane, a tenu à témoigner à travers cette pièce de théâtre publiée en 2017, en espérant que ce «ne soit pas une goutte de salive qui se perd en plein océan».

 

C’est une «histoire vraie», un vécu, que nous fait vivre Mohamed Assane dans Aghir’Zamani, «la fin des temps». Une petite mais dense pièce de théâtre dans lequel cet ex-enseignant de français, actuellement conseiller diplomatique à l’Assemblée nationale, nous livre, en trois actes, l’horreur de Bastu, «une jeune fille de la noirceur des ténèbres», abusée par son enseignant à l’école coranique. Fundi Mataba, se prénomme ce bourreau, «un maître qui n’a d’autre préoccupation que la transformation et la formation des jeunes filles en de véritables zélatrices, des futurs femmes capables de s’occuper de leurs foyers», veut faire croire Fatma pour décider son amie à suivre son enseignement.
Mais qui peut la croire? Certainement pas le père de Bastu, Abdillah, qui n’est pas étranger à la réputation de «carnivore» dudit fundi. «Je suis navrée de te tourner le dos…», se permet Bastu au moment de braver l’interdiction de son père. Elle qui veut, avec la bénédiction de sa mère, Hagno, «intégrer l’école coranique pour apprendre à bien [se] comporter envers [son] conjoint, à bien élever [ses] enfants selon les rites et coutumes musulmans…».
Une belle illustration du conflit des générations qui secoue la plupart des foyers comoriens, souligne Mohamed Assane. La jeune fille finira par succomber, malgré elle, aux sollicitations répétées du vieux fundi. «A 18 heures 30 précises, l’oiseau se présente devant le piège, est mis en cage puis déplumé après quelques minutes» (acte II, scène III, p.69).
«Ô Aghir’Zamani, ô vous enseignants, vous n’honorez pas l’orphelin, vous n’honorez pas les pauvres! Vous ne vous encouragez pas mutuellement à nourrir les pauvres. Vous dévorez avec avidité les héritages. Vous aimez les richesses d’un amour sans bornes. Vous adorez l’adultère, un des péchés capitaux» (acte II, scène III, p. 40), déplore Fakidine, contremaître de fundi Mataba, ce qu’il considère n’être moins qu’un signe de la fin des temps.
Que pouvait faire Bastu? Ne lui a-t-on pas appris à vouer entier respect à son maître ? «Ce qui m’est arrivé aujourd’hui n’est que le fruit de votre tradition ancestrale fondée sur l’obéissance sans condition à tout enseignant, qu’il soit de l’école coranique ou de l’école nouvelle, sans pour autant chercher à savoir si celui-ci la méritait vraiment» (acte III, scène III, p. 55), lance la jeune fille enceinte, au visage de son père. Pour dire, explique l’auteur, qu’il nous faut revoir nos fondamentaux en matière d’enseignement. «Je suis persuadée que la force de tout enseignement doit se baser sur le détour des esprits, des mentalités et le respect mutuel entre l’enseignant et son élève» (acte III, scène III, p. 62), croit savoir Bastu.

“Bêtes féroces”

L’affaire sera, comme c’est souvent le cas aux Comores, résolu par un arrangement. «Pour sauver l’honneur de notre fundi que voici», argue Adihame, le chef du village. La justice doit se montrer intransigeante, se positionne Mohamed Assane contre l’impunité. «Des lois doivent être votées et mises en vigueur pour contrecarrer ou mettre en cellule d’isolement toutes ces bêtes féroces, ces vampires léchés par l’odeur du sang et du sexe» (acte III, scène III, p. 63), soliloque Bastu son malheur dans le dernier acte.
Souillée et reniée par son père, elle prend la direction de l’île voisine de Mayotte.
Né le 31 décembre 1969 à M’ramani à Ndzuani, Mohamed Assane, dit Blaise, est titulaire d’une licence Es Lettres, délivrée par l’Université d’Antsiranana (Diego-Suarez) à Madagascar. Il a enseigné le français dans divers établissements, entre 2000 et 2015, avant d’occuper les fonctions de conseiller diplomatique au parlempent de l’Union. Il prépare déjà son second ouvrage, Les sanglots d’une âme, un recueil de poésie prévu pour sortir au deuxième trimestre de 2019. Touché de près par le fléau des violences faites aux enfants, il a tenu à témoigner, à travers Aghir’Zamani, publié en 2017 aux éditions Edilivre, en espérant qu’il «ne soit pas une goutte de salive qui se perd en plein océan».


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