La première édition du «Festival du livre jeunesse», organisée par le Centre d’Animation Socioculturelle de Moroni Mtsangani (CASM), a transformé la capitale en un immense atelier de lecture, de partage et d’imagination. Moroni a vécu, en l’espace de trois jours, du 5 au 7 décembre, des moments où les mots ont marché dans les rues, où les enfants ont ranimé l’enfance des adultes, où les livres ont retrouvé une place au cœur des quartiers.
Après un lancement vibrant devant le Casm, Moroni s’est peu à peu emplie de voix et de pages. Sur la place Badjanani, les jeunes lecteurs ont donné aux mots une résonance nouvelle, presque musicale. A l’Alliance française, une table ronde a ouvert un dialogue sur l’avenir de la lecture aux Comores : comment transmettre, comment préserver, comment rêver ensemble grâce aux livres.Pour clore le rendez-vous, la nuit du dimanche 7 décembre s’est faite scène. Sous un ciel constellé, le conteur Ahmed Soudjay a déroulé son fil d’histoires, transformant la ville en un livre ouvert où chacun tournait les pages à son rythme.
A l’heure du bilan, le président du Casm, Abdoulanziz Koudra, laisse transparaître son émotion. «Je suis plus que satisfait. Tous nos objectifs ont été atteints. Nous avons touché plus de monde que prévu, créé des liens sociaux, occupé utilement le temps libre des parents et des enfants. Nous avons finalement distribué mille deux cent bouquins. Avec peu, nous pouvons créer des sourires et de bels souvenirs», a-t-il confié.
Loin de se refermer, la dynamique enclenchée s’installe déjà dans la durée. Chaque mercredi, au Casm à Mtsangani, des ateliers de lecture devraient, désormais, rassembler petits et grands. Le livre, ici, ne sera plus un objet dormant, il sera un compagnon, un refuge, un tremplin. A Moroni, l’avenir pourrait, désormais, se lire avec des yeux d’enfant et, donc, d’avenir.
Pendant ces trois jours, le festival a transformé la médina de Moroni. Les jeunes du Casm ont fabriqué des hamacs aux côtés d’un artisan, offrant au décor une âme locale. Une pirogue, recherchée puis mise en valeur, s’est dressée en symbole culturel, presque poétique. Plus de trente bénévoles se sont relayés pour porter la manifestation. Artisans, associations et habitants réunis sur une même chaîne humaine autour du livre.A cette occasion, de nombreuse personnes, parmi lesquelles l’ambassadeur de France en Union des Comores, ont rejoint les enfants et lu avec eux. «Il s’est mis à leur niveau. Il a, en outre, eu des mots d’encouragement pour nos cinq mois de mobilisation», devait réagir le formateur des animateurs de Clacs, AbdoulAziz Koudra, avant de reconnaitre volontiers que tout n’a pas été simple. «Le réseau des Clacs, bien que mobilisé, n’a pas été pleinement au rendez-vous. Ce n’est pas de la colère, juste un constat. Mais ceux qui ont joué le jeu se sont vraiment appropriés le projet. La satisfaction la plus inattendue est venue des parents. Beaucoup ont exprimé leur joie d’avoir passé un après-midi entier avec leurs enfants, sans smartphone entre les mains. Un «luxe» devenu rare».
Le livre comme horizon
Soutenue par le Service de coopération d’action culturelle de l’Ambassade de France à Moroni, l’histoire du Festival ne s’arrête pas là. Loin de se refermer, la dynamique enclenchée s’installe déjà dans la durée. Chaque mercredi, au Casm à Mtsangani, des ateliers de lecture devraient, désormais, rassembler petits et grands. Le livre, ici, ne sera plus un objet dormant, il sera un compagnon, un refuge, un tremplin. A Moroni, l’avenir pourrait, désormais, se lire avec des yeux d’enfant et, donc, d’avenir. Et chaque page tournée rapproche un peu plus la ville du monde qu’elle souhaite devenir.«Notre ambition est de faire du festival un rendez-vous annuel porté par les jeunes et pour les jeunes. La violence qui secoue certains quartiers de Moroni peut être réduite si l’on multiplie ces rencontres entre les enfants de la ville», s’est laissé convaincre, AbdoulAziz Koudra. Pourvu que…
