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«Hari-hari» de Fahid le Bled’Art et Yax Leader I Un Ep afro-comorien à fleur de peau

«Hari-hari» de Fahid le Bled’Art et Yax Leader I Un Ep afro-comorien à fleur de peau

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Cinq titres comme cinq battements de cœur. Les sentiments sont rendus sans fard, entre doutes, blessures et quête de renaissances

 

Il y a des projets qui s’écoutent, et d’autres qui se ressentent. Hari-hari appartient à la seconde catégorie. Porté par Fahid le Bled’Art et Yax Leader, cet Ep «afro-comorien moderne», nous dit-on, s’inscrit dans une dynamique musicale contemporaine, tout en restant profondément enraciné dans une sensibilité insulaire, poétique et humaine. Ici, la douceur musicale devient un terrain d’émotions, un espace où l’amour, les sentiments se racontent dans toute leurs complexités.
Cet Ep se déploie comme un battement intérieur, à la fois cri retenu et confidence murmurée. Il raconte un amour instable, parfois même fragile et, dans tous les cas, constamment mis à l’épreuve par les secousses de ce monde. Les deux artistes refusent toute idéalisation. Ils préfèrent donner corps aux nuances, aux zones d’ombre, aux silences chargés de sens comme aux éclats de lumière qui jalonnent toute histoire affective. A distance des récits faciles, Hari hari propose une lecture lucide et sensible de l’amour. Un sentiment vrai, imparfait. Donc profondément humain?

Un océan de musicalité qui parle d’amour

Le projet s’ouvre avec le titre Djoro, une déclaration intime et désarmante. Celle d’un homme conscient de ses failles, reconnaissant envers cette femme qui, malgré tout, maintient son monde en équilibre. Les voix de Fahid et Yax s’entrelacent pour célébrer cette présence salvatrice, cette ancre discrète qui comprend quand on se perd. «Djoro» est une offrande, une gratitude murmurée par un cœur cabossé, où l’être aimé devient à la fois refuge et lumière.Hari hari, ce n’est pas un Ep aux lyrics trop recherchés mais un océan de musicalité qui parle d’amour sans naïveté, mais sans amertume non plus. Fahid et Yax y livrent une musique qui touche parce qu’elle ne cherche pas à séduire à tout prix, mais à dire vrai et c’est précisément là que réside sa force. Le morceau, Yanitunde s’enfonce dans la mémoire sensible du cœur, là où le passé refuse de se taire. C’est une histoire d’»ex» dont l’absence n’efface pas les traces mais les rend parfois plus lourdes. L’ancienne histoire n’est plus visible, mais elle circule encore, glissant dans les silences, troublant la confiance, réveillant les doutes.Le morceau se fait confidence fragile, presque chuchotée. Comment aimer pleinement quand hier continue de respirer dans l’ombre?Sur le plan musical, Fahid le Bled’Art et Yax Leader trouvent un équilibre subtil entre modernité et identité. Les rythmes enveloppants servent une écriture dense, presque cinématographique, où les voix dialoguent avec sobriété et intensité. L’alchimie entre les deux artistes donne au projet une unité naturelle, comme si chaque morceau prolongeait le précédent dans une même quête émotionnelle.

Rythmes enveloppants, unité naturelle

Avec le titre Hadisi, le récit se tend et gagne en intensité. Une présence féminine s’immisce, trouble l’équilibre, glisse ses ambiguïtés au cœur d’une relation fondée sur la confiance. Le morceau prend alors la forme d’un échange direct, sans fard, où l’amitié est mise à l’épreuve par les non-dits, les gestes équivoques et les regards qui s’attardent trop longtemps. Fahid et Yax prêtent leurs voix à deux consciences vigilantes, déterminées à ne pas laisser la confusion fissurer ce lien précieux. Hadisi explore, ainsi, cette ligne fragile où la loyauté vacille sans rompre, et où la clarté devient un acte de résistance face aux tentations de l’ombre.

 

Avec cet Ep, Fahid le Bled’Art et Yax Leader livrent un projet cohérent, sensible et profondément incarné, où l’afro-comorien dialogue avec les réalités émotionnelles contemporaines, et où chaque titre agit comme un miroir tendu à l’auditeur. Plus qu’un simple Ep, Hari hari est une traversée du cœur à la fois fragile, vibrante, nécessaire


Enfin, Yi-Mbundja vient clore l’Ep avec la sobriété d’un dernier chapitre pleinement assumé. L’infidélité n’y est ni criée ni jugée, elle apparaît comme un révélateur, signal discret mais décisif de la fin d’un cycle. La distance qui s’installe n’est plus une fuite, mais un espace retrouvé, presque salvateur. Fahid le Bled’Art et Yax Leader y chantent l’acceptation avec une pudeur touchante, cette douceur mélancolique qui accompagne certains adieux. Ici, tourner la page n’a rien d’une défaite : c’est un souffle nouveau, une manière de réapprendre à respirer.Avec cet Ep, Fahid le Bled’Art et Yax Leader livrent un projet cohérent, sensible et profondément incarné, où l’afro-comorien dialogue avec les réalités émotionnelles contemporaines, et où chaque titre agit comme un miroir tendu à l’auditeur. Plus qu’un simple Ep, Hari hari est une traversée du cœur à la fois fragile, vibrante, nécessaire.

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